Pouvez-vous le croire? TVA a levé le nez sur ce qui s'est avéré un des plus grands succès des dernières années en télévision, le téléroman Unité 9: trop osé, trop noir et pas pour sa clientèle. La direction des programmes de la station phare de Québecor Média a envoyé au trou Shandy, Suzanne, Jeanne, Marie, Élise, Laurence et Michèle, a appris La Presse.

«Oui, c'est vrai. En 2008, nous sommes allés en développement avec TVA pour deux épisodes d'Unité 9. En mars 2010, après avoir travaillé les épisodes pendant une longue période de temps, TVA n'avait rien à dire sur la proposition comme telle mais nous a dit qu'Unité 9 n'était pas pour son public. Ils ont passé leur tour. Pourtant, c'était une super bonne idée et il fallait continuer à la pousser», se souvient Fabienne Larouche, qui produit Unité 9 à Radio-Canada avec sa compagnie Aetios.

L'auteure principale de la série Unité 9, Danielle Trottier, qui a aussi écrit Emma et La promesse pour TVA, confirme ce refus, mais n'en garde pas un souvenir amer ni douloureux. Dans le synopsis d'il y a quatre ans, le personnage de Marie Lamontagne (joué par Guylaine Tremblay) s'appelait Juliette Rivière. Pour le reste, la proposition écartée par TVA est pratiquement la même que celle achetée et diffusée par Radio-Canada.

«Toute l'histoire était là, sur le bureau de TVA», résume une source bien branchée. Et les deux premiers épisodes d'Unité 9 que nous avons dévorés en septembre ont d'abord été lus par des équipes à TVA, qui n'y ont pas décelé de potentiel commercial.

Question, ici: comment se fait-il que personne à TVA n'ait été capable de détecter toute la richesse et la complexité de l'univers de ces femmes en prison? La directrice du secteur des dramatiques de l'époque, Sylvie Gaudreault, a quitté TVA en 2011 et n'a pas répondu à notre appel hier. Même mutisme officiel du côté de TVA: aucun commentaire n'a filtré.

Bonne joueuse, Danielle Trottier ne s'offusque pas d'avoir été snobée par son ancien employeur, pour qui elle a travaillé pendant 12 ans. «C'est difficile de s'imaginer à quoi va ressembler une série télé qui n'est que sur papier. TVA reçoit beaucoup de projets. Ils peuvent être touchés par certains, moins par d'autres. On ne peut pas comparer le succès d'Unité 9 d'aujourd'hui à ce que c'était à l'époque», remarque la scénariste.

Danielle Trottier poursuit: «Ce n'était pas pour leur clientèle. En 2008, nous étions plus dans une vague feel good et moi, j'arrivais à TVA avec un sujet très chaud, très controversé. C'est certain qu'on est toujours déçu de se faire dire non. Mais ça ne m'a pas empêchée d'y croire et Fabienne m'encourageait à ne pas perdre espoir», dit-elle.

Près de 18 mois après le refus de TVA, Danielle Trottier et Fabienne Larouche tentent de vendre Unité 9 à Radio-Canada «avec l'énergie du désespoir». «Je le savais que si Radio-Canada disait non, c'était fini», rappelle Danielle Trottier.

Le reste fait partie de l'histoire télévisuelle. La SRC a embarqué dans le projet et fin novembre, les cotes d'écoute d'Unité 9 ont grimpé à 1 824 000 téléspectateurs, battant même Le banquier de Julie Snyder (1 795 000). Quelqu'un quelque part à TVA doit s'en mordre les doigts. Avec raison.

Et si? à V

Et si Facebook tombait en panne? Et si les bouchers étaient des stars? Et si les joueurs de soccer exagéraient pour vrai? Tammy Verge, Louis Morissette, Michel Charette, Isabelle Brouillette, Sonia Cordeau, Frédéric Pierre et Luc Guérin joueront dans la nouvelle émission à sketches Et si?, que la chaîne V diffusera à partir du jeudi 24 janvier à 19 h, dans l'ancienne plage des Détestables (qui prennent une pause hivernale).

Et si?, qui dérive du concept néerlandais What if?, se déclinera en épisodes de 30 minutes, qui regrouperont une quinzaine de sketches chacun. En plus d'y apparaître, Louis Morissette produira Et si? avec sa boîte KOTV. Par ailleurs, V n'a pas l'intention d'enlever District V du jeudi à 19 h 30 avec l'arrivée du magazine culturel Accès illimité de TVA dans cette case horaire.

Les choix du président

Comme vous l'avez lu dans votre Presse d'hier, le producteur Richard Speer entamera son mandat de président de l'aile québécoise de l'Académie canadienne du cinéma et de télévision le 1er janvier prochain. Il devrait y rester les deux prochaines années.

Premier dossier à l'agenda? Écouter, rencontrer des gens et discuter, notamment, avec les dissidents du gala des Gémeaux (Fabienne Larouche, Julie Snyder et TVA Productions). Richard Speer, 40 ans, possède Attraction Média, qui regroupe La Cavalerie, Jet Films, Bubbles Télévision, Cité-Amérique et Cirrus Communications. Que regarde M. Speer à la télé? The Killing, Walking Dead et Homeland, énumère-t-il. Et au Québec? «Je préfère ne pas me prononcer», rigole-t-il. Voilà un président bien prudent.