Anne Dorval stressait à propos des attentes «dans le plafond» que suscitent Les bobos, la nouvelle série comique qu'elle a tournée avec Marc Labrèche. Même angoisse chez la directrice des programmes de Télé-Québec, Dominique Chaloult. Rassurez-vous, mesdames, Les bobos ne déçoivent pas. Au contraire, c'est encore plus rigolo que ce que les extraits avaient montré jusqu'à présent.

Bien sûr, Marc Labrèche et Anne Dorval incarnent avec beaucoup de panache ces «péteux de broue professionnels et patentés», mais ce sont surtout les textes et leur densité qui surprennent. L'auteur Marc Brunet (Le coeur a ses raisons), qui a sollicité les lumières de l'auteure Rafaële Germain dans le processus de création, a un sens de l'observation affûté comme un scalpel et une intelligence comique hors du commun.

Marc Brunet truffe ses répliques de références culturelles et sociales qui déboulent à une vitesse impressionnante. C'est un peu la mécanique inverse du Coeur a ses raisons, où le slapstick, les effets de réalisation et les costumes impossibles prenaient le dessus sur le scénario.

En 22 minutes très compactes, Sandrine et Étienne Maxou lancent - sans trop s'en rendre compte - des piques sur les films de Bernard Émond, sur les éditoriaux de Sophie Durocher, sur l'abus de couleurs ternes dans les réalisations de Podz ou sur les douchebags, des gars musclés avec des cheveux de matante, finalement. «Je ne suis pas snob, j'ai déjà feuilleté Le Journal de Montréal chez mon dentiste», rappelle, sans ironie, Étienne Maxou, joué par Marc Labrèche.

Dans cette nouvelle comédie, les bobos, une contraction des mots «bourgeois» et «bohème», représentent des gens très à l'aise financièrement, toujours à l'affût de la nouveauté et bourrés de contradictions. Pour eux, un café, c'est plus qu'une boisson. Chacun des arômes leur rappelle un voyage au Guatemala ou en Jamaïque. D'ailleurs, ils adorent jaser de torréfaction avec le barista, et commander un simple café au lait peut leur prendre 12 bonnes minutes.

Mais, non, Sandrine et Étienne ne se définissent pas comme des gens superficiels ou hautains. «On a déjà fait la vague dans un spectacle de Céline Dion», précise Étienne dans le premier épisode. De son côté, la belle Sandrine (Anne Dorval) se définit comme une femme engagée: «J'ai déjà téléchargé légalement une chanson des Cowboys fringants», dit-elle fièrement.

Leur douce condescendance et leur absence d'autodérision nourrissent de nombreux gags. Pour nos bobos chouchous, une conversation Salut, bonjour! week-end, c'est parler pendant 10 minutes avec un faux sourire étampé dans la face. Constamment en représentation, leur vie est une mise en scène de Serge Denoncourt et ils y tiennent les premiers rôles.

Ils rêvent d'être connus comme leurs «amis» les vedettes, dont ils ne sont évidemment pas groupies.

Attendez, par contre, de voir Sandrine et Étienne se liquéfier quand ils croiseront Rufus Wainwright chez Jean Coutu. OMG, OMG! hurlera presque Sandrine, hystérique. Une scène d'anthologie.

L'univers de Sandrine et Étienne est très plateaucentriste, avec des références montréalaises pointues. Ces blagues étiquetées 514 voyageront-elles facilement dans les divers indicatifs régionaux du Québec?

En direct du Continental, l'épicentre du Plateau Mont-Royal, Sandrine et Étienne animent régulièrement La bande des deux, où ils causent de livres qu'ils n'ont jamais même déballés. Évidemment, le couple bobo dénonce, blogue et gazouille. Mais, pour lui, Twitter, c'est «l'endroit où Guy A. Lepage et Véronique Cloutier se félicitent de leurs carrières respectives». Bang! Les très aériens Sandrine et Étienne émaillent ainsi leur discours de jolies vacheries, toujours dites sur un ton amusé, jamais revanchard.

L'apparence étudiée de Sandrine et Étienne parle tout autant que les dialogues de la série. Lunettes noires, toupet au vent et bottines savamment délacées, on dirait qu'Étienne a fait une razzia chez Michel Brisson, rue Laurier, sans vraiment se demander si tous les morceaux s'agençaient. Étienne raffole des bagues, des bracelets et des foulards de poète, qu'il s'enroule quotidiennement autour du cou.

Sandrine paraît moins ridicule dans ses kits extravagants. Juchée sur des plateformes vertigineuses, elle est une victime très consentante de la mode. Quand on s'habille bien, les gens nous aiment plus. C'est un peu le mantra de Sandrine et Étienne, dont la profondeur est superficielle.

Le souci du détail dans Les bobos se voit jusque dans le générique d'ouverture, très rétro, qui évoque Mad Men, une série qu'Étienne et Sandrine a-do-rent. On y entend les voix de Marc Labrèche et d'Anne Dorval qui y poussent des «zoubidous» inventés à la manière de Zou bisou, bisou. Très charmant.

Marc Labrèche réalise lui-même les 24 demi-heures de la série. Et il a l'oeil, notre ex-grand blond avec un show sournois. Les bobos vous montreront leur beau linge vendredi à 20h. Ça commencera bien la fin de semaine.

Solide retour de Yamaska

Les fans de Yamaska attendaient vraiment le retour de leur téléroman préféré. Lundi soir, 1 185 000 téléspectateurs ont assisté au retour d'Alicia, Olivier et Geoffroy sur les ondes de TVA. À Radio-Canada, L'auberge du chien noir a été suivie par 811 000 personnes. À 21h, les reprises de La galère et de Toute la vérité ont récolté des audiences respectives de 604 000 et 941 000 fidèles. Élise Guilbault a fait ses débuts dans 30 vies devant 602 000 accros.