Une série de petits deuils quotidiens se vivent tous les jours, au troisième sous-sol de l'édifice de TVA, où se tourne depuis sept ans le téléroman La promesse de Danielle Trottier.

Un tel comédien répète sa dernière scène, une autre se prépare à souffler un dernier adieu à ses collègues. Il ne reste qu'une courte semaine d'enregistrements avant l'arrêt définitif des péripéties des familles Marion et Chamberland, que vous verrez dans vos salons le mardi 10 avril à 21h. «Pour moi, le deuil s'est fait l'été dernier. J'ai réalisé que j'étais vraiment rendue à la fin de mon histoire», détaille l'auteure Danielle Trottier, rencontrée hier midi sur le plateau du téléroman qu'elle a créé en 2005 et qui aura duré 182 épisodes.

Pourtant, la scénariste croyait avoir du souffle pour tricoter une huitième saison jusqu'à ce qu'elle décide de faire mourir d'un cancer du cerveau Yves Chamberland (Germain Houde). «Il y avait quelque chose de magistral qui se passait là. Il faut rester crédible. Il y a une limite aux épreuves qu'un homme peut subir dans sa vie», confie Danielle Trottier, muséologue de formation.

Et cette fin sera belle et heureuse, jure le producteur de La promesse, André Monette, pour la boîte Point de mire. «On veut laisser les téléspectateurs qui nous ont été fidèles avec un souvenir heureux des personnages, sans toutefois tomber dans la guimauve», indique-t-il.

Le personnage d'Isabelle Chamberland (Michèle-Barbara Pelletier) reviendra de Suisse, où elle était en convalescence dans une clinique, et apparaîtra dans les deux dernières émissions.

Cet automne, La promesse a rallié une moyenne de 1 133 000 fidèles tous les mardis soirs. Comme quoi non, le téléroman traditionnel n'est pas mort. Même qu'il se porte plutôt bien si l'on se fie aux succès d'écoute de Yamaska, Destinées, L'auberge du chien noir et O', presque toutes des productions millionnaires. Comment expliquer la force tranquille du téléroman dans une époque où les séries à gros budget monopolisent toute l'attention?

«Un téléroman, c'est être capable d'entrer dans les foyers de tout le monde et de leur parler de ce qui les préoccupe. Le téléroman permet de développer un lien affectif avec les personnages 26 semaines par année. On suit leurs peines d'amour, leurs petites jalousies, leurs fragilités», dit Danielle Trottier.

L'auteure l'admet sans gêne: elle a misé beaucoup plus sur l'émotion que sur l'action pendant les sept années d'existence de La promesse. «Pour moi, le plus beau décor que je puisse avoir, c'est un visage de comédien en gros plan. Ce sont les comédiens qui portent toutes les émotions», rappelle Danielle Trottier.

Et vous souvenez-vous de la fameuse promesse que la jeune Isabelle Chamberland a faite à sa mère sur son lit de mort, à propos de la chocolaterie? Danielle Trottier s'en souvient, évidemment. Et elle promet de bien boucler la boucle.

Dès septembre, Danielle Trottier signera pour Radio-Canada, après 12 ans passés à bosser pour TVA, un nouveau téléroman intitulé Unité 9. On y suivra cinq femmes incarcérées dans un pénitencier fédéral comme celui de Joliette. Fabienne Larouche produira cette série.