Borgen, The Killing ou The Bridge, les excellentes séries télé danoises séduisent et happent solidement leurs fans depuis quelques saisons déjà. Et les annonceurs raffolent de la clientèle qui fréquente la politicienne Birgitte Nyborg ou la détective Sarah Linden: ces téléspectateurs sont raffinés, éduqués et curieux.

Comment expliquer ce succès inattendu de la télé danoise, un minuscule marché que peu d'entre nous fréquentaient, avouons-le? Réponse toute simple: «Les séries scandinaves remportent du succès parce qu'elles sont... scandinaves. Je dis toujours aux auteurs: conservez l'angle danois ou suédois dans vos histoires», explique la directrice des émissions dramatiques de la chaîne publique DR1, Piv Bernth, qui a présenté à son antenne The Killing, Borgen et The Bridge.

En conférence devant des bonzes du petit écran, Piv Bernth, petite rousse échevelée, a rappelé hier que The Killing, sorti en 2007 au Danemark, a quand même mis trois ans avant de décoller. En fait, c'est quand BBC4 l'a ajouté à sa grille que le phénomène est devenu planétaire. La chaîne américaine AMC en a ensuite fait un remake que Piv Bernth, ex-directrice de théâtre, a plus ou moins apprécié.

«La première saison d'AMC était très scandinave et respectait le scénario original. Après, c'est devenu plus sanglant et plus violent. Les Américains aiment beaucoup le sang», note-t-elle, sourire en coin.

Primeur ici: j'ai vu des extraits de la troisième (et dernière) saison de Borgen et laissez-moi vous dire que la vie de notre belle Birgitte Nyborg sera complètement chamboulée. Ça promet.

Quant à The Bridge, l'intrigue démarre sur un pont reliant Copenhague à Malmö. Le corps d'une politicienne célèbre y est trouvé coupé en deux: la première moitié a été spécifiquement déposée du côté danois et l'autre, chez les Suédois. La chaîne américaine FX (Sons of Anarchy) a enclenché le tournage du remake de cette oeuvre avec Diane Kruger dans le rôle-titre. L'action se déroulera à la frontière d'El Paso, au Texas, et de Ciudad Juárez, au Mexique. Diffusion: à l'été.

«Aujourd'hui, les téléspectateurs adorent regarder des séries qui ne se déroulent pas dans leur propre pays. En fait, une idée de télé géniale, même si elle est hyperlocale, peut devenir un succès international si elle est bien exécutée. Quand c'est trop générique, les téléspectateurs n'aiment pas ça», note Ben Stephenson, responsable des dramatiques de la BBC comme Sherlock et S.O.S sages femmes.

Il ajoute même: «Il faut faire confiance aux téléspectateurs. Les téléspectateurs raffolent des histoires intelligentes et complexes.» Ce à quoi j'ajouterais: amen (et merci).

Twitter, le plus gros sofa du monde

Sachez-le, chers lecteurs: tweeter tout en visionnant votre émission préférée (le twivage) est un phénomène qui continuera de grandir. «Twitter, c'est le plus gros sofa du monde où tout le monde s'assoit pour commenter la télévision en groupe», a dit hier un cadre anglais de la société Twitter, Dan Biddle (aucun lien avec Charles, soit dit en passant), qui se spécialise dans le twivage.

Entre 19 h et 23 h, la période que les grands réseaux appellent le primetime, 40% de tous les tweets portent sur la télé. Les réseaux de télévision qui ignorent l'importance du twivage ratent donc une occasion en or de tisser des liens solides avec leurs fidèles. «Il faut être là quand ça se passe. Il faut tweeter avant l'émission, pendant l'émission et après l'émission. Et il faut le faire avec intelligence, humour, discernement et aussi une touche d'irrévérence», enchaîne Dan Biddle.

C'est vrai, il n'y a rien de plus déprimant que des gazouillis programmés à l'avance ou d'autres qui ne posent que de banales questions sur l'émission en cours.

Dan Biddle recommande fortement aux stations d'afficher régulièrement le mot-clic (hashtag) de leurs émissions à l'écran. Et dans un monde idéal, les stars des émissions tweeteraient toujours elles-mêmes. C'est ce qui pousse la conversation à son maximum. Au Québec, cette pratique est déjà bien implantée: les Julie Snyder, Guy A. Lepage, Marie-France Bazzo et Véronique Cloutier se branchent régulièrement sur Twitter pour échanger avec leurs fans.

Encore ici, les vedettes qui ne font que ploguer leurs trucs, sans y mettre de touche personnelle, ne sont pas intéressantes à suivre. Celles qui ont un bon sens de la répartie et qui ne se prennent pas trop au sérieux augmentent de façon notable leur cote personnelle et celle de leur beau programme.

Twitter compte actuellement 200 millions d'utilisateurs et environ 60% d'entre eux se connectent au réseau social avec une tablette ou un téléphone portable.

Autre fonctionnalité télévisuelle de Twitter: vous rappeler ce que vous êtes en train de rater. Si ce message s'affiche dans votre fil: «Oh mon Dieu, je ne peux pas croire ce qui vient de se produire à La voix», qu'allez-vous faire? Comme tout le monde, vous irez écornifler à l'autre poste. Merci, Twitter.