Contrairement à la majorité de mes collègues, la téléréalité ne m'irrite pas autant que cette publicité de McMini à la mangue (choriste: elle a dit pause!). C'est un genre télévisuel assez divertissant, rigolo, qui nous permet de mettre notre cerveau à zéro et de commérer un brin méchamment sur les participants trop bronzés (méchant bel ensemble Joshua Perets, soit dit en passant). Voyez?

Mais voilà, cet automne, les téléréalités fabriquées au Québec ne remplissent toujours pas leurs promesses de trahisons et de triangles amoureux qui se dessinent dans la maison de l'amour. La collection à TVA, c'est bien ficelé, mais ça dégage un fort parfum de mode recyclée avec d'autres morceaux du même genre comme Project Runway ou The Cut.

Chez Occupation double 7, déménagé de Las Terrenas à Whistler, l'émission du dimanche 10 octobre a été d'une platitude extrême, malgré les décors enchanteurs de montagnes, l'enthousiasme de Pierre-Yves Lord et tout et tout. Quel vide total. Mais rien de pire que Big Brother à V, qui a été catastrophique le printemps dernier.

C'est souvent comme ça dans Occupation double: la chicane met quelques semaines avant de s'installer confortablement dans les (méga) cabanes. En regardant les émissions du dimanche d'OD, on perçoit très bien que les concepteurs suent sang et eau (Eska) pour ébranler, déstabiliser les célibataires et installer des conflits. Rien à faire, Magali garde son sourire, Kylla aussi, Nathalie aussi. Même les trois colocs invités chez les filles pendant une semaine n'ont pas semé la zizanie. Misère.

Dans le dernier chapitre dominical d'Occupation double, la production a (encore) ramé très fort pour mettre en évidence toutes les répliques dites assassines, notamment celles lancées par Charles, pourtant l'un des candidats parmi les moins flamboyants du lot. On est loin des crises de larmes épiques de Claudia ou de Natasha. L'air frais des Rocheuses aurait-il frigorifié et pétrifié nos Québécois en quête des deux Mazda? Il manque cruellement de «personnages» forts et assumés, un rôle que remplit plus ou moins bien Judith jusqu'à présent. Chez les gars, aucun stratège, aucun manipulateur, c'est décevant.

Autre question qui tue: après sept saisons à l'antenne, le concept d'Occupation double s'essoufflerait-il? Remplacer Joël Legendre par Pierre-Yves Lord n'a pratiquement rien changé au format de la téléréalité: le jeu de la bouteille, les questionnaires épicés ou les voyages exotiques, dont la finale à Bora Bora, le téléspectateur ne se surprend de presque rien.

Et, entre vous et moi, est-ce normal que des adultes de 25 ou 26 ans s'expriment à ce point mal que TVA doive les sous-titrer pour que l'on puisse décoder leur langage d'homme des cavernes? C'est particulièrement dérangeant cette saison: les gars marmonnent et butent sur des mots de troisième année, tandis que les filles nous servent du franglais comme si c'était du Bailey's (un autre commanditaire omniprésent de l'émission).

Dimanche, le célèbre Jimmy-du-281 a admis qu'il appréciait la danse - quelle surprise - et qu'il aimerait bien assister à une représentation des «Grands ballets du Canadien» (ça doit bien jouer au Centre Bell, ce nouveau spectacle-là). Sans compter les «ça la pas d'allure» ou les «si j'aurais» qui ponctuent les dialogues. «On a la même humour!» s'est même exclamé Jean-Philippe après un cocktail avec fille no 4.

Les quatre premières tranches dominicales d'Occupation double ont scotché une moyenne de 1 576 000 accros à leur téléviseur, soit environ 150 000 de moins qu'à pareille date l'an passé. Pas de panique aux audimètres, donc. Mais on attend de l'action, de grâce.

Chez Dubois en réalité, mardi passé, Crystal a donné une accablante leçon de féminité à sa petite Mélody Cléa, 3 ans. «Je vais t'introduire dans le monde de la mode tout de suite», a dit Crystal en montrant des images de filles filiformes à l'adorable gamine. Conclusion de cette classe de maître? «Les cheveux longs, c'est plus féminin», a résumé Crystal. Eh bien. Faudra peut-être en glisser un mot à Victoria Beckham, Michelle Williams et Winona Ryder.

Photo: André Pichette, La Presse

Anastasia, une des candidates effacées d'Occupation double 7.