Ça peut paraître comme du polissage d'image ou un joli boulot d'autopromotion, et cela l'est pas mal, mais reste que Claude Dubois possède légalement - du moins, pour l'instant - le droit de vie ou de mort sur l'ensemble des chapitres de sa téléréalité.

C'est extrêmement frustrant pour la chaîne V, bien sûr, de se retrouver ainsi les mains liées. Tout ça parce que le producteur de Dubois en réalité, la boîte Trio Orange, a accordé à Claude Dubois, dans un contrat signé le 30 juin dernier, «un droit de regard» sur tout le contenu de la série. Selon ce qui a été dévoilé devant le juge Paul G. Chaput mardi soir, les patrons de V n'ont pas été avisés du super pouvoir qui a été transféré au papa de la petite Melody Clea.

Planté au coeur de cette saga juridico-télévisuelle, ce droit de regard, une forme d'approbation implicite, n'avait jamais été détaillé de façon spécifique. Puis, le 9 septembre, une lettre manuscrite du producteur, en réponse à une première mise en demeure du clan Dubois, a cristallisé et défini ce fameux «droit de regard», a indiqué en cour l'avocate de Claude Dubois, Micheline Parizeau.

De quelle façon? Ladite missive, signée par le vice-président de Trio Orange, Carlos Soldevila, spécifiait clairement que le chanteur populaire devait approuver toutes les émissions avant leur présentation sur V et que ce droit était «inaltérable». Donc, une fois que l'interprète de Comme un million de gens avait sanctionné l'épisode, plus question de touiller le matériel audiovisuel par la suite.

Cette possibilité de jouer à Dieu a bel et bien été accordée à Claude Dubois. Il serait bien fou de ne pas s'en prévaloir, notamment pour nettoyer une image peu flatteuse ou un chapelet de sacres, non? Pas certain qu'au bout du compte cette stratégie de contrôle autopromotionnel servira bien l'auteur-compositeur-interprète de 63 ans.

Rappelez-vous Ozzy Osbourne, vieux chanteur croulant et déchu, qui a entraîné sa petite famille dans un projet de téléréalité similaire à celui de Claude Dubois, Crystal Miller et leurs deux enfants. Dans The Osbournes, la caméra de MTV nous montrait un rockeur confus, âgé, tremblotant, excédé et qui sacrait abondamment. Un désastre de relations publiques, analyseraient des «spin doctors».

Pourtant, la cote de popularité et de sympathie d'Ozzy-le-croqueur-de-chauve-souris a explosé après la diffusion des Osbournes. Même phénomène d'affection spontanée pour la téléréalité Family Jewels de Gene Simmons, bassiste du groupe Kiss, où il nous amenait même en clinique de chirurgie plastique pour y subir des interventions filmées. Ce succès télé l'a aussi ressuscité, médiatiquement parlant.

Si Claude Dubois croyait monopoliser les ondes de V pour redorer son image publique après le désolant incident du vaccin, c'est raté. Avec Dubois en réalité, il cimente plutôt son image de diva.

Au Québec, on aime nos vedettes imparfaites, simples, qui pètent parfois des plombs, qui s'impatientent, qui commettent des gaffes et qui, sacrilège! émettent des jurons à l'occasion. En 2003, Michèle Richard n'a pas souvent été montrée sous un bel éclairage dans sa téléréalité éponyme et encore ici, cette production l'a remise sur la carte et lui a apporté une flopée de nouveaux fans, dont plusieurs jeunots qui n'avaient jamais connu la glorieuse époque des Boîtes à gogo.

Hier, personne n'a pu indiquer si Dubois en réalité mourrait au feuilleton ou si les tournages se poursuivraient. V a annoncé en fin de journée qu'elle ne «diffusera aucun épisode de Dubois en réalité, et ce, tant et aussi longtemps que les producteurs de Trio Orange et Claude Dubois ne seront en mesure de fournir un contenu qui reflète l'entente intervenue entre les parties».

L'assistante et directrice de tournée de Claude Dubois, Johanne Amyot, a été muette comme une carpe sauf pour ploguer un spectacle de l'artiste ce soir à la salle Odyssée de Gatineau. «Pour le reste, je n'ai aucune idée», a-t-elle répété en mode cassette.

Pour le défendre, Claude Dubois a embauché la pugnace avocate Micheline Parizeau, la même qui a réglé son divorce d'avec la comédienne Louise Marleau à l'automne 2009.

Micheline Parizeau, qui ferait elle-même un superbe personnage de téléréalité avec sa rousse chevelure abondante, ses gros bijoux dorés et sa valise de travail à motifs animaliers, a longtemps été la terreur des riches maris en instance de divorce. Ses méthodes et tactiques féroces ont d'ailleurs mené à sa radiation du Barreau du Québec pendant plus de sept ans. Cette spécialiste du droit matrimonial, âgée de 67 ans, n'a rendossé sa toge que récemment.

Honnêtement, ce n'est pas une avocate tigresse que Claude Dubois aurait dû recruter, mais bien un spécialiste de l'image de chez National. Mirador, ça ne lui sonne pas une cloche?

Si ça peut rassurer Claude Dubois, il n'est pas le seul à sacrer sur les ondes de V. Voici ce que le personnage de Patrice Robitaille a hurlé à son meilleur ami dans l'épisode de Prozac diffusé mardi soir: «Mon estie de chien sale. T'es rien qu'un tabarnak de crosseur. Une calisse de tache qui me court après depuis 30 ans. Crisse de loser de calisse.»

Et aucun juron n'a été couvert d'un blip. Aucun.