Ce devait être la soirée de la chanteuse britannique Adele dimanche. La belle Adele, 23 ans, qui, après une délicate opération aux cordes vocales, remontait sur la scène pour la première fois depuis octobre dernier. La talentueuse Adele qui a dû remettre poliment le couturier Karl Lagerfeld à sa place la semaine dernière, car il l'avait qualifiée de «grosse».

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Le triomphe mérité et le grand retour d'Adele auraient été, en temps normal, les moments les plus poignants de cette 54e grande fête des Grammy.

Tragiquement, le destin en avoulu autrement. La mort de la diva des divas, Whitney Houston, a, avec raison, enveloppé cette cérémonie d'un voile de tristesse. Et c'est tout à fait compréhensible: la disparition soudaine d'une icône de la pop à un si jeune âge et dans des circonstances aussi sombres a secoué toute la communauté musicale américaine réunie dimanche au Staples Center de Los Angeles.

Malgré ces circonstances extraordinaires, les producteurs des Grammy ont choisi de laisser Bruce Springsteen lancer les festivités. Pourquoi ne pas avoir démarré avec l'hommage à l'interprète disparue, que ses fans pleuraient un peu partout dans le monde?

À TVA, Star Académie a rebrassé ses cartes et a ouvert son gala du dimanche soir avec un des plus gros succès de Miss Houston, I Will Always Love You, une pièce de Dolly Parton chantée de façon impeccable par les élèves de René Angélil. Cet hommage a été court, sobre, bien exécuté, de la grande classe quoi. Bon choix.

Aux Grammy, le rappeur LL Cool J a plutôt entamé son animation en lisant une prière pour Whitney. Une vraie prière. Dans l'amphithéâtre, les convives pailletés ont baissé la tête comme à l'église. C'était très étrange. Pourquoi ne pas avoir commémoré son départ en musique?

Tout au long de ce trop long gala, le nom de Whitney Houston a résonné au micro. «Faites du bruit pour Whitney», a crié Rihanna pendant son interprétation de We Found Love. Avant de rendre hommage à Etta James en duo avec Bonnie Rait sur A Sunday Kind of Love, Alicia Keys a elle aussi envoyé des fleurs à la superstar morte à 48 ans. «Nous t'aimons tous, Whitney», a pour sa part glissé Stevie Wonder avant de présenter Paul McCartney.

C'est Jennifer Hudson qui a eu la lourde tâche d'interpréter, vers 22h45, I Will Always Love You, seule au micro et éclairée par un projecteur unique. Elle a été touchante et élégante. Belle exécution.

Le gala des Grammy a un énorme et agaçant défaut: il ne s'y remet pratiquement plus de prix en ondes. Pourtant, on se branche sur ces événements pour gager et commenter sur les lauréats, non?

Les performances, pas toutes réussies - n'est-ce pas, Chris Brown? - occupent malheureusement toute la place. Un juste équilibre doit être rétabli. Dimanche, après deux heures remplies de chansons, à peine cinq statuettes avaient trouvé preneur. C'est trop peu.

Sur la scène, les numéros se suivaient à la queue leu-leu. L'excellent Bruno Mars imite James Brown! Kelly Clarkson et Jason Aldean (problème de micro) mêlent leurs voix! Katy Perry,habillée en Pokémon, joue avec le feu et la glace! Taylor Swift gratte le banjo! Les Foo Fighters rockent à l'extérieur! Les Beach Boys ressuscitent, avec Foster The People (très bon) et Maroon 5 (gros bof). Rihanna et Coldplay chantent ensemble (pas vraiment, finalement).

Quand la voix intacte - et superbe - d'Adele s'est élevée dans l'aréna pendant Rolling in the Deep, un grand frisson a quasiment traversé nos téléviseurs. Oui, Adele peut encore chanter, malgré ses récents ennuis de santé, soit une hémorragie aux cordes vocales. Elle a obtenu une ovation ô combien méritée. Et quand une artiste comme Adele possède un organe aussi puissant et précieux, pas besoin de pétards, de perruque bleue ou de projections multimédia pour enrober sa prestation. Le talent suffit.

En cueillant son premier Grammy, Adele a déclaré: «Comme c'est un prix pour la performance vocale, je dois remercier mes médecins, je pense.» Nous aussi, on les remercie, tes médecins, Adele. Parce qu'on a vraiment hâte au prochain disque.

Comme maître de cérémonie, difficile de juger du travail de LL Cool J, car on ne l'a pratiquement pas vu de la veillée. Et c'est peut-être mieux comme ça. Les rares fois où il s'est exprimé, le rappeur à casquette avait peu de choses intéressantes à dire, malheureusement.