Nous sommes des stéréotypes sociologiques ambulants. Nous sommes très prévisibles. Malgré nous. Même si nous luttons avec acharnement contre les préjugés et les étiquettes, reste que notre éducation, notre revenu et notre environnement familial influencent grandement ce que nous consommons au petit écran.

Et la plupart des clichés, malheureusement, demeurent souvent bien vrais. Selon une étude rendue publique dans le New York Times la semaine dernière, les téléspectateurs américains sympathiques aux idées des républicains se gavent de courses de NASCAR, de tournois de golf et de parties de basketball de la NCAA.

Tout aussi devinables, les démocrates optent pour la NBA, les comédies décalées (j'impose ici un moratoire sur l'adjectif déjanté) comme 30 Rock et Community, les dessins animés (Family Guy, The Cleveland Show) et les animateurs sarcastiques comme Jon Stewart et Stephen Colbert.

Cette vaste recherche a été réalisée par une division de l'entreprise TiVo, un pionnier dans la commercialisation des enregistreurs numériques, qui a recoupé les allégeances politiques de 186 000 foyers américains avec ce qu'ils regardent à la télévision.

D'autres résultats? Sans surprise, les républicains syntonisent Fox News, tandis que ceux qui s'affichent comme démocrates préfèrent MSNBC. Comme quoi les choix télé sont aussi polarisés que les opinions politiques.

Personne ne tombe en bas de sa belle chaise Eames ici. Autre plaisir coupable des téléspectateurs républicains: les téléréalités de toutes sortes. Qui perd gagne (The Biggest Loser), Survivor, American Idol et The Amazing Race comptent beaucoup de points dans les foyers appuyant Mitt Romney.

Dans le camp des partisans de Barack Obama, les séries touffues comme The Killing et Mad Men ont la cote. Les républicains aiment aussi Pawn Stars de la chaîne History (sur des prêteurs sur gages) ainsi que Sisters Wives Tell All de TLC, qui raconte le quotidien d'une famille polyamoureuse du Nevada. Dans les talk-shows de fin de soirée, les républicains élisent celui de Jay Leno à NBC.

Curiosité: le feuilleton-savon pour ados Pretty Little Liars, que Vrak.TV diffuse sous le titre Les menteuses, marche aussi très fort chez les républicains.

M'est avis que les résultats d'une démarche similaire au Québec ne nous surprendraient pas non plus. Si l'on se fie à l'étude américaine de TiVo, les électeurs à tendance plus conservatrice s'abreuveraient aux émissions à forte teneur en opinions chauffées par les Richard Martineau, Mario Dumont et Denis Lévesque de LCN. Ceux qui se situent un peu plus à gauche crécheraient sans doute chez Céline Galipeau et RDI.

Les solidaires camperaient chez Mme di Stasio et très certainement chez Les bobos. Les électeurs de la Coalition avenir Québec seraient donc des adeptes de Star Académie et d'Occupation double au même titre que les républicains craquent pour American Idol et Survivor.

Dans les émissions plus à droite, on trouverait Destinées, Tranches de vie, Adam et Ève et L'Auberge du chien noir. À gauche, il y aurait Tu m'aimes-tu?, Mauvais karma et Toute la vérité.

Zombie Boy, tatouages ®

Vous vous souvenez de Zombie Boy, aussi connu sous le nom de Rick «Rico» Genest, squeegee montréalais tatoué en squelette des orteils à la tête? Ce jeune homme originaire de Châteauguay - et ami de Lady Gaga - vient de régler une grosse dispute avec les producteurs de la télésérie American Horror Story de la chaîne FX pour «violation de droits d'auteur».

Vous avez bien lu: violation de droits d'auteur. Car le design morbide des tatouages de Zombie Boy lui appartient et personne ne peut le reproduire sans son autorisation. «Il a lui-même fait le design. Les droits d'auteur sur la totalité des tatouages de son corps ont été dûment enregistrés aux États-Unis», a dit à La Presse Mathieu Bouchard, du cabinet montréalais Irving Mitchell Kalichman, un des trois avocats qui a représenté Zombie Boy dans cette affaire.

Or, dans un épisode d'American Horror Story diffusé l'automne dernier, le personnage de Tate (le jeune psychopathe) arbore un maquillage facial identique aux «vrais» tatouages de Rick Genest, égérie de Thierry Mugler. Tate se rend ensuite à son école secondaire pour abattre une dizaine de ses camarades de classe, dans une scène rappelant la tragédie de Columbine.

Jamais les producteurs d'American Horror Story, soit les studios Twentieth Century Fox Television, n'ont demandé la permission à Rick Genest avant de reproduire une partie de son «individualité» à la télé.

Cette chicane s'est réglée à l'extérieur des tribunaux et la somme versée à Zombie Boy n'a pas été dévoilée publiquement. Chose certaine, une poursuite en bonne et due forme aurait coûté une galette à la Twentieth Century Fox Television. En effet, effacer numériquement le maquillage du personnage de Tate, remplacer cet épisode partout dans le monde et redistribuer des coffrets DVD avec la nouvelle version, ça coûte beaucoup de sous.

Ça se resserre!

La promotion intense autour de Fidèles au poste - il y en a eu énormément les dimanches soir - a fonctionné. L'émission d'Éric Salvail se rapproche dangereusement de celle de Véronique Cloutier. Remarquez que Radio-Canada ne se gêne pas non plus pour nous bombarder d'extraits des Enfants de la télé dans les jours précédant sa diffusion.

Donc, la semaine dernière, Fidèles au poste a atteint la barre des 1 044 000 téléspectateurs aux audimètres de BBM, contre 1 214 000 pour Les enfants de la télé. L'écart, qui a déjà été pas mal plus grand, a rétréci à 170 000 personnes.