Vous trouvez la famille Bérubé d'Apparences compliquée et tordue? Attendez de découvrir les membres du clan Roussel de la nouvelle minisérie Vertige. Mettons qu'avec des frères et des soeurs comme ça, pas besoin d'ennemis extérieurs. La magouille semble avoir été inscrite dans le code génétique de plusieurs de ces Roussel, des gens assez étranges, merci.

Pour plonger dans l'intrigue de Vertige, programmez votre enregistreur pour jeudi prochain à 20h sur Séries+. L'histoire des Roussel, un gros drame familial couché sur une transaction immobilière juteuse, a été tricotée par Michelle Allen, l'auteure de Destinées et Au nom de la loi.

Vous disposerez de six épisodes d'une heure pour mener votre propre enquête sur Daphnée Roussel (Fanny Mallette), directrice d'un centre de «skateboard» appartenant à sa famille dysfonctionnelle. Dans les premières minutes de Vertige, la caméra agile du réalisateur Patrice Sauvé (La vie la vie) nous montre une Daphnée nerveuse, anxieuse et pas du tout dans son assiette. D'habitude pimpante, Daphnée monte à son magnifique loft, ouvre la porte de garage qui donne sur la terrasse, tombe de plusieurs étages et atterrit sur le toit d'une voiture.

L'action démarre trois mois après cet incident bizarre, alors que Daphnée est toujours plongée dans un coma profond. Daphnée a-t-elle tenté de se suicider? Ou est-ce quelqu'un de mal intentionné qui l'a poussée en bas? Voilà le noeud de cette affaire crimino- familiale très nébuleuse.

La seule chose facile à détecter, c'est que plusieurs membres de l'entourage de Daphnée ne veulent pas nécessairement son bien, à commencer par son grand frère Adrien Roussel (Normand Daneau), un homme rancunier et endetté, qui camoufle bien ses défauts sous des dehors de père de famille parfait. Adrien est le premier à vouloir débrancher Daphnée du respirateur la maintenant en vie. Pourquoi si rapidement? Adrien tord même le bras de sa mère Diana (Monique Spaziani) pour qu'elle l'appuie dans sa démarche. Ce n'est pas net, tout ça.

Il y a la soeur cadette d'Adrien et Daphnée, la bohème Maya (Marilyn Castonguay), qui elle aussi cache des secrets, dont un béguin pour l'ex-amoureux de Daphnée, le riche promoteur Laurent Duguay (Patrick Hivon). Lui aussi est suspect. Il trompait Daphnée. Et il souhaitait depuis le début acheter l'immeuble des Roussel hébergeant le «skate park» intérieur.

Heureusement pour Daphnée que sa belle-soeur Jennifer (Noémie Godin-Vigneau), la conjointe de son frère Adrien, ne croit pas, mais pas du tout, à l'hypothèse du suicide. C'est par le personnage de Jennifer, une des rares figures sympathiques de la distribution avec les parents de Daphnée, que les téléspectateurs cherchent la clé de l'énigme.

Des irritants

Vertige s'inscrit dans cette vague de séries télé dépeignant des familles compliquées comme Apparences et Aveux. Le tout, raconté à coups de flash-backs. C'est relativement bien fait, mais pas avec autant de finesse et de doigté qu'Apparences, produit par la même boîte, Pixcom.

Un des irritants majeurs de Vertige, c'est la musique dramatique, quasiment comme dans Un tueur si proche, ainsi que certains effets de réalisation, qui soulignent à gros trait les moments clés de la trame narrative. Le téléspectateur n'est pas nono. Il comprend, de lui-même, sans qu'on ait à le prendre ainsi par la main.

Autre point agaçant: toute la portion «immobilière» de la minisérie, qui tourne autour de la vente (ou pas) de l'édifice des Roussel, est pas mal moins palpitante que la révélation des travers des personnages. L'action, notamment au deuxième épisode, aurait gagné à être resserrée.

Par contre, la distribution de Vertige est très solide, particulièrement Normand Daneau et Germain Houde, dans le rôle du père de Daphnée, Gilles Roussel.

Vous vous doutez certainement que Daphnée finira par se réveiller. Mais se souviendra- t-elle du fil des événements?

Honnêtement, je mentirais en écrivant que Vertige est ma nouvelle émission préférée. C'est très inégal, mais j'ai quand même le goût de poursuivre l'écoute afin de dissiper cette épaisse brume. Ça doit être un bon signe, non?