La très grande force du premier épisode de la nouvelle série RBO 3.0? La juxtaposition des pubs originales avec les parodies décapantes qu'ont bricolées André Ducharme, Yves Pelletier, Guy A. Lepage et Bruno Landry pendant les belles années du groupe humoristique mythique.

Revoir la famille Slomeau déguster de la fondue Swiss Knight tout en regardant, dans l'autre moitié de l'écran, la pub originale où le papa gambadait dans l'entrée de la maison après que ses enfants lui eurent crié «on mange de la fondue», c'est génial. Et c'est à ce moment que l'on constate le travail d'orfèvre qu'ont accompli Rock et Belles Oreilles et les réalisateurs de l'époque, Michel Poulette et Monique Turcotte, dans la fabrication de ces petits bijoux aux rebords coupants.

À l'époque, soit du milieu des années 80 au milieu des années 90, chacun des plans des parodies publicitaires était minuté, découpé et reproduit exactement comme dans la réclame d'origine. Vous le constaterez en vous repassant la célèbre pub du catalogue de Distribution aux consommateurs jumelée à celle que RBO a refaite, Contribution au distributeur. En les voyant défiler côte à côte, on ne peut que saluer le sens aigu d'observation de l'équipe: rythme, décors, vêtements ou expressions faciales exagérées, tout y est reproduit de façon impeccable.

C'est ce que vous découvrirez dans le premier des huit épisodes de 30 minutes de RBO 3.0, que Radio-Canada lancera le lundi 9 janvier à 21h30, tout de suite après Les Boys 5. Stéphan Bureau l'anime et chacune des tranches de la série aborde un thème précis comme la pub, la culture populaire, les nouvelles à la télé, le sexisme, la politique, le sport ou la rectitude.

Uniquement pour rigoler des parodies comme Provigro, Daniel Spécifité, Club Merd, Pharmalaprix, Dimiprix et All-Brun, et remonter à leur source, il ne faut absolument pas rater ce premier épisode. Personnellement, en tant qu'admirateur fini de RBO, je n'avais jamais vu la vraie publicité (Siligaz) ayant dérivé en celle de Similigaz produite par le groupe. Et bien honnêtement, l'originale de RadioShack est quasiment plus drôle que sa deuxième version, Radio-Scrap.

L'épisode sur la politique, le dernier et huitième de la série, est moins efficace, justement parce que l'effet d'avant-après y est moins bien exploité. Ça fonctionne quand on colle un discours de Lucien Bouchard suivi de l'imitation d'André Ducharme ou une allocution en anglais de Pauline Marois doublée de sa caricature par Guy A. Lepage. Mais revenir sur les origines du sketch du 4e Reich, c'est du déjà-vu, déjà entendu.

Par contre, les imitations de Jean Garon, Michaëlle Jean, Mario Dumont, Stéphane Dion, Pierre Elliott Trudeau ont bien vieilli, tout comme le sketch Antipalestine, devenu classique. Déjà à l'époque, RBO écorchait la corruption municipale et pestait contre l'échangeur Turcot, même s'ils n'excellaient pas dans cette sphère. Car, entre vous et moi, la force de RBO résidait beaucoup plus dans le regard de faucon que le groupe posait sur la télévision que sur leurs observations politiques. On le constate quand le quatuor ressort des boules à mites la parodie de Misez juste à TQS, rebaptisée le Price is Right des cheapos. Hilarant.

Quand viendra le temps d'analyser les téléromans, vous ne reverrez malheureusement pas les scènes originales des Deux de pique ou des Nachos que RBO avait recréées avec une précision d'horloger. La raison? Lise Payette a refusé de libérer les droits des Dames de coeur et des Machos. «C'est peut-être sa façon de prendre sa revanche, constate Bruno Landry. Mais beaucoup plus de gens ont accepté que refusé. Même Daniel de Daniel Spécialités a accepté.» Durant sa carrière, Rock et Belles Oreilles a accouché d'environ 60 heures de télévision, dont environ le tiers a été commercialisé en DVD. La série télé n'a rien à voir avec celle diffusée quotidiennement cette semaine à 10h sur la chaîne 95,1 FM. Il s'agit de deux produits différents et indépendants.

Initialement, la SRC prévoyait diffuser RBO 3.0 en rafale pendant le temps de Fêtes. Voyant le potentiel du projet, Radio-Canada l'a installé dans la case devant initialement accueillir Pérusse Cité cet hiver. Le dessin animé de François Pérusse a donc été repoussé au printemps et atterrira dans la plage horaire des Parent quand ils quitteront l'antenne, fin mars.