La genèse de la comédie Adam et Ève de Claude Meunier a été, comment dire, compliquée. Plusieurs réalisateurs de talent ont été approchés pour s'installer derrière la caméra de cette nouveauté, dont Louis Choquette (Le gentleman et Mirador), Patrice Sauvé (La vie la vie, Grande ourse), Stéphane Lapointe (Tout sur moi), Simon-Olivier Fecteau (En audition avec Simon), Nicolas Monette (C.A.), Ricardo Trogi (Les étoiles filantes) et Jean-François Asselin (François en série). Tous ont refusé.

Pourtant, il s'agit d'une émission très attendue, chapeautée par un des comiques les plus célèbres du Québec. Pourquoi s'en tenir loin, alors? C'est une situation délicate, car personne ne souhaite se mettre Claude Meunier à dos. C'est plutôt rare, également, qu'autant de professionnels de la télévision tournent le dos à une oeuvre comme ça, à la chaîne.

Selon diverses sources qui ont exigé l'anonymat, certains des réalisateurs ont jugé les textes «moyens» ou «pas très drôles», d'autres craignaient de n'être que des exécutants de la vision très précise de Claude Meunier et de ne pas pouvoir y apporter leur touche personnelle.

Louis Choquette a été le premier à être choisi pour collaborer avec Claude Meunier sur Adam et Ève. Un court pilote a même été tourné. «Je me suis rendu compte que ça devenait de la coréalisation, ce à quoi je ne m'oppose pas. Mais j'ai vite compris que ce que Claude aimait le plus, c'était diriger les comédiens. Moi aussi. C'est 80% de mon travail. Il n'y a rien de pire pour un comédien que de se faire diriger par deux réalisateurs. Et Claude ne voulait pas céder la direction d'acteurs. J'ai décidé de quitter et nous sommes restés en très bons termes. Il n'y a pas eu de conflit», confie Louis Choquette, qui s'attaquera cet été au Gentleman 3 pour TVA.

Patrice Sauvé admet simplement ne pas avoir cliqué avec la proposition de Claude Meunier. «Ça ne me rejoignait pas, moi, dans ce que j'ai le goût de faire. Je respecte l'homme, mais ce n'était pas mon genre de show», relate Patrice Sauvé.

Selon nos informations, «Claude prenait énormément de place», ce qui a refroidi les ardeurs des réalisateurs qui détestent «répondre à des commandes ou appliquer une recette qu'ils n'ont pas inventée». «De mon côté, ça n'a pas adonné. J'adore Claude Meunier, c'est une idole. Mais quand je n'ai pas un coup de foudre total pour un projet, j'aime mieux me concentrer sur mes propres trucs. On manque toujours de temps pour préparer nos propres affaires», souligne Stéphane Lapointe, qui planche avec l'auteur Pierre-Marc Drouin (Mile End Stories) sur une série alliant le comique et l'horreur. Titre de travail: L'agence paranormale.

Joint hier, le réalisateur Simon-Olivier Fecteau s'est abstenu de commenter. Nicolas Monette a glissé: «Mon horaire ne me permettait pas de faire Adam et Ève, je fais présentement beaucoup de travail en publicité». Ricardo Trogi (Les étoiles filantes, Malenfant) a aussi été sollicité, mais avant même de lire les scénarios ou de rencontrer Claude Meunier, il a décliné, son horaire ne lui permettant pas d'accepter d'autre boulot. Même chose pour Jean-François Asselin: il n'avait pas le temps.

À Montréal, les réalisateurs se connaissent à peu près tous et le mot a rapidement circulé que plusieurs d'entre eux avaient refusé le contrat. «Tout le monde a un peu eu la chienne. Si tu ne saisis pas le ton de l'émission comme il faut, ça se peut que tu passes complètement à côté», confie un espion qui a été concerné dans ce projet télé.

Une autre version de l'histoire circule: c'était prévu depuis le départ que Claude Meunier désirait diriger les comédiens comme au temps de La petite vie. D'abord flattés d'avoir été recrutés par Meunier, des réalisateurs ont déchanté en entendant l'auteur détailler son niveau d'engagement, qu'ils ont jugé beaucoup trop élevé.

Le producteur de Claude Meunier, Luc Wiseman de chez Avanti, a dit hier qu'il ne réagirait pas à «de la cuisine interne, car tout ça se fait régulièrement».

En fin de compte, la réalisation d'Adam et Ève a été confiée à Claude Meunier pour les six premières demi-heures. Frédéric Desjardins (Un souper presque parfait) s'occupera des sept derniers épisodes.

Martin Picard déménage à Télé-Québec

Après avoir été sur la route pendant deux ans pour Radio-Canada, le médiatique et rabelaisien chef du Pied de cochon, Martin Picard, traverse à Télé-Québec. Dès février 2013, il sera aux fourneaux d'Un chef à la cabane, une série de huit épisodes d'une heure tournée à sa cabane à sucre haut de gamme située Saint-Benoit-de-Mirabel.

Oui, l'émission comprendra des recettes, soit deux par heure: une sucrée et une salée. Mais le but d'Un chef à la cabane est plutôt de montrer toute la vie qui grouille autour d'une érablière. Martin Picard y élève même des cochons en liberté.

Contrairement à Martin sur la route, une série très provocatrice où des animaux étaient tués devant les caméras, «il n'y aura pas de tuerie dans la nouvelle émission», rigole Martin Picard. Son «mononcle» qui l'aide à produire le sirop d'érable sera l'un des personnages d'Un chef à la cabane. Plusieurs employés de la cabane y apparaîtront également. Rappelons que Radio-Canada a diffusé deux saisons de Martin sur la route, dont la dernière en décembre 2009.