Vous avez suivi Providence avec assiduité? Vous resterez en terrain connu avec Mémoires vives, le nouveau téléroman de facture classique de Radio-Canada signé Chantal Cadieux, l'auteure de la fourmillante saga de la famille d'Édith Beauchamp, et Patrick Lowe, collaborateur sur Toute la vérité à TVA.

La SRC a programmé le premier épisode le mardi 8 janvier à 21 h, tout de suite après Unité 9. Secrets de familles bourgeoises, disparitions mystérieuses de fillettes blondes et mariages en série, l'univers de Mémoires vives est vaste, touffu et s'étend de Mont-Saint-Hilaire, sur la Rive-Sud, jusqu'à Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord.

Est-ce que c'est bon? Oui. À la fin du deuxième épisode, les deux scénaristes, qui ont construit une structure de téléroman traditionnel, révèlent un punch très fort qui nous accroche solidement à la série. Bref, on veut savoir pourquoi ces familles - toutes liées entre elles - se cachent autant d'éléments de leur passé. Est-ce que c'est meilleur qu'Unité 9? Non. En même temps, peu d'émissions récentes ont atteint le calibre exceptionnel de celle mettant en vedette les détenues de Lietteville.

Il y a énormément d'enfants, de petits-enfants, de demi-soeurs et d'arrière-petits-enfants dans ce nouveau téléroman. Ça deviendrait lourd et mélangeant de détailler ici qui fait quoi et qui est qui là-dedans. Il nous faudrait quasiment un arbre généalogique luxuriant, comme dans Providence.

De toute façon, les auteurs Chantal Cadieux et Patrick Lowe, qui ne pourront pas être accusés de «zigonnage» ici, présentent leurs personnages en cascade dans le premier épisode. Tout déboule très vite. Et c'est tant mieux. La nouvelle vague de téléromans à la O' a habitué le téléspectateur à plus de rapidité dans le déploiement des histoires.

Au coeur des intrigues de Mémoires vives, on retrouve la radio-oncologue Claire Hamelin, jouée par Marie-Thérèse Fortin, une comédienne parfaite pour ce rôle. Claire est séparée depuis trois ans du chirurgien retraité Jacques Berthier (Gilles Renaud), avec qui elle a eu deux filles maintenant adultes: Flavie la psychiatre (Catherine Renaud) et Mathilde la jeune mère débordée (Charli Arcouette).

Mémoires vives, c'est en fait le nom de l'association venant en aide aux familles de personnes disparues qu'a fondée Jacques (Gilles Renaud) après la disparition, à la fin des années 70, de sa propre fille Laurie, âgée de 8 ans. Vous verrez la petite Laurie dans les premières secondes de Mémoires vives. Furieuse, la jeune Laurie quitte la belle maison familiale, la lèvre tuméfiée, et s'enfonce dans les bois avec un inconnu dont elle promène le chiot. Personne ne l'a revue depuis. Son corps n'a jamais été retrouvé.

La mère de Laurie, Francine Blanchard (Véronique Le Flaguais), la première femme de Jacques, agira comme révélateur dans ce téléroman. Étouffée par le secret, Francine sait des choses sur Laurie qu'elle souhaite maintenant divulguer, contrairement à son ex-mari Jacques, qui voudrait remettre le couvercle sur la marmite. C'est ici que ça se corse. Car Claire (Marie-Thérèse Fortin) découvrira elle aussi un secret qui chamboulera sa vie. Le secret de Claire et celui de Laurie se croiseront-ils quelque part?

Plusieurs personnages secondaires intéressants se greffent à l'histoire, dont celui de la meilleure amie de Claire, la notaire Andrée, qu'interprète l'excellente Domnique Quesnel, une actrice que l'on voit trop peu à la télé. C'était elle qui jouait une des compagnes de cellule de Valérie Blais dans Tout sur moi.

Claire et ses amies de fille dans la cinquantaine, surnommées «les poules», se mitonnent régulièrement des soupers arrosés, ce qui insuffle de la légèreté au ton plutôt dramatique de ce téléroman traitant de tumeurs au cerveau, de maladie mentale et d'enfants assassinés.

Visuellement, Mémoires vives se situe une coche au-dessus de Providence, avec encore plus de tournages à l'extérieur des studios. Les images de Montréal, de la Rive-Sud et même de la Côte-Nord sont superbes.

Mémoires vives est un téléroman qui ne manque pas d'ambition. Au deuxième épisode, l'aspect suspense apporté au scénario, avec la découverte d'un possible tueur en série de fillettes, semble une avenue très prometteuse.

J'ai l'impression que Mémoires vives mettra un peu plus de temps à s'installer dans le coeur des téléspectateurs qu'Unité 9, qui a électrisé le Québec en une courte semaine. Prévision? Ce feuilleton, plus traditionnel, joindra une clientèle mûre, qui aime prendre le temps de s'attacher aux personnages de ses séries télé préférées. Et il n'y a rien de mal là-dedans, au contraire.