L'expression comédie romantique sied parfaitement à la nouvelle série Tu m'aimes-tu? de Radio-Canada. On n'y rit pas à gorge déployée, on compatit avec les protagonistes en peine d'amour et on se doute fortement que ça va bien finir.

Du moins, on espère que ça va bien finir pour le personnage incarné par Sébastien Huberdeau, le photographe Fred, qui vient de se faire sacrer là par l'amour de sa vie, Valérie (Bianca Gervais). Et Alex souffre, dans tous les os de son corps. Dans le premier épisode (mercredi à 21h30), Sébastien Huberdeau joue à gros traits son Fred à la dérive, quasiment à la Bridget Jones. Un peu plus et il s'enroule dans une grosse couverture de laine, écoute Someone Like You d'Adele en boucle tout en bouffant de la Ben&Jerry's directement dans le contenant.

Dans un appartement d'un blanc immaculé, avec notre Fred habillé en gris pâle, on se croirait quasiment dans une lumineuse pub de lait, mais pas du tout réconfortante.

C'est que, voyez-vous, les deux héros de Tu m'aimes-tu? croient en l'engagement et en font le point central de leurs vies. Tout le contraire de séries de trentenaires comme C.A., qui ont exploité le côté plus cynique des relations amoureuses.

En fait, la personne qui collectionne des baises d'un soir et qui refuse de s'investir dans Tu m'aimes-tu?, c'est une femme incarnée par la magnifique Magalie Lépine-Blondeau. Elle s'appelle Mélanie et déménage dans l'appartement au-dessus de celui de Fred. Vous devinez la suite: au contact l'un de l'autre, Fred et Mélanie démêleront leurs problèmes de coeur respectifs.

Le meilleur ami de Fred, Dave (Steve Laplante), vit une situation contraire. Marié à Judith (Isabelle Blais), père de deux fillettes, Dave se démène pour éviter que la routine ne tue son couple. Sa blonde, il l'aime. Et il assume toutes ses responsabilités.

L'intrigue de Tu m'aimes-tu? met un peu trop de temps à se déployer. Par contre, à la fin du deuxième épisode, on a clairement le goût de suivre l'évolution de Fred, Mélanie et Dave, ce qui est bon signe. Les séances de Fred dans son groupe d'entraide font beaucoup penser à celles de Prozac, un autre produit sur la génération des 30 ans.

Visuellement, c'est superbe, Podz étant un réalisateur très doué. Ici, on vise le téléspectateur qui habite un vieil appartement aux planchers usés, qui pianote sur son MacBook et qui sirote un latté à 5$. C'est branché, sans l'être trop. Car les personnages dégagent une sorte de nonchalance et ne se valorisent pas avec leur nouvel iPhone ou une autre possession matérielle.

Écrite par Steve Laplante et Frédéric Blanchette, deux gars de théâtre, Tu m'aimes-tu? a mis huit ans avant de naître au petit écran. Le résultat final s'avère touchant, charmant et sympathique. On voit rarement des séries aussi subtiles et nuancées.

Car la télé nous a récemment habitués à des univers masculins plus tourmentés, violents ou, disons-le, «fuckés» à la Minuit le soir ou 19-2. Tu m'aimes-tu? montre, à l'inverse, des gars tout à fait normaux. Mettons que ça fait du bien de voir ça.

Sur une note plus féminine, il y a les trois copines de Mauvais karma qui recommencent à dévaliser la SAQ dès mardi à 21h sur les ondes de la SRC. Le nouveau format de 60 minutes sert beaucoup cette comédie moderne et rafraîchissante. En demi-heures, on avait souvent l'impression que Mauvais karma finissait sur une patte, sans véritable punch.

L'écriture d'Isabelle Langlois n'a pas perdu de son mordant, de sa vivacité et de son efficacité. Dans le premier épisode, les filles (et Sylvain, l'assistant) prennent une cuite mémorable. Kim Wright (Julie Le Breton), ma préférée, se réveillera au petit matin couchée en cuiller avec un sans-abri, devant son immeuble. C'est à ce moment critique qu'elle décidera d'arrêter de boire.

Le problème? C'est l'alcool qui rendait Kim aussi baveuse, aussi cinglante. Sevrée, elle se transformera, comment dire, en personne plate, incapable de répliquer du tac au tac.

De son côté, Nathalie Bibeau (Hélène Bourgeois Leclerc) se réfugiera chez les AAA - pour accros affectifs anonymes. Ah oui, elle hébergera aussi sa belle-mère Angèle (Louise Latraverse), toujours aussi chipie. Quant à Sarah, elle deviendra une vedette de YouTube en raison d'une altercation avec un animateur-vedette.

Alors, amis téléphiles, sortez vos verres de chardonnay, Kim, Sarah et Nathalie sont arrivées. Et elles vont vous décoiffer.

Je lévite

Avec Une Séparation d'Asghar Faradi

Oscar du meilleur film en langue étrangère cette année, ce long métrage montre avec beaucoup de finesse les deux visages de l'Iran: le moderne et l'ultra religieux. Le tout, tissé habilement autour d'un couple de bourgeois qui divorce, plaçant son ado au coeur du conflit. Une histoire banale, en apparence, qui en contient une autre, plus dramatique.

Je l'évite

Settle Down de No Doubt

J'aurais vraiment aimé tomber amoureux du premier extrait de ce groupe californien après un silence de près de 10 ans, mais non. Ça ne colle pas. On dirait que je préfère Gwen Stefani en solo, finalement.

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