Pour être complètement transparent avec vous, je me suis pointé au visionnement de presse d'Un air de famille, hier matin, avec une valise remplie d'appréhension et de préjugés. Radio-Canada désire-t-elle ressusciter La soirée canadienne de Louis Bilodeau en bombardant à l'écran des familles comme celle de Hart Rouge, qui poussent des rigodons et d'autres pièces du terroir? Fera-t-on une surdose de ces harmonies vocales des années 90 à la Bande Magnétik?

Heureusement, Un air de famille, qui décolle demain à 20 h sur les ondes de la SRC, n'a rien de quétaine. Même que c'est très touchant. De voir des familles unies ou des frères et des soeurs qui s'aiment vraiment a quelque chose de presque anachronique dans notre univers télévisuel actuel, qui mise davantage sur les chicanes et les prises de bec pour fouetter les cotes d'écoute. Les gens heureux n'ont pas d'histoire, dit l'adage. Mais pas dans Un air de famille, où le bonheur des participants est drôlement contagieux.

Le concept de cette nouveauté est assez simple: toutes les semaines, trois familles dites «ordinaires» débarquent dans le studio 42 de Radio-Canada et interprètent une chanson devant un public survolté. Chacun des clans dispose d'un des trois «coaches» de l'émission pour les guider, soit Bruno Pelletier, Johanne Blouin et Jean-François Breau.

À la toute fin, le public vote pour sa famille chouchou, qui reviendra pour une série de demi-finales. À la 13e semaine, les téléspectateurs éliront - en direct - la nouvelle famille Dion, qui remportera un prix, dont la valeur n'a pas été dévoilée.

Patrice L'Ecuyer anime ce gros spectacle avec une dose équilibrée d'empathie, de chaleur et d'enthousiasme. On le sent réellement ému par les prestations, une sincérité difficile à feindre. Ça paraît quand un animateur de télé est authentique et vrai comme Patrice L'Ecuyer. Ça paraît tout autant quand un animateur sonne faux. On vous refile des noms dans une prochaine chronique.

Contrairement à La voix, les trois coaches d'Un air de famille, vissés dans des fauteuils blancs, n'ont aucun pouvoir de vie ou de mort sur les candidats. Ils les épaulent en répétition et, après les performances, donnent leurs commentaires à chaud. Évidemment, tout est toujours parfait, formidable ou super. Et c'est peut-être un des défauts d'Un air de famille: les commentaires d'après-match de Johanne Blouin, Jean-François Breau et Bruno Pelletier sont prévisibles et s'enlignent toujours pour être extraordinaires. En même temps, ces coaches n'ont pas été embauchés pour accomplir un travail de démolition, ce qui aurait anéanti l'esprit feel good du projet.

Quant aux trois premières familles à sauter dans la compétition, elles chantent étonnamment très bien. Et elles ont toutes opté pour des pièces audacieuses, très loin des chansons clichées de concours comme Une chance qu'on s'a ou Si Dieu existe, qui ont été brûlées par Star Académie. Les Bilodeau-Garant de Saint-Lazare-de-Bellechasse ont sélectionné Je veux de la chanteuse française Zaz, les Côté de Saint-Nicolas ont choisi Promenade sur Mars d'Offenbach, tandis que les Gendron ont jeté leur dévolu sur Aimons-nous d'Yvon Deschamps. Mes préférés? Les Côté, qui débordent de talent. Au cours de cette saison, 20 des 27 familles de l'émission s'époumoneront en français.

Dans la vignette de présentation des Bilodeau-Garant, on a failli sombrer dans le pathos quand la mère du groupe s'est mise à parler du cancer qui a emporté son frère, une épreuve qui l'a empêchée de chanter pendant plusieurs mois. Ce n'est pas nécessaire d'aller là: on s'attache à ces gens sans même connaître leurs écueils personnels.

Après avoir été ébloui par les mises en scène élaborées de Star Académie, c'est certain que celles d'Un air de famille paraissent moins spectaculaires. Faut respecter le budget serré de la production.

La grande question, maintenant: où les amateurs de ce type d'émission chantée logeront-ils les jeudis soirs? TVA a déplacé On connaît la chanson de Mario Tessier directement contre Un air de famille à Radio-Canada. Et comme Mario Tessier lance le bal à 19 h 30, retiendra-t-il tout l'auditoire disponible à cette heure-là? À suivre.

Gros lundi de télé

Beaucoup d'émissions millionnaires lundi soir, comme quoi la saison de télé a atteint sa vitesse de croisière. À 20 h, Yamaska de TVA (1 332 000) a battu L'auberge du chien noir à Radio-Canada (911 000). À 21h, Toute la vérité de TVA (1 264 000) a eu le dessus sur La galère de la SRC (718 000). Et à 19 h 30, la lutte a été chaude entre la quotidienne d'Occupation double (1 327 000) et Les Parent (1 163 000), avec un avantage pour les célibataires bronzés.