Je suis le premier à me laisser aspirer par ces entourloupettes scénaristiques on ne peut plus classiques. Quoi, une fusillade a éclaté dans le dernier épisode de la saison de Grey's Anatomy? Est-ce que McDreamy est McMort? Réponse: en septembre, avec le retour de la programmation régulière des grands réseaux.

Plusieurs auteurs de télévision, autant au Québec qu'aux États-Unis, utilisent fréquemment cette technique de l'électrochoc - le shocker - pour relancer l'action d'une télésérie stagnante ou pour se débarrasser de deux ou trois acteurs qui ont sans doute exigé une augmentation de salaire trop juteuse.

L'émission 24 heures chrono a roulé là-dessus pendant six saisons, notamment avec les armées de taupes qui infiltraient systématiquement le CTU, année après année. Le soap Revenge aussi: les revirements inattendus s'y succèdent aussi rapidement que les animateurs à la barre d'Occupation double.

Que ce soit dans Trauma, Damages ou Toute la vérité, il n'est pas rare, non plus, qu'un maniaque ouvre le feu dans une école, qu'une bombe explose dans un hôpital ou qu'un gros accident de la route impliquant des personnages principaux vienne secouer dramatiquement les intrigues.

L'électrochoc se manie avec précaution. Trop fort, il rebute les téléspectateurs, qui se perdent dans l'invraisemblance de la situation. Et utilisé trop souvent, l'électrochoc perd toute son efficacité.

S'il existe une seule série qui ne se prête pas très bien à l'électrochoc, c'est bien Mad Men. Pourtant, c'est sur cette pente savonneuse que Mad Men glisse dans sa cinquième saison, qui prend fin demain soir. Quel drôle de choix pour une émission qui, justement, se démarquait des autres par sa lenteur, sa complexité et son refus de sombrer dans le sensationnalisme cheap.

Hélas!, depuis le célèbre Zou Bisou, Bisou de Jessica Paré ce printemps, l'alcool a tourné au vinaigre dans notre agence de pub préférée. Ne vous inquiétez pas, je m'efforcerai de rester vague dans les prochaines lignes, question de ne pas gâcher votre écoute. Continuons.

Deux personnages clés - dont un que j'adore et non, ce n'est pas Roger Sterling - semblent avoir quitté la série pour de bon, dans des circonstances vraiment bâclées, faciles et prévisibles. Quel dommage. Vous verrez, un de ces électrochocs est carrément grotesque.

Un troisième personnage, que l'on croyait fort et droit, a posé un geste extrêmement discutable dans un élan d'opportunisme qu'on ne lui connaissait pas auparavant (ce n'est donc pas Pete Campbell). Douteux comme choix scénaristique.

Les créateurs de Mad Men manqueraient-ils à ce point d'inspiration pour transformer une émission aussi raffinée et brillante en telenovela? Espérons que la finale remettra Don et compagnie sur les rails pour l'an prochain.

Parlant de séries faisant du surplace, est-ce qu'on peut se parler deux minutes de la quatrième saison de True Blood, qui vient d'être commercialisée en DVD? Si vous ne l'avez pas encore vue, tournez immédiatement cette page, c'est un ordre.

Bon. Combien de temps durera cette romance cucul entre Sookie Stackhouse et le gentil vampire Éric Northman? Plus capable de les blairer ces deux-là. Dans une scène digne d'un roman Harlequin, Sookie et Éric, dans un trip hallucinogène, font même l'amour sous les flocons de neige... alors qu'ils prennent leur douche. Euh.

Peut-on aussi arrêter de donner autant de temps d'antenne au frère de Sam Merlotte, l'insignifiant Tommy, qui n'apporte rien, mais rien à l'histoire? Plus capable, lui non plus.

Par contre, la sorcière Marnie/Antonia, qui jette des sorts aux vampires, est impressionnante, mais pas autant que l'a été Maryann, la ménade cannibale. Quel personnage flamboyant.

Toujours au rayon du plus capable dans True Blood: Arlene, son copain Terry et leur bébé Mickey possédé. Plus capable.

Clairement, j'ai besoin de vacances. Chers lecteurs dévoués, je vous abandonne le temps de faire le plein - ou le vide? - pendant quelques semaines. De retour début juillet, reposé et pas trop bronzé à la Jersey Shore, on l'espère!

Je lévite

Avec Amours et autres violences de Marie-Sissi Labrèche. Ce recueil de 12 nouvelles parues dans les 20 dernières années, dont une intitulée Effexor, est cru, violent, trash et douloureux. La talentueuse écrivaine montréalaise y explore ses thèmes fétiches: le sexe, la maladie mentale, les rapports amoureux tordus, le lien avec la mère et l'enfance difficile. On s'entend ici, les amis: ce n'est pas une lecture de plage. Ça se traverse toutefois en une seule soirée.

Je l'évite

Les journées de sondage BBM en radio. Impossible de dresser un portrait clair du milieu radiophonique au Québec tellement chacun des patrons tente de tirer la couverture de son côté. Une telle station est numéro un chez les femmes de 25-54 ans qui possèdent un chien et une sacoche, l'antenne rivale est première chez les hommes de 18-34 ans qui boivent de la Coors Light entre 18h et 20h. Qui dit vrai dans tout ce fouillis?