Comme je suis incapable de différencier un fond de teint d'un fond de veau - on me chuchote d'ailleurs que c'est plutôt important de les démêler lors d'une routine de beauté matinale -, j'ai une opinion diaphane sur cette fameuse journée québécoise sans maquillage que propulsent, pour la troisième année, le magazine Elle Québec et Canal Vie.

Chose certaine, c'est un événement qui doit grandement attrister Mado Lamotte, la grande spécialiste, après Lise Watier, du mascara et de tout le tralala.

L'idée de la journée sans maquillage, qui se déroulera le mercredi 6 juin, n'est pas inintéressante en soi. Mais le canal par lequel elle passe envoie un drôle de signal. N'est-ce pas Elle Québec qui enchaîne les reportages - et les pubs - sur tous ces petits pots de crèmes antirides à effet liftant ou ces miraculeux recourbe-cils? Que cette publication encourage ensuite ses lectrices à se sentir belles au naturel frôle la schizophrénie.

D'un côté, les pages du Elle Québec regorgent de femmes retouchées et fardées à l'extrême. De l'autre, on vous dit «fuck le make-up, je m'assume comme je suis». Il y a de quoi se mélanger les pinceaux. Ce mouvement sans maquillage ressemble davantage à une grosse opération marketing qu'à une véritable campagne de sensibilisation sur l'importance d'une image corporelle saine.

Car il reste beaucoup de travail d'éducation à faire, si l'on se fie aux adolescentes interviewées par Marie Plourde dans le documentaire Démasquées... les beautés! que Canal Vie diffuse mercredi à midi et à 23h. La grande majorité d'entre elles ne sort jamais dehors le visage à nu.

De toutes les confidences recueillies par Marie Plourde, celles de la ministre de la Culture et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, sont - de loin - les plus franches et les plus intéressantes. Oui, la ministre a trouvé difficile de se pointer à l'Assemblée nationale sans artifice cosmétique. Deux collègues féminines lui ont tout de suite dit qu'elle avait «l'air fatigué», plus que d'habitude, en tout cas.

«On se sent un peu toute nue. Moi, si je vois une femme qui n'est pas maquillée, ça me dérange. Des fois, je vais même me passer la réflexion: vraiment, elle pourrait se mettre un peu de rouge à lèvres. C'est comme s'il manquait quelque chose. Je sais que c'est terrible ce que je dis là, parce que je suis ministre de la Condition féminine», affirme Christine St-Pierre à la caméra.

Selon elle, son message serait moins crédible si elle travaillait sans maquillage. «Je suis trop conditionnée. L'image est très importante. Les gens voient et ensuite ils entendent», remarque la ministre St-Pierre.

Le documentaire de 45 minutes contient, bien sûr, les expressions très clichées «diktats de la mode» ou «esclave des apparences». Toujours dans le cadre de cette journée sans maquillage, Saskia Thuot, Brigitte Poitras et Marie-Christine Lavoie animeront leurs émissions respectives, vous l'aurez deviné, sans poudre ou fond de teint.

Annie-Soleil à Deux filles le matin

Chroniqueuse culturelle depuis deux ans à C'est bien meilleur le matin, Annie-Soleil Proteau a confirmé hier qu'elle quittera son emploi à Radio-Canada le 22 juin pour coanimer Deux filles le matin à TVA aux côtés de Marie-Claude Barrette. La personne qui remplacera Annie-Soleil Proteau aux côtés de René Homier-Roy n'a pas encore été choisie. Il y a aura une série d'auditions, nous dit-on.

Annie-Soleil Proteau collabore à TVA depuis 2008 à titre de reporter au magazine culturel Sucré, salé de Guy Jodoin. «J'ai adoré travailler avec René. J'aurais continué pendant des années, même si mon corps voulait de moins en moins», explique Annie-Soleil Proteau.

Le métier de chroniqueuse culturelle dans une émission de radio matinale vient avec un horaire de travail très dur. Il faut souvent se coucher après minuit, une fois les spectacles terminés, et être debout vers 4h. La chroniqueuse de Paul Arcand, Pascale Lévesque, a aussi annoncé qu'elle ne reviendrait pas au micro à l'automne.