Confession gênante, pour débuter. J'ai abandonné Mad Men après deux saisons. Oui, oui. La série américaine la plus acclamée, la plus récompensée et la plus regardée par les snobs qui se vantent tout le temps de, justement, ne jamais regarder la télévision. Sauf pour Mad Men, bien sûr.

Après deux années et des poussières, je n'en pouvais plus de la neurasthénie de Betty Draper, jouée par la très mauvaise, mais très jolie, January Jones. La petite Sally m'énervait aussi. Bobby ne parlait jamais. Et je ne voyais pas le bout de toute l'histoire tordue de Don Draper, alias Dick Whitman.

Bref, comme dans une recette de chili de Ricardo, j'ai laissé mijoter. Et j'ai repris, malgré moi, et par obligation professionnelle, quand la Montréalaise Jessica Paré est débarquée chez Sterling Cooper Draper Pryce dans la peau de la souriante Megan Calvet. Évidemment, il m'en manquait de grands pans.

Quoi? L'agence a été rebaptisée et relogée dans des bureaux hyper modernes? Fallait donc reprendre là où j'avais abandonné Joan, Roger et Peggy, soit deux ans plus tôt.

Cette fois-ci, le courant a passé et je me suis enfilé, comme un maniaque, les deux saisons manquantes en deux semaines. J'ai redécouvert la forte mais fragile Joan, un de mes personnages favoris avec l'élégant Roger Sterling, qui hérite des meilleures répliques de la série. Ces deux-là auraient dû former un couple depuis le début.

Tout est superbe dans Mad Men. Les meubles, les vêtements, le générique d'ouverture, le contexte historique, les publicités, la musique d'époque, les textes, la lenteur du récit, la complexité des personnages et le jeu des acteurs (sauf celui de January Jones).

Vous avez été plusieurs à m'écrire que vous n'embarquez pas, mais pas du tout, dans Mad Men et que vous ne comprenez pas l'engouement généralisé autour du ténébreux Don Draper. Un conseil pour vous: ne lâchez pas. Ça vaut vraiment la peine.

C'est dans cet esprit de deuxième chance que je me suis raccroché aux Rescapés durant l'hiver, avec toute la bonne volonté du monde. Peine perdue. Je n'ai pas été capable de les suivre dans leurs multiples voyages dans le temps, malgré la distribution solide, notamment Guylaine Tremblay, que j'adore, et l'excellent Roy Dupuis.

Ç'a n'a pas cliqué du tout. Ce n'est pas de la mauvaise foi. Ça arrive même dans les meilleures familles.

Ce qui nous transporte à la quatrième et dernière saison de Belle-Baie, qui a décollé le jeudi 26 avril à 20h sur les ondes de Radio-Canada. Ici, le scénario vécu avec Les rescapés se répète: les premiers contacts avec cette série acadienne ont été rugueux et difficiles en 2008. Il fallait donc accorder cette fameuse deuxième, voire troisième chance.

Malheureusement, même après des efforts honnêtes, j'ai encore dû abdiquer cette année. Pas ma tasse de thé. Dès le premier épisode, quand j'ai entendu le personnage joué par Mélanie Maynard dire, au micro de la radio du village, «la sagesse de nos ancêtres enrichira le jardin de nos générations futures et empêchera Belle-Baie de sombrer dans une piscine de Botox», j'ai su que c'était fini à jamais entre Belle-Baie et moi. Le poisson est bel et bien mort.

On n'a pas a rejeter le blâme du naufrage sur Pascale Bussières, Jean-François Pichette, Emmanuel Bilodeau, Benoît McGinnis et la fabuleuse Maude Guérin. Le gros problème, ce sont - toujours - les textes juvéniles, truffés de gags faciles et dégoulinants de bons sentiments que les acteurs récitent.

N'importe qui, avec une mauvaise tuque calée sur la tête, aurait l'air un peu ridicule en répétant «qu'il a une envie de pipi du maudit». Et il y a toujours des problèmes d'accents, qui varient d'un comédien à l'autre. Et il y a toujours ces accords de guitare sèche qui appuient grossièrement chacune des scènes. Tout ça devient terriblement agaçant.

Comme la tragédie de l'incendie du Poisson Doré, le resto exploité par Margot (Pascale Bussières). Peut-on en revenir, doux Jésus? Me semble qu'il y a des problèmes pas mal plus graves que ça à Belle-Baie, comme ces horribles urnes funéraires recyclées que souhaite commercialiser Gigi (Maude Guérin). Vite, qu'on lui envoie Clodine Desrochers ou Manon Leblanc, c'est un S.O.S.

Je lévite

Avec Les Airoldi habillent leur cour. Comment je suis tombé là-dedans? Aucune idée. Mais je ne suis plus capable d'en sortir: le toit du spa électronique, les marches chauffantes de la galerie, les lustres en bouts de bois, l'éclairage clair de lune ou l'écran plat dans le gazebo, c'est tellement exagéré (et commandité) qu'on ne peut plus se décoller le visage du téléviseur.

Je l'évite

Le petit couple des pubs de Desjardins. Nico pis moi, on pense pareil. Hein, mon Nico? Premièrement, Nico pourrait s'appeler Nigaud, on n'y verrait que du feu. Et deuxièmement, chers créatifs en agence, ça fonctionne encore, des publicités où l'homme est infantilisé et dominé par une femme qui, soit dit en passant, ne paraît pas mieux que lui dans cette mauvaise scène de ménage? Hein, mon Nigaud?