Vous verrez le fameux «conventum» de Sainte-Jeanne-d'Arc, celui qui mijote depuis si longtemps dans Virginie, dans les semaines du 6 et du 13 décembre. Au total, 8 épisodes - sur les 1740 de la série complète - serviront à boucler les retrouvailles du téléroman de Fabienne Larouche, en ondes du lundi au jeudi depuis septembre 1996 à Radio-Canada.

Hier après-midi, beaucoup d'émotion et de nostalgie enveloppaient le plateau de tournage, qui a été transporté dans un centre de réception du boulevard Provencher, à Saint-Léonard. Pourquoi avoir quitté le sous-sol de la grande tour? Parce que les techniciens construisent présentement les décors de 30 vies - la nouvelle quotidienne de Fabienne Larouche avec Marina Orsini - dans les studios de Virginie. Manque d'espace, donc.

De toute façon, un conventum, ça se déroule dans un vrai décor de salle de bal un brin rococo et devant un vrai buffet chaud, non? Il ne reste que deux jours de travail sur Virginie, d'où la fébrilité d'hier. En s'adressant aux Fabien Dupuis, Stéphanie Crête-Blais, Martin Larocque et JiCi Lauzon, qui avaient tous la larme à l'oeil, Fabienne Larouche a aussi ravalé quelques sanglots.

Elle a rappelé que Virginie a été un exercice de style, une satire sociale «qui n'a pas été comprise par tous les spécialistes». Son inspiration? Woody Allen. «Le choix de la satire m'a été suggéré par les acteurs et je ne l'ai jamais regretté», assure-t-elle.

Malgré leur chicane très publique au printemps 2008, Fabienne Larouche a réservé de très beaux mots pour Chantal Fontaine, la première Virginie, «une fille d'équipe qui travaille avec acharnement et qui ne se plaint jamais».

Manque de bol: Chantal Fontaine, qui réapparaîtra dans les deux derniers épisodes du feuilleton, n'était pas présente pour entendre les compliments. Elle n'avait pas de scènes à l'agenda d'hier.

En entrevue, Fabienne Larouche a fondu en larmes devant quelques journalistes en se remémorant les débuts de Virginie, dont les premiers textes datent de 1992. Le projet portait alors le titre de Poly pour la vie. Honnêtement, pour avoir vu Fabienne dans toutes sortes d'états au fil des ans, c'était la première fois qu'elle me paraissait aussi vulnérable, aussi triste (vraiment) et aussi à fleur de peau.

Pour elle, Virginie, c'est l'émancipation, c'est le début de sa carrière de scénariste à elle, sans son partenaire de l'époque, Réjean Tremblay. «Réjean pensait que je ne savais pas écrire», se rappelle-t-elle entre deux pleurs.

L'auteure et productrice a encore sur le coeur «le mépris» dont elle dit avoir été victime pendant le règne de Virginie. «Je l'ai ressenti. On a été jugés sévèrement par des gens qui n'aimaient pas la télé et qui n'aimaient pas ce genre-là», indique Fabienne Larouche.

La fin des classes à Sainte-Jeanne-d'Arc crée aussi un gros vide. «J'ai perdu mes amis», remarque Fabienne Larouche, tout en félicitant ses troupes. «On l'a fait. Personne ne peut nous l'enlever.»

Critiques positives ou négatives, on s'entend que tous les épisodes n'ont pas été géniaux, Virginie a, dans ses belles années, souvent fracassé la barre du million de téléspectateurs. Aujourd'hui, l'auditoire se chiffre à environ 600 000 fans. «On a perdu beaucoup moins de monde que les grosses séries», souligne Fabienne Larouche.

Au fil des ans, Fabienne Larouche a écrit 1250 premiers rôles dans Virginie et au moins 1800 comédiens différents y ont bossé. «C'est une chronique que j'écrivais. Comme dans un journal», note-t-elle.

Joëlle Morin (Cathy Laurendeau), Martin Larocque (Hercule Belhumeur), JiCi Lauzon (Pierre Lacaille) et Pascale Desrochers (Louise Pouliot) figurent parmi les acteurs qui comptent le plus d'apparitions cumulées dans Virginie, car personne n'y a joué du début à la fin.

Par exemple, Pouliot et Lacaille ont chacun décroché 700 jours de tournage, «l'équivalent de 28 longs métrages», selon Fabienne.

Et la grande fin, prévue le jeudi 16 décembre? Fabienne Larouche souhaitait une conclusion qui lui procure le même niveau d'émotion que lorsqu'elle a visionné l'épilogue de Lost. On peut donc s'attendre à tout. Pour 30 vies, Fabienne Larouche songe maintenant à collaborer avec d'autres auteurs, elle qui a piloté Virginie en solo pendant 15 ans.

L'état-major de Radio-Canada s'est aussi déplacé à Saint-Léonard, hier, pour saluer la gang de Virginie une dernière fois. Le directeur des émissions dramatiques, André Béraud, a souligné la passion et la dévotion qui ont animé Fabienne Larouche pendant les 14 saisons et demie du téléroman. «Avant qu'on en voie d'autres comme elle, les poules vont avoir des dents», constate André Béraud.

Photo: François Roy, La Presse

Hier après-midi, beaucoup d'émotion et de nostalgie enveloppaient le plateau de tournage de Virginie, dont la grande finale est prévue le 16 décembre. Le téléroman de Fabienne Larouche (qu'on voit ici à droite entourée d'une partie des comédiens) est en ondes depuis septembre 1996.