C'est dommage. Le gala Artis est le seul du showbiz québécois qui rassemble tous les réseaux et qui baigne dans un glamour quasi hollywoodien. C'est aussi celui qui transmet le plus fidèlement les choix du public. Bref, cela aurait dû être un gros party bourré de plaisir et de surprises.

Hélas, cette 28e fête de la télévision, gangrenée par la publicité et les plogues disgracieuses, ne passera pas à l'histoire. Ça manquait d'émotion au micro, de moments forts et d'originalité dans la présentation des prix. Même les numéros musicaux n'ont pas tellement levé. Valérie Carpentier a refait sa chanson de La voix, Pierre Lapointe a chanté devant un mur de cadres et Gregory Charles a fait du Gregory Charles en enfilant les pièces comme une machine. Rien de nouveau ici.

À l'animation, Mario Tessier a mis du temps à trouver son rythme de croisière et en a sué un bon coup. La salle, pourtant très intime, semblait peu réceptive à ses blagues.

En ouverture, le film noir de Mario Tessier renfermait plusieurs jolis clins d'oeil à des émissions connues, mais n'égalait pas la superproduction hollywoodienne bricolée par Les Satiriques l'an dernier pour le gala de Charles Lafortune. En fait, l'ensemble du spectacle de dimanche soir a été inférieur à ce que TVA sert habituellement.

Analysons la distribution des prix, maintenant. D'abord, les statuettes ont été réparties à peu près équitablement entre la SRC et TVA. Par contre, changement de garde complet du côté des personnalités de l'année. Guy A. Lepage et Véronique Cloutier ont été détrônés par Claude Legault et Guylaine Tremblay, les nouveaux chouchous des Québécois.

Avec 19-2 à Radio-Canada, Un sur deux à TVA et Mon meilleur ami à Séries +, Claude Legault n'a pas chômé et il a été excellent dans chacun de ses projets. Normal que le public l'adore. Il espère maintenant vieillir comme un Philippe Noiret et non un Gérard Dépardieu. Bien envoyé.

Pour Guylaine Tremblay, aussi choisie dans la catégorie téléromans, l'effet Unité 9 a été fantastique. Sa Marie Lamontagne a été bouleversante pendant toute la saison. Et les fans l'ont adorée. L'actrice était en pleurs devant ses filles.

Habituée aux honneurs, Véro, moulée dans une robe tangerine, n'a rien gagné du tout malgré une année médiatique très chargée. Remarquez, la reine de TVA, Julie Snyder, est aussi repartie les mains vides, tout comme Éric Salvail (dans un costume de lutin) et Patrice L'Écuyer.

Première surprise de cette soirée, dans la catégorie des jeux: Guy Jodoin (Le tricheur) s'est faufilé devant Julie Snyder (Le banquier) et le champion incontesté des Artis, Patrice L'Écuyer. Grosse victoire pour lui. Malheureusement, son discours était beaucoup trop long, peu drôle et décousu. Dommage. Il a gâché son moment.

Autre étonnement, cette fois en affaires publiques: Alain Gravel d'Enquête, un «journaliste straight comme un poteau de téléphone», selon ses propres paroles, a déclassé son collègue Charles Tisseyre de Découverte. C'était son premier Artis. Clairement, les téléspectateurs s'intéressent encore plus à la corruption et tout ce qui éclate à la commission Charbonneau.

Le succès phénoménal de La voix a catapulté Charles Lafortune sur la scène du théâtre Denise-Pelletier, privant ainsi Éric Salvail d'un autre prix pour Fidèles au poste. Charles Lafortune est toujours aussi élégant dans ses remerciements. Bravo.

En comédie, le couple des Parent (Anne Dorval, qui ressemblait à Audrey Hepburn, et Daniel Brière) a de nouveau été couronné. Il n'y a donc pas eu d'effet Bobos pour Marc Labrèche, que l'animateur du tapis rouge, Jean-Philippe Dion, a rebaptisé Les bozos. Peut-être que le buzz se passait encore entre Marie-Anne et Saint-Joseph?

Bien content que Guy Nadon ait été remarqué pour son rôle de Samuel O'Hara dans O'. En cueillant son trophée, M. Nadon a rendu un bel hommage à l'auteure de ce téléroman de TVA, José Fréchette, morte récemment d'un cancer.

COUP D'ÉCLAT RATÉ

Guy Jodoin qui débarque sur le tapis rouge en moto avec deux gardes du corps. Inutile, bruyant et pas rigolo.

GALANTERIE DE LA SOIRÉE

Guy A. Lepage qui encense La voix (son compétiteur direct) et qui fait monter Dany Turcotte sur la scène pour partager sa récompense. De la grande classe.

IDÉE À OUBLIER

La satanée pause de 30 secondes avant l'ouverture de l'enveloppe dans la catégorie comédie. Nous ne sommes pas au Banquier ni à La voix, mais dans un gala sérieux. Et pourquoi Guy Nadon a-t-il accepté de participer à cette commandite de BMR?

MEILLEUR FLASH DU GALA

Le pastiche de l'émission Et si? de V pour présenter la catégorie des magazines culturels et talk-shows. Très drôle. On aurait pris davantage de ce type de trouvailles.

UNE PENSÉE, EN TERMINANT

Pour les professionnels de RDS comme Chantal Machabée, Pierre Houde et Alain Crête, qui accomplissent du très bon boulot, mais qui gagnent rarement des Artis. Ne lâchez pas!