As-tu regardé Unité 9 hier sur Ici Télé? As-tu écouté la nouvelle émission littéraire de René Homier-Roy sur Ici Première?

J'ai l'impression qu'il faudra beaucoup de temps - et de matraquage publicitaire - pour s'acclimater à la mutation de Radio-Canada vers sa nouvelle identité Ici, qui se déclinera sur toutes les plateformes de la SRC au fil des prochains mois.

À partir du 19 août, la Première Chaîne (95,1 FM) deviendra Ici Première, la télévision de Radio-Canada se changera en Ici Télé le 9 septembre et le site web de la SRC adoptera la nouvelle appellation Ici.ca en octobre. Jusqu'à l'hiver 2014, nous verrons également apparaître les Ici ARTV, Ici Explora, Ici RDI, Ici Info, Ici Musique et Ici Tou.TV sur nos écrans.

Ici, vous l'aurez deviné, provient de la célèbre formule «Ici, Radio-Canada», que les auditeurs entendent depuis plus de 75 ans. Assistons-nous, dans ce changement d'image de marque, à la disparition du mot «Radio-Canada», qui fait trop vieillot? Non, non, non, ont sursauté les patrons de la SRC en conférence de presse, hier. Radio-Canada reste, le bon vieux logo rouge aussi, ont-ils insisté vigoureusement.

Officiellement, Radio-Canada devient donc l'entité suprême, une sorte de parapluie géant qui recouvre tous les petits Ici, autant radio, télé que web. Bref, Radio-Canada flotte encore au-dessus de la grosse machine, même si son nom a été partiellement rayé du nouvel habillage.

C'est plus clair? Pas vraiment. Cette transition, loin d'être banale, nécessitera une kyrielle d'ajustements. Comment les reporters de la grande tour signeront-ils dorénavant leurs topos? À l'ancienne, du genre: Maxence Bilodeau, Radio-Canada, Montréal? Ou bien, de cette nouvelle façon: Maxence Bilodeau, Ici Info, Montréal? Cette question est demeurée sans réponse hier.

Et pourquoi Radio-Canada procède-t-elle à ce chambardement maintenant? Normalement, quand une entreprise se débaptise de cette façon, c'est pour marquer une cassure, un virage ou l'arrivée d'un nouveau propriétaire. Exactement comme TQS qui s'est métamorphosée en V il y a cinq ans. Nouveau nom, nouvelle programmation.

Le problème, c'est que Radio-Canada ne change pas de vocation. Son contenu restera celui auquel les fidèles sont habitués. Du moins, on l'espère.

Ce que je comprends, c'est que la société d'État désire attirer des auditoires plus jeunes avec son nouveau branding. En conservant le logo rouge en forme de molécule, Radio-Canada s'assure aussi de ne pas trop effrayer la clientèle plus traditionnelle, très attachée à l'héritage et aux traditions de la maison.

Sauf qu'en s'écartelant ainsi, la SRC risque de ne plus plaire à personne. Les plus vieux se sentiront abandonnés. Les plus jeunes ne trouveront pas plus cool et hip une télévision qui diffuse Pour le plaisir sur l'heure du lunch. Et ce n'est pas en incluant des images de planche à roulettes ou de kite-surf dans ses autopromotions que Radio-Canada paraîtra plus dans le coup. C'est juste triste. Comme un grand-père qui se décolore les cheveux et qui se fait tatouer un barbelé pour faire jeune.

En frais de consultation externe, la SRC a déboursé 400 000 $ pour en arriver à la signature Ici. Le coût total de toute l'opération n'a cependant pas été précisé. Environ 95 % du boulot a été accompli à l'interne, se sont tout de même félicités les patrons de la tour.

Pour justifier cette opération plus cosmétique que philosophique, les dirigeants de Radio-Canada ont parlé hier de la «trajectoire des services français», de laboratoires de création et «d'ambitieux chantiers de transformation». Des mots savants, qui ne veulent pas dire grand-chose, au final.

À peine lancée, l'identité Ici a été la cible de nombreuses railleries sur les réseaux sociaux. Sur papier, l'idée de regrouper tous les services éparpillés de Radio-Canada sous le même dénominateur n'était pas farfelue. Hélas, son exécution a raté la cible.

Les slogans sur les nouvelles affiches se déclineront en «Ici, c'est chez moi», «Ici, tout est permis» et «Ici, tout s'éclaire». Pour l'instant, Ici, c'est un peu n'importe quoi.

Des nouvelles de Shandy

Non, Suzanne Clément n'a pas changé d'idée. Elle n'enfilera pas les vêtements provocants de Shandy Galarneau dans la deuxième saison d'Unité 9, dont le tournage a repris il y a deux semaines. Qui le fera, alors? Bonne question. La directrice de casting Lucie Robitaille a vu plusieurs actrices en audition depuis le 31 mai, mais la perle rare n'a pas encore été pêchée.

Selon nos espions, la plupart des comédiennes essayaient d'imiter Suzanne Clément qui joue Shandy. Ce qui n'est pas une très bonne idée. Fabienne Larouche, qui produit ce téléroman pour Radio-Canada, semblait très zen quand je lui ai parlé, mardi. «Si on la trouve, notre Shandy, on la trouve. Mais si on ne la trouve pas, eh bien, on ne la trouve pas», a-t-elle résumé.

La production dispose d'encore un peu temps avant de trancher sur un éventuel remplacement. Comme Shandy avait été transférée à l'hôpital psychiatrique après sa tentative de suicide, les scènes la concernant arrivent plus tard dans le calendrier de production.