Le carnage annoncé n'a pas eu lieu. Le massacre à la tronçonneuse non plus. Ricky Gervais a dosé son niveau de corrosion dimanche soir et n'a pas insulté autant de vedettes que l'an dernier, où ses gags acides ou carrément méchants avaient mis Hollywood sens dessus dessous.

Ça ne veut pas dire que le franc-tireur britannique a été ennuyant. Son sourire baveux et ses observations grinçantes sur le showbiz américain ont visé juste, la plupart du temps. Car Gervais a échappé quelques gags de mauvais goût. Par exemple, devait-il traiter Elton John de reine de la pop? Pas sa meilleure ligne, mettons. Madonna l'a ensuite remis à sa place, comme ça, du tac au tac.

Fidèle à sa réputation, Ricky Gervais a servi quelques rasades sarcastiques aussi pétillantes que le champagne qui coulait aux tables circulaires, sans toutefois que les flûtes ne débordent et sans que personne ne s'étouffe en les sirotant.

Bref, le comique à barbichette, de retour au gouvernail pour une troisième année, a été plus modéré, moins mordant. Dans les premières secondes de son monologue d'ouverture, beaucoup moins abrasif que l'an passé, on a senti cette retenue.

L'animateur a lâché ses «bombes de vérité» non pas sur les stars plantées devant lui, ce qui aurait été plus courageux, mais sur des cibles faciles et éloignées comme Kim Kardashian et Justin Bieber. En fait, seule Jodie Foster au parterre est passée dans le tordeur. Gervais aurait pu choisir un acteur plus controversé pour déverser son fiel. Passons.

Autre problème de Gervais, c'est que nous l'avons très peu vu. Surtout que toute la promotion autour des Golden Globes a été centrée sur lui. Buvait-il seul en coulisses? En fait, ce 69e gala ne passera pas à l'histoire, notamment en raison des remerciements peu inspirés de la part de la majorité des lauréats.

Parlant de gagnants, décortiquons maintenant les catégories de télévision. Deux observations. D'abord, la Hollywood Foreign Press Association a été fidèle à sa réputation de plébisciter plusieurs recrues au détriment de séries bien établies. Conséquence: j'aurai une tonne de rattrapage à faire, car je n'ai vu ni Boss, ni Homeland, ni Enlightened, ni Luther, ni American Horror Story, toutes des émissions ayant été applaudies dimanche soir. Faudra attendre la sortie des DVD dans quelques mois ou s'abonner à un bouquet de chaînes payantes, car plusieurs de ces titres sont difficiles à suivre en temps réel ici.

Au rayon des dramatiques, bye bye Boardwalk Empire. Le trophée de la meilleure série a atterri dans la cour de Homeland, une production de Showtime mettant en vedette la lumineuse Claire Danes. Ça raconte quoi? L'histoire d'une agente de la CIA qui se décarcasse pour empêcher une attaque terroriste en sol américain.

Dans l'ordre logique des choses, Claire Danes, toujours pour Homeland, a éclipsé des rivales de grand talent dont Julianna Margulies (The Good Wife) et Madeleine Stowe du soap Revenge, qui n'aura complété son grand retour qu'à moitié, finalement.

Kelsey Grammer, ex-vedette de la sitcom Frasier, a gagné pour une série que peu de gens connaissent, soit Boss de la chaîne Starz. Pour son rôle d'un maire de Chicago atteint d'une maladie dégénérative qu'il cache au public, il a envoyé au tapis Steve Buscemi de Boardwalk Empire et Bryan Cranston de Breaking Bad.

Côté comédies, c'est la délicieuse Modern Family qui a été célébrée. Télé-Québec présente cette Famille moderne les mercredis à 19h. C'est vraiment excellent.

Première vraie surprise dans cette fête un peu terne: Matt LeBlanc, loin d'être le meilleur acteur de sa génération, soyons honnête, a été remarqué pour sa présence dans Episodes de la chaîne Showtime. Pardon? LeBlanc, catapulté dans le star système grâce à son rôle de Joey dans Friends, joue dans Episodes son propre rôle, soit celui d'un acteur de sitcom un peu bête. Le couple de britanniques qui partage le petit écran avec LeBlanc est pas mal plus drôle. Faites moi confiance.

Chez les actrices comiques, Laura Dern a battu des chouchous de la critique comme Zooey Deschanel de New Girl, Tina Fey de 30 Rock et Amy Poehler de Parks and Recreation. Dern a triomphé pour Enlightened du réseau HBO, une série douce-amère où elle incarne une quadragénaire au bord de la crise de nerfs qui perd son boulot et qui se soumet à une thérapie «new age» pour reconstruire sa vie.

La minisérie britannique Downtown Abbey, qui se déroule en 1912 et que vous pouvez acheter en ligne sur la boutique iTunes, a battu la favorite Mildred Pierce de HBO.

Chez les actrices de miniséries, Kate Winslet a rattrapé l'honneur en étant couronnée pour sa prestation dans Mildred Pierce, une production de cinq heures adaptée d'un roman de James M. Cain où elle incarne une propriétaire de restaurant pendant la Grande Dépression. Super Écran la diffuse présentement.

Puis, Idris Elba, vu précédemment dans The Wire, a été remarqué pour son rôle de détective atypique dans la minisérie Luther, une production de la BBC.

Comme bien d'entre vous, j'ai l'impression que les prochaines semaines serviront à voir toutes ces oeuvres qui n'ont pas encore clignoté sur nos radars. Aurons-nous le temps de tout dévorer?