À quand un Ricky Gervais québécois?

Ricky Gervais, son traditionnel verre de bière à la main, a été impeccable dans l'animation de la 68e soirée des Golden Globes hier soir. Super baveux, extra sarcastique, l'acteur et humoriste britannique a multiplié les vannes et les blagues salées envers le gratin bien gratiné de Hollywood.

Évidemment, les stars au parterre de la salle de bal du Beverly Hilton, qui s'enfilaient du Moët & Chandon comme si c'était leur travail, n'ont pas trop rigolé, sinon en grinçant des dents nerveusement. Mais, dans nos téléviseurs, ça donnait un méchant bon spectacle. C'est ici que la grande question se pose: avons-nous assez d'humour et d'autodérision pour qu'un animateur incisif comme Ricky Gervais tienne le gouvernail de l'un de nos galas comme les Jutra, les Artis ou les Gémeaux?

Pas certain que Radio-Canada ou TVA accorderait autant de liberté dans l'écriture des textes. Imaginez un Charles Lafortune pousser des gags aussi féroces pendant le gala Artis: comment la salle réagirait-elle? Et, surtout, les téléspectateurs apprécieraient-ils de voir leurs chouchous passer aussi violemment dans le tordeur? La réponse est: non, malheureusement. Notre milieu est tricoté trop serré et les cicatrices ne se refermeraient probablement jamais.

Pourtant, ça mettrait pas mal de piquant dans ces cérémonies beaucoup trop sages depuis quelques années. Hier soir, des internautes ont suggéré le nom de l'humoriste Sugar Sammy pour accomplir la tâche. Serait-ce possible? Il a volé la vedette aux Olivier le printemps dernier.

De retour aux Golden Globes, maintenant. La nouveauté a encore été célébrée hier soir, en télévision du moins, mon champ d'expertise. Aucun vainqueur de l'an passé, en excluant Glee, n'a gagné une deuxième fois. Glee a par ailleurs moissonné trois trophées, la récolte la plus abondante du gala, un de plus que Boardwalk Empire.

Surprise en commençant: Katey Sagal de Sons of Anarchy, qui a pris les traits de Peggy Bundy dans Married with Children de 1987 à 1997, a écrasé des poids lourds comme Julianna Margulies (The Good Wife) et Kyra Sedgwick (The Closer) pour le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique. Elle-même semblait sous le choc et étonnée.

Sons of Anarchy, qui ne passe pas en français chez nous, en est à sa troisième saison sur la chaîne câblée F/X. La série raconte l'histoire d'un club de motards du nord de la Californie. Récemment, vous avez aussi vu Katey Sagal dans Lost (la femme de John Locke) et dans 8 Simple Rules.

Chez les hommes, c'est Steve Buscemi de la nouvelle série Boardwalk Empire de HBO - en ondes depuis hier à Super Écran - qui a triomphé.  J'aurais préféré Bryan Cranston de Breaking Bad, mais bon.

Trente secondes plus tard, bam! la recrue Boardwalk Empire raflait la statuette de meilleure série dramatique, expédiant au tapis Mad Men, Dexter, The Good Wife et The Walking Dead. La Hollywood Foreign Press Association, qui attribue les prix, a la réputation de craquer pour les fournées d'émissions tout juste sorties du four.

Et la meilleure comédie? Glee, plébiscitée pour la deuxième année de suite. Honnêtement, l'équipe de Modern Family aurait dû monter sur la scène, ici.

Laura Linney, absente des festivités d'hier en raison de la mort de son papa, a été couronnée meilleure actrice dans une comédie pour sa participation à The Big C, série qui a débuté sur Showtime cet automne. L'histoire? Celle d'une banlieusarde et prof au secondaire qui cache son état de cancéreuse à sa famille.

Bazinga! C'est Jim Parsons, le Sheldon névrosé de The Big Bang Theory, qui a été choisi meilleur acteur comique, détrônant Alec Baldwin de 30 Rock. Après son Emmy en août, Parsons dépose une autre statuette (bien méritée) sur son manteau de cheminée.

Dans un rôle de soutien, Chris Colfer, qui joue Kurt l'ado gai dans Glee, a livré un des discours les plus émouvants de la soirée, dénonçant encore le taxage qui sévit dans de nombreuses écoles. Ses collègues de Glee avaient tous la larme à l'oeil en l'entendant au micro. Joli moment de télé.

Autre star de Glee récompensée hier: la délicieuse Jane Lynch, qui incarne la féroce coach Sue Sylvester avec brio et panache. Et avez-vous remarqué? Jane Lynch a remercié son épouse en direct à la télévision.

Du côté des miniséries et téléfilm, Al Pacino et Claire Danes ont été salués pour avoir pris les traits de personnes encore vivantes, soit le Dr Jack Kevorkian et Temple Grandin, une autiste de haut niveau qui a bûché très fort pour améliorer les conditions de vie des animaux dans les abattoirs.

Avant que les globes dorés ne déboulent, le réseau NBC - CTV n'ayant pas repris le signal - a diffusé une heure de tapis rouge chauffé notamment par Carson Daly et Alexa Chung, deux ex-VJ de MTV. Toujours très glamour et amusant de voir les Angelina Jolie, Brad Pitt et Nicole Kidman énumérer qui les habille, qui les coiffe et qui les botoxe (on peut toujours rêver).