Une étude de la firme KPMG publiée lundi révélait que 60% des Américains regardent maintenant la télévision avec un deuxième écran à portée de main, qu'il s'agisse d'une tablette électronique, d'un ordinateur portable ou d'un téléphone intelligent.

La proportion de Québécois qui s'adonnent au multitâche devant leur plasma ne serait pas encore aussi élevée, mais ça ne saurait tarder, si l'on se fie aux succès qu'obtiennent des émissions événementielles comme La voix ou 19-2 sur les réseaux sociaux.

Commençons avec 19-2. Lundi soir, le fameux premier épisode, celui de la tuerie, a généré 23% de tous les gazouillis en provenance du Québec, selon des chiffres fournis par la boîte Influence Communication. Au total, 12 356 messages contenant le mot-clic #19deux ont été publiés sur Twitter.

En comparaison, la première diffusion de La voix a déclenché 14 829 gazouillis, qui n'ont cependant représenté que 11% de l'ensemble des messages transmis au Québec cette soirée-là.

Suivre 19-2 en même temps que son fil Twitter a quasiment été une expérience cathartique lundi, entre 21 h et 22 h. C'était comme si une bonne partie des téléspectateurs branchés sur le web avait retenu son souffle pendant le long plan-séquence de 13 minutes, pour ensuite ventiler collectivement sur le réseau social, chacun y allant d'une émotion à vif, d'un commentaire à chaud, comme s'il fallait exorciser ce moment d'une rare intensité. Ainsi, un frisson collectif a traversé des milliers de chaumières.

La télésérie 19-2 a peut-être enflammé une partie de Twitter, mais la signature du contrat de P.K. Subban avec le Canadien a tout de même généré 16% plus de couverture que les gestes héroïques de Chartier et Berrof. Comme quoi les gazouilleurs sportifs pianotent plus vite et plus souvent que ceux plantés devant leur écran plat.

Au Québec, le buzz sur la télévision se fait beaucoup plus sur Facebook que sur Twitter, rappelle la firme montréalaise Seevibes, qui compile ce type de statistiques.

Environ 70% des interactions sociales autour des émissions passent en effet par Facebook.

Et le torrent de plaintes de téléspectateurs horrifiés par la fusillade de 19-2 que redoutaient certains commentateurs culturels? Il n'a pas grondé.

Hier après-midi, Radio-Canada avait reçu 71 commentaires écrits à propos de 19-2, dont 50 favorables. Seulement trois personnes ont téléphoné au service à l'auditoire, dont deux qui ont félicité la SRC pour son beau programme.

Sur Twitter, les gens ne se plaignaient pas des images crues de Podz ou des corps qui tombaient sous les balles, mais bien de la publicité qui hachurait le déroulement du récit. BBM a estimé que 1 554 000 personnes se sont branchées lundi soir sur 19-2, qui a été précédé d'un battage médiatique à ne pas négliger, contre 1 065 000 qui ont préféré Toute la vérité à TVA.

Au sujet de l'autopromotion, Le Téléjournal de Radio-Canada aurait pu s'abstenir d'insérer un segment sur 19-2 dans ses «nouvelles» de 22 h, lundi. Ce n'était pas nécessaire.

Cette tactique convergente est souvent décriée chez le compétiteur Québecor et on ne va certainement pas l'encourager au sein de la société d'État. L'intention de faire de la prévention sur les tueries dans les écoles était tout de même louable. Il reste que ça sentait plus le marketing que le véritable service social.

V, la chaîne des formats

Décidément, les patrons de la chaîne V adorent les formats de télé étrangers.

Après La guerre des clans, Un souper presque parfait, Atomes crochus, Le grand saut, Et si?, Les détestables, Taxi payant, Allume-moi et Les touristes, la chaîne appartenant à Remstar a annoncé hier qu'elle diffuserait en septembre la version québécoise du format français Vendredi, tout est permis, une grande émission de variétés chauffée par l'animateur Arthur sur TF1, l'équivalent français de TVA dans l'Hexagone.

En résumé, des vedettes connues y lâchent leur fou pendant une heure en participant à une série d'épreuves plus ou moins loufoques, comme faire du lipsynch, des danses ou des mimes. Gros succès à l'audimat. Rachid Badouri apparaît régulièrement dans l'équipe de comédiens maison de Vendredi, tout est permis. V n'a pas divulgué hier qui pilotera cette adaptation.

C'est bien correct de mettre le grappin sur quelques formats étrangers pour un grand réseau, mais il faut également encourager la création québécoise si l'on veut que notre télé s'exporte à l'étranger. Chez V, le recours au format semble être devenu la norme. Méditons là-dessus. Dernier truc à propos de V: la comédie à sketches Et si? (538 000) a été battue lundi par 30 vies à Radio-Canada (720 000) et Tranches de vie à TVA (876 000).

Yamaska et le suicide

L'épisode de Yamaska diffusé lundi soir a longuement abordé les problèmes de l'ado Samuel (Marc-Olivier Lafrance), tourmenté par des pensées suicidaires. Les auteurs du téléroman de TVA, Anne Boyer et Michel d'Astous, ont d'ailleurs traité ce sujet avec beaucoup de délicatesse.

Pour continuer la sensibilisation, un site web (tesimportant.com) a été mis en ligne par l'équipe de Yamaska afin de soutenir les jeunes plus vulnérables ainsi que leurs familles. Une belle initiative. Faites circuler, ça pourrait sauver des vies.