La vedette a de l'avenir au Québec, tout particulièrement en télévision. C'est frappant, cette saison, le nombre d'émissions où la vedette s'infiltre peu discrètement. La vedette rayonne dans les quiz traditionnellement réservés aux gens du public, la vedette rigole en se regardant dans ses pires moments télévisuels et la vedette flatte - dans le sens du poil - d'autres vedettes comme elle dans un festival interrompu d'autocongratulation.

Dans Duo, la quotidienne de la chaîne V animée par Josée Boudreault, la vedette déboule en groupe de six pour partager secrets d'amitié et petits travers sympathiques. Dans Atomes crochus, à la même antenne, la vedette débarque en paquet de six et, sous le prétexte d'aider deux concurrents à ramasser des sous, enfile les gags et se met, bien sûr, en vedette.

Même principe pour Le tricheur de TVA: la vedette joue pour un organisme caritatif, mais profite de la tribune pour étaler ses connaissances générales et son sens de la répartie furieusement aiguisé. À Privé de sens et à L'union fait la force, la vedette appelée en renfort essaie, du mieux qu'elle peut, de faire triompher son équipe.

Chez Patrice L'Ecuyer, qui nous implore de ne pas envoyer de fleurs les jeudis soir, la vedette utilise des procédés caustiques ou baveux pour rendre hommage à une autre vedette couronnée. Le résultat reste le même: la vedette aime la vedette. Chez France Beaudoin, qui nous transporte En direct de l'univers les samedis, la vedette déploie ses talents en chanson pour tirer les larmes à une autre vedette bien établie.

Véronique Cloutier et Éric Salvail se disputent aussi âprement la vedette pour leurs émissions respectives Les enfants de la télé et Fidèles au poste. Très souvent, la vedette se pointe chez l'un une semaine et chez l'autre la suivante ou vice-versa. Les archéologues des archives télévisuelles s'arrachent alors les cheveux: quels extraits pas encore vus par 1,5 million de personnes allons-nous catapulter en ondes?

Dans ses temps libres, la vedette se paye une décoratrice à Canal Vie et la vedette se confie à Louise Deschâtelets ou à Josélito Michaud. Même des émissions comme Paquet voleur et La une qui tue, qui mettent en scène des concurrents non inscrits au bottin de l'Union des artistes, embrassent cette tendance lourde avec leurs éditions spéciales bourrées de vedettes.

Sollicitée de toutes parts, la vedette frôle la surexposition et le burnout, je vous jure. Si Jobboom publiait aujourd'hui un palmarès des professions les plus demandées pour les prochains mois, la vedette caracolerait en tête avec grutier, médecin de famille et politicien inspirant.

Ce culte de la vedette ne date pas d'hier, c'est évident. Mais avec la multiplication des stations et le fractionnement des auditoires, la vedette représente une des dernières valeurs sûres: elle attire les téléspectateurs. Comme ça. Surtout si la vedette est un humoriste connu, alors là, c'est le gros lot. Et la popularité de la vedette grandit encore plus parce que, justement, elle multiplie les apparitions sur toutes les antennes.

Pour un producteur, c'est quasiment magique et trop facile: la vedette sait faire de la télé, la vedette n'est pas intimidée par les caméras et la vedette sait à quelle heure arrive le punch. Pourquoi s'en priver?

Il reste que le point de saturation a été atteint, à mon avis. Tôt ou tard, la vedette manquera d'anecdotes savoureuses, croustillantes ou comiques à raconter. Et le public s'en lassera.

Ce n'est pas comme si le bassin de vedettes québécoises se renouvelait très rapidement. Des Louis-José Houde, Stéphane Rousseau, Michel Barrette et Lise Dion, le Québec n'en compte pas des tonnes.

Car, voyez-vous, la vedette qui pogne est du groupe A. C'est la vedette plus ultra, c'est l'élite. Il n'y en a pas des tonnes. La vedette de catégorie B la remplace parfois, mais les producteurs préfèrent - et de loin - la vedette de calibre A.

Dans ce système autosuffisant, il y a très peu de place pour la relève, pour les nouvelles têtes talentueuses, appelons-les vedettes C. Comme les grands plateaux déroulent le tapis rouge aux A, la vedette C n'a pratiquement plus de chances d'accéder au statut de B, puis à celui de A, vous suivez?

Conséquence? Le showbiz se replie de plus en plus sur lui-même et les mêmes visages inondent toutes les chaînes.

Oui, on les aime nos vedettes, mais pas partout, à toutes les heures. Chers diffuseurs, forcez-vous donc pour développer de nouveaux concepts originaux qui nous sortiront des jeux banals où l'on demande à Mahée Paiement et Bianca Gervais: «Laquelle d'entre vous est la plus gratteuse» ?

Je lévite

Avec la pub de lait rythmée par Le temps est bon d'Isabelle Pierre. C'est rare que l'hiver québécois, l'hiver de force, soit aussi bien dépeint. Les bonnets de laine, les bourrasques de neige et les décors en teinte de blanc crème, tout ça se fond parfaitement avec cette belle chanson, qui a aussi servi de trame sonore au film Les mâles de Gilles Carle. Très joli.

Je l'évite

La chanson Booty Shake du Français Matt Houston. Je vous ai confié récemment détester toutes ces chansons pseudo bilingues à la Brand New Chick d'Anjulie. En voici une autre à ajouter à la liste. «On veut tous ton rond booty shake quand tu wind comme un snake». S.O.S langue française.

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