Dimanche soir, dans l'ambiance festive et décontractée de l'hôtel Beverly Hilton, je souhaite à l'actrice Madeleine Stowe, tête d'affiche du succulent soap-thriller Revenge, d'empoigner le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique. Je lui souhaite même de battre l'extraordinaire Julianna Margulies, qui a été superbe, comme toujours, dans la deuxième saison de The Good Wife, que V diffuse sous le titre d'Une femme exemplaire le mardi soir.

Bon, vous vous interrogez sûrement: Madeleine qui? Stowe, Madeleine Stowe, une vedette délavée des années 90 qui a tourné dans des films comme 12 Monkeys, Short Cuts et Le dernier des Mohicans avant de s'évanouir dans la brume et devenir membre en règle du populaire club des has been.

Mais, vous le savez bien, Hollywood adore les histoires de «grand retour» et le feuilleton Revenge d'ABC, où Madeleine Stowe campe une riche reine de la haute société new-yorkaise, a eu le même effet magique sur sa carrière d'actrice que Desperate Housewives sur celle de Teri Hatcher en 2005. D'un coup de zapette, pouf!, Madeleine Stowe est redevenue la coqueluche des médias.

Ses détracteurs lui reprochent de s'être offert ce «grand retour» à coups d'injection de Botox, de déridage de paupières et de remplissage de pattes d'oie bien creuses. Sans doute. En même temps, ce front lisse comme un oeuf qu'elle exhibe dans Revenge colle parfaitement à la réalité du personnage puissant et cruel qu'elle incarne, soit la glaciale Victoria Grayson.

Revenge, c'est un plaisir télévisuel coupable qui incorpore de façon astucieuse des éléments de Gossip Girl, Dynasty et Damages. Attention, danger de dépendance. Les lecteurs d'Alexandre Dumas y détecteront aussi tous les thèmes du Comte de Monte-Cristo, soit l'injustice, l'exclusion, la richesse et la préparation minutieuse de la vengeance.

Dans Revenge, le personnage du jeune marin Edmond Dantès créé par Alexandre Dumas - le héros vengeur - a été féminisé. Il s'agit d'Emily Thorne (Emily VanCamp), qui a, jusqu'ici, coulé des jours paisibles dans une coquette maison d'été des Hamptons avec son papa, un type de Wall Street aimant et droit.

Le père de la petite Emily travaille alors pour Conrad Grayson, l'influent mari de Victoria, qui dirige une importante firme d'investissement. Du jour au lendemain, la vie d'Emily s'écroule: son père est victime d'un coup monté par ses associés, puis accusé d'avoir financé un attentat terroriste. Il disparaît en prison et meurt, tandis qu'Émily perd tout (pour l'instant) et aboutit dans un centre pour délinquantes juvéniles.

C'est dans son propre château d'If, où elle mangera quelques volées d'ailleurs, qu'Emily orchestrera le plan pour venger son papa. Dix-sept ans après la déchéance du père en question, Emily rachète - à fort prix - la résidence familiale des Hamptons, l'endroit de villégiature où le Tout-Manhattan friqué fuit les chaleurs torrides de l'été. Personne ne reconnaît Emily dans les rues de Montauk, qui a énormément changé depuis sa dernière apparition publique, alors qu'elle n'avait que 5 ou 6 ans.

Comme dans Damages, le premier épisode de Revenge (1,99$ sur la boutique iTunes, en anglais seulement) nous montre tout de suite la fin de la première saison: disparition, cadavre, coup de feu et tout le bazar. Puis, épisode par épisode, on remonte le fil des événements diaboliques mis en place par Emily Thorne, douce et charmante en public, mais impitoyable et sévère en privé.

En une semaine, soudé à mon écran plat, j'ai été complètement aspiré dans cet univers luisant où grenouillent requins de la finance et organisatrices d'événements de charité extra gratinés. Parfois, c'est exagéré et théâtral, comme tout téléroman-savon qui se respecte, mais les nombreux rebondissements de Revenge sont d'une efficacité redoutable, ce qui devrait inspirer certains de nos créateurs d'ici, qui ne possèdent malheureusement pas ce sens du punch.

Et cette Victoria Grayson, personnifiée par Madeleine Stowe, est une femme fascinante, toujours moulée dans des robes Hervé Léger qui mettent en valeur son corps de quinquagénaire taillé au couteau. Froide mais amoureuse romantique, intransigeante mais capable de tout pardonner à sa meilleure amie, Victoria est complexe et difficile à décrypter. On finit même par la trouver attachante, malgré tous les coups fourrés qu'elle mijote.

Oui, c'est peut-être Emily Thorne qui se venge de Victoria Grayson et son clan de privilégiés dans Revenge. Dans en réalité, c'est l'actrice Madeleine Stowe qui prend sa revanche sur tous les directeurs de casting et les réalisateurs qui l'ont peut-être catégorisée trop vieille, trop fripée, trop rapidement.

Je lévite

Avec Charlize Theron dans le film Young Adult. Le plus récent long métrage de Jason Reitman (Up in theAir, Juno), scénarisé par Diablo Cody, met en scène un personnage détestable, sans filtre et arrogant: celui de Mavis Gary, 37 ans, auteure de romans pour adolescentes. Et Charlize Theron incarne avec brio cette femme-enfant, populaire à l'école secondaire, qui projette l'image d'une grande conquérante, mais qui est plutôt une perdante finie. Superbe performance.

Je l'évite

Les pubs de Québec 49 avec Anthony Kavanagh. Sérieusement, aucun rédacteur publicitaire n'avait rien de plus intelligent à lui faire dire que ça? Me semble qu'une vedette de ce calibre mérite des répliques intelligentes et un canevas convenable (et drôle) quand il s'associe à une grande société d'État québécoise, non?