Pratiquement sans broncher, on regarde maintenant le gentil Dexter Morgan déballer un attirail de boucher de luxe devant sa prochaine victime horrifiée et ligotée sur une table d'exécution improvisée. Un coup de couteau bien placé et le sang asperge légèrement la visière du gentil Dexter, enquêteur pour la police le jour, tueur en série la nuit.

Bah, se dit-on. Ce n'est pas si atroce que ça. Parce que Dexter ne tue que des gens qui méritent de mourir et qui auraient sans doute été exécutés par l'État s'ils avaient été attrapés à temps par les autorités. Il a son code d'honneur après tout. Et le cadre moral habilement délimité par les scénaristes de cette série américaine nous permet même d'aimer le rouquin Dexter, psychopathe à temps partiel.

Pour finir le travail, Dexter sort toujours la scie en inox, découpe les membres du cadavre, les emballe dans des sacs-poubelles et plouf! les jette au fond de la mer. Ni vu ni connu. Un pourri de moins sur les routes de la Floride.

Les scènes de meurtre dans la série Dexter nous montrent une violence froide, propre et très esthétisée. Ça n'a rien à voir avec les atrocités commises par l'acteur porno cheap Luka Rocco Magnotta dans son appartement miteux de Côte-des-Neiges.

Car Luka s'en est peut-être inspiré, mais il n'a pas imité Dexter ou copié le protagoniste du film American Psycho, Patrick Bateman. «Il faut être extrêmement prudent avec cette idée-là. Il n'y a pas une seule étude qui prouve un lien de cause à effet entre le comportement des individus et leur fréquentation de certains médias. Ce Luka n'aurait pas eu besoin de Dexter pour passer à l'acte. Des tueurs en série, il y en avait aussi au XIXe siècle», rappelle le professeur à l'École des médias de l'UQAM et spécialiste en télévision, Pierre Barrette.

Chose certaine, Luka Rocco Magnotta, 29 ans, connaissait trop bien les médias, autant sociaux que traditionnels. Obsédé par sa propre image et accro autoproclamé à la chirurgie esthétique, Luka a essaimé des traces de lui un peu partout, pour être vu, surtout, mais aussi pour être lu et pour exister, tout compte fait.

L'horrible et dégoûtante vidéo qu'il a tournée chez lui a été mise en scène et montée sur la chanson True Faith de New Order. Elle débute avec une scène piquée dans Basic Instinct et une affiche du film Casablanca ornait un des murs de la pièce où il a décapité et démembré sa victime. «Peut-être que toutes ces images ont allumé quelque chose dans son cerveau, mais on ne le saura jamais», note le professeur Pierre Barrette.

L'histoire du détraqué Luka Rocco Magnotta a été déballée quasiment en même temps que celle d'un autre maniaque, que les médias ont rebaptisé le Zombie de Miami. Le week-end dernier, Rudy Eugene, 31 ans, flambant nu et complètement drogué aux sels de bain, s'est rué sur un sans-abri et lui a dévoré tout le haut du visage. Après Dexter, nous voici maintenant plongés dans l'horreur de la série The Walking Dead.

Quand un agent de la police de Miami a tiré sur Rudy Eugene et l'a tué, des morceaux de chair humaine pendaient encore de sa bouche. Gore, vous dites? Dégueulasse, oui. Les photos de la victime, Ronald Poppo, 65 ans, qui a survécu à cette attaque cannibale, le sont tout autant.

Avec toutes ces séries télé qui deviennent de plus en plus sanguinolentes, serions-nous devenus insensibles à la violence? Il semblerait que non. On peut visionner 50 000 meurtres au petit écran, mais quand on croise de la violence dans la vraie vie, comme une bagarre dans la rue où les belligérants se tapent allègrement sur la gueule, on réagit toujours aussi fortement, remarque le professeur Pierre Barrette de l'UQAM

C'est quand même un peu rassurant d'entendre ça. N'empêche. Pas de Walking Dead, The Killing ou Dexter pour moi dans les prochains jours. Je retourne à des DVD plus rigolos comme Friends, Rumeurs, 30 Rock et Tout sur moi. Bref, rien qui tache ou qui laisse des traces rouges. À part peut-être le vin que boivent Monica et Rachel dans leur appartement de Greenwich Village.

Je lévite

Avec la pub télé de Pepsi. Un cow-boy texan, l'homme fort Hugo Girard, le «musicien» Normand L'Amour, Dany et Chrystina d'Occupation double, les Détestables de V et les Denis Drolet participent à ce message rigolo rempli d'humour. «Un cow-boy qui court, un raton qui vole, bam, bam, bam, bing»!

Je l'évite

La pub radiophonique de Pepsi. L'avez-vous entendue? Ce n'est pas terrible, terrible, comme disait l'autre. Tournez à gauche à la machine à Pepsi, avancez d'un Pepsi, passez un Pepsi et vous serez rendus. Pas certain de comprendre où le fabricant de boissons gazeuses veut nous amener. Dans mon cas, c'est directement chez le concurrent Coca-Cola que je me dirige.