La «bitch», la vraie de vraie, revient à la télévision américaine par la grande porte. Deux nouvelles émissions du réseau ABC ont même incorporé cette insulte dans leur titre. Il y a la sitcom Don't Trust the B---- in Apartment 23 et il y a GCB, un luxueux soap qui a longtemps porté le titre de Good Christian Bitches avant d'être réduit à son acronyme.

Bien sûr, la vilaine, la fameuse bitch a toujours valsé, en talons aiguilles, dans nos petits écrans: de Brenda Walsh de Beverly Hills 90210 à Alexis Carrington dans Dynasty en passant par Jackie Lévy dans L'or du temps. Mais c'est la première fois que ce mot péjoratif figure dans le nom d'une émission.

Le suremploi de cette insulte a ravivé le débat aux États-Unis: est-ce acceptable de traiter une femme de bitch, même dans un contexte de comédie? Aurait-on, par exemple, inséré le mot «nigger» dans le titre d'une sitcom irrévérencieuse mettant en vedette une famille afro-américaine?

Les insultes comme bitch ou nègre prennent des sens totalement différents selon la personne qui les prononce, comment elle les prononce et, surtout, dans quel contexte elle les prononce.

Dans la majorité des chansons de hip-hop, il est rarement flatteur de se faire qualifier de bitch par Lil Wayne ou 50 Cent. Le terme est dégradant et dénigrant. Carrément.

Par contre, les féministes modernes se sont réapproprié cette offense avec intelligence en publiant des livres comme The Bitch is the House ou des magazines de culture pop comme Bitch, qui revendique fièrement son nom. «Si être une femme d'opinion signifie être une bitch, alors nous allons le prendre comme un compliment», peut-on lire sur le bitchmagazine.org.

Au départ, GCB et Dont Trust the B---- in Appartment 23 s'appelaient et s'épelaient, en toutes lettres, Good Christian Bitches et Don't Trust the Bitch in Apartment 23. Devant la réaction hostile de certains lobbys et pour ne pas effrayer d'éventuels annonceurs, ABC a javellisé l'appellation de ses émissions. Belle façon de générer de la publicité gratuite.

Pourtant, la Commission fédérale des communications (FCC), l'équivalent du CRTC aux États-Unis, ne considère pas le mot bitch comme étant choquant ou offensant. L'organisme américain ne punit donc pas les grands réseaux qui diffusent des dialogues renfermant ce gros mot.

Dans le cas des deux nouvelles émissions qui nous préoccupent, il n'y a pas de quoi fouetter un chat: la bitch n'y est ni pire ni mieux que Sue Sylvester dans Glee ou Sandra dans Rumeurs. Même qu'à l'intérieur du fameux appartement 23, Chloé, la présumée bitch aux cheveux noirs (jouée par Krysten Ritter), est franchement sympathique. C'est une femme brillante, super jolie et elle a la pleine maîtrise de sa vie.

GCB nous présente un groupe de quatre femmes dans la fin trentaine, ex-amies et rivales de l'école secondaire, qui se crêpent le chignon autour d'une église d'une banlieue cossue de Dallas. Bref, c'est une version adulte de Mean Girls avec un fond de religion et tous les clichés associés au Texas.

Pour en juger de vos propres yeux, GCB joue les dimanches à 22 h sur ABC et CTV, tandis que Don't Trust the B---- in Apartment 23 passe les mercredis à 21 h 30, également sur les ondes d'ABC, un des rares réseaux dirigés par une femme.

Geneviève Sabourin, de l'aide

J'espère que tous ceux et celles qui se prétendent les amis de Geneviève Sabourin depuis une semaine l'aident présentement. Parce que, visiblement, ça ne va pas bien pour l'actrice québécoise accusée de harcèlement envers la star américaine Alec Baldwin.

Tout au long de la journée d'hier, Geneviève Sabourin, 40 ans, a publié une série de gazouillis étranges sur son nouveau compte Twitter, détaillant tous les contrats de pub qu'elle a décrochés au fil des ans. Elle a aussi mis en ligne des photos d'elle prises par des photographes professionnels ainsi que des portraits «maison» avec son Yorkshire Charlie, son sac à main Louis Vuitton bien visible dans le cadre.

En entrevue à l'agence QMI, elle a dit vivre depuis une semaine comme une fugitive, comme un animal traqué par les médias, dont elle a très peur. Une expérience inhumaine et insoutenable, selon elle. Pour éviter qu'on la retrace, elle paie tout en argent comptant, mais en même temps, elle écrit sur Twitter l'endroit où elle se cache (dans un motel Best Western de Nyack, au nord de Manhattan). Mettons que ce n'est pas la meilleure façon de se sauver des journalistes.

Ces agissements ne sont pas ceux d'une femme en pleine possession de ses moyens. Geneviève Sabourin, qui a mené une carrière de figurante professionnelle au Québec, a besoin d'être entourée, conseillée et épaulée. On sent - et on comprend - son désir maladroit de tirer profit de cette célébrité involontaire: elle partage sur son fil Twitter presque tous les articles parlant d'elle, tout en précisant qu'elle ne commentera pas son arrestation, le dimanche de Pâques, devant l'immeuble où habite Alec Baldwin, dans Greenwich Village.

Tout ça est malheureusement fait de façon boiteuse, par une femme laissée à elle-même, qui n'a pas vu sa famille et qui a besoin d'aide. Même son avocate de l'aide juridique a pris des vacances. Vraiment, cette histoire est de plus en plus triste.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca