Avec tous les échos atroces qui bourdonnaient, je m'attendais à haïr ce Sex and the City 2 et à dénoncer la superficialité exacerbée des quatre nouvelles reines du désert. À bas la légèreté! À bas la consommation exagérée!

Le verdict, maintenant. C'est gênant à admettre, mais j'ai plutôt aimé ce deuxième opus qui baigne dans l'opulence et l'extravagance. Une vraie caverne d'Ali Baba remplie de Balenciaga et de Bottega Veneta.

 

Bon, allez-y, lancez-moi toutes les tomates de votre serre (mais faites gaffe à mes bermudas Wings&Horns, de grâce). C'est certain que le décalage entre la magnifique série télé, beaucoup plus subversive et crue, est énorme et ça, toutes les critiques publiées jusqu'à présent le soulignent à gros traits de Montblanc.

Calé dans mon fauteuil, c'est nono, mais uniquement de revoir Carrie déambuler dans New York avec ses escarpins impossibles, sa robe Halston très courte et ses verres fumés de star qui lui mangent la moitié du visage m'a accroché un gros sourire. Et la chroniqueuse recyclée en auteure de bouquins aux titres douteux comme Menhattan change de vêtements (griffés) 41 fois pendant le film. La récession? Quelle récession? Tout le monde chez Vuitton!

C'est superficiel, hurlez-vous. Oui, et alors? C'est correct, je crois, d'aimer autant Yasmina Khadra que Miuccia Prada et de vénérer autant Lisbeth Salander que Jil Sander. Tout est une question de dosage. Pourquoi une femme devrait-elle s'habiller en guenillou pour aborder des sujets sérieux comme le port du voile intégral?

Oui, Sex and the City repose beaucoup sur ce défilé de sacs Birkin, de lunettes Persol et de gaminets Dior - le film renfermerait pour 10 millions de dollars d'accessoires mode, selon la presse spécialisée. Oui, le réalisateur Michael Patrick King a poussé fort sur l'aspect comique en asseyant ses héroïnes sur des chameaux - avec des kits excentriques à 10 000$, bien sûr - et en les catapultant dans les dunes en talons hauts.

Tout ça pour le côté burlesque, pour la caricature et pour l'autodérision. Comme l'a déclaré King au magazine Entertainment Weekly: «Non, ce n'est pas réaliste, c'est Carrie en vacances. Qu'est-ce qui pourrait être mieux que ça?»

Conseil ici: il ne vaut mieux pas aborder ce film avec les écrits d'Andrea Dworkin en tête. Et il ne faut pas réduire Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda à des nunuches écervelées. Pendant deux heures trente, les drôles de dames, en plus de parader dans leurs robes de designer, jasent aussi de maternité, d'infidélité, de couples qui partent à la dérive, de ménopause, de concialition travail-famille et même de burkini. Dans une scène mémorable au souk, Samantha pique une sainte colère contre tous les intégristes qui refusent aux femmes une sexualité épanouie, libérée et affranchie. Bien envoyé.

Réfléchissez-y deux minutes: une bande de gars se soûlent pendant un week-end dans un hôtel de Las Vegas, multiplient les conneries et ça donne The Hangover. Personne ne se questionne sur le QI des personnages ou sur leur profondeur. Quand quatre femmes se paient du bon temps au Moyen-Orient, inévitablement, le poids de leur cerveau est analysé et leur intelligence, remise en question. Pourquoi ce deux poids, deux mesures?

À bien y penser, ce film aurait cependant dû s'appeler No Sex and the City. Car en excluant la tigresse Samantha, mettons que ça ne gigote plus et ça ne glousse plus beaucoup entre les draps en coton égyptien des trois autres héroïnes. Le contraste avec les émissions de HBO est saisissant: adieu les discussions au brunch sur le mauvais goût du sperme d'un amant de passage. Carrie et Big célèbrent leurs deux ans de mariage calés dans le sofa, Miranda flirte avec l'épuisement professionnel et les deux fillettes de Charlotte la poussent à se réfugier dans le garde-manger pour brailler. Et le sexe? Inexistant. Et New York? Plutôt absent.

N'empêche. On s'amuse avec le quatuor de fashionistas et on s'esclaffe encore à entendre les jeux de mots salés du style Lawrence of My Labia.

C'est évident que Sex and the City 2 ne se classe pas dans la catégorie des grandes oeuvres du cinéma. Mais un film d'été doit-il absolument être un grand film pour nous divertir ou pour nous extraire de notre train-train quotidien? Non. Alors, ne boudez pas votre plaisir. Au mieux, vous aurez payé une douzaine de dollars pour feuilleter un catalogue Holt Renfrew tout en rigolant. Au pire, vous aurez profité d'une séance d'air climatisé.

Je lévite

Avec le CD The ArchAndroid de Janelle Monae. L'extrait Tightrope était génial, l'album au complet l'est tout autant. Un habile mix de funk, de r'n'b et de soul. Essayez Dance or Die, puis Faster, et on s'en reparle.

Je l'évite

Le quiz Synchro à Radio-Canada. Stéphane Bellavance fait crouler de rire les préados sur les ondes de Vrak.tv, mais à la barre d'un jeu-questionnaire sérieux, il cabotine beaucoup trop et passe son temps à jouer à l'animateur télé plutôt que d'accomplir son boulot sans pousser une blague aux 30 secondes.