Cela faisait au moins trois ans que les comédiens Réal Bossé et Claude Legault - deux amis de longue date - planchaient sur la conception de leur série policière Deux beux, qui a été repêchée par Radio-Canada au début mars.

Bossé et Legault, qui devaient écrire et jouer dans ce projet, ont même effectué de la patrouille d'observation avec des policiers montréalais question de rendre plus réalistes, plus crédibles, leurs personnages de flics. Mais voilà, un conflit «sur la nouvelle orientation» donnée à la série a éclaté dans le noyau de création, forçant Claude Legault - la vedette la plus connue du tandem - à se retirer de Deux beux.Et comble de la coïncidence malheureuse, dans Deux beux, que réalisera Podz pour une diffusion à l'hiver 2011, les deux patrouilleurs en question se détestent et ne peuvent se blairer. L'un vient de la campagne, l'autre de Montréal. Coincés dans leur voiture de patrouille, ils apprennent peu à peu à s'apprivoiser en explorant le centre-ville de Montréal. Les tensions entres les deux agents fictifs se seraient-elles un peu trop collées à la vie réelle de Claude Legault et Réal Bossé?

Difficile de départager le vrai du faux dans cette chicane voilée de mystère. Les rumeurs font état de tensions entre Legault et Bossé, ce qui n'a toutefois pas été confirmé publiquement. Hier, les agentes représentant les deux auteurs et comédiens, Camille Goodwin et Micheline St-Laurent, n'ont pas commenté nos informations. En résumé: personne ne savait rien.

Alors, y a-t-il eu, oui ou non, chicane entre les deux concepteurs? «Je ne pense pas, répond Pierre Beaudry, le producteur de Deux beux pour Zingaro Films, une filiale du groupe Spectra. Claude Legault s'est trouvé de moins en moins à l'aise avec l'orientation de la série, qui se dirigeait vers un réalisme encore plus grand. C'est ce genre de malaise là qu'il a eu.»

Avant de donner le feu vert au tournage de Deux beux, qui démarrera en août, le directeur des émissions dramatiques de la SRC, André Béraud, a exigé que les épisodes de 30 minutes soient tous rallongés à une heure. Claude Legault a largué les amarres quelques semaines plus tard.

Radio-Canada n'a pas voulu préciser hier le contenu de cette «nouvelle orientation» des Deux beux qui a autant déplu à Claude Legault. Affaire privée, nous a-t-on répété.

«Claude Legault n'est pas à l'aise avec la série. C'est une séparation qui s'est bien faite. Il n'y a rien d'anormal là-dedans. C'est un processus de création habituel, le contenu évolue. Nous, à Radio-Canada, on aime Claude Legault autant comme comédien que comme personne humaine. On veut retravailler avec lui», explique André Béraud de la SRC en entretien téléphonique.

Le rôle, écrit par et pour Claude Legault, n'a pas encore été attribué à un autre acteur. Le processus de casting se poursuit. Au départ, seuls Claude Legault et Réal Bossé pondaient les textes de Deux beux. La scénariste Joanne Arseneau (Rock et Rolland, Tag) s'est jointe à eux plus tard. Elle n'a pas répondu à notre demande d'entrevue hier.

«Le titre Deux beux signale une comédie. Il va changer. Il n'a jamais été question que ce projet soit une comédie. À l'interne, nous l'appelons Police», confie le patron des dramatiques de Radio-Canada, André Béraud.

Négos rompues à TVA

Coïncidence? Les pourparlers entre la direction du vrai réseau et ses syndiqués ont été rompus lundi, le jour où le Groupe TVA a dévoilé à la presse financière ses résultats - plus ou moins satisfaisants - pour le premier trimestre de 2010.

Après six rencontres de négociation et 13 autres de conciliation, c'est la partie syndicale qui a choisi de quitter la table. «Après cette vingtaine de séances, nos positions ne fonctionnaient pas du tout avec celles de l'employeur», constate le président du Syndicat des employés de TVA, Réjean Beaudet.

Le syndicat souhaite notamment rapatrier à l'interne la production des émissions de télévision, réduire le taux de précarité d'emploi de ses membres (qui atteindrait près de 45 %) et décrocher la juridiction sur la production de contenus destinés aux nouvelles plateformes. Réjean Beaudet note aussi que des cadres «ont été formés pour nous remplacer et que l'agence QMI recrute beaucoup». «Où est notre place à TVA? Vont-ils remplacer nos salles de nouvelles par QMI? Les gens commencent à s'inquiéter», remarque le président du syndicat, qui regroupe environ 800 membres.

L'agence QMI a été mise en place à l'automne 2008 pour alimenter les diverses branches médiatiques de Quebecor comme Le Journal de Montréal, Argent, LCN, TVA et les magazines artistiques. L'importance de cette cellule décuplera avec le retrait, le mois prochain, de Quebecor de La Presse canadienne, une coopérative qui nourrit en photos, textes et clips audio près de 100 journaux et 500 stations de radio et télé au pays.

Du côté de TVA, aucun commentaire n'a été émis. En marge de l'assemblée annuelle de Quebecor hier matin, le président et chef de la direction Pierre Karl Péladeau a déclaré: «Nous avons confiance dans la poursuite des négociations (...) et on a bon espoir de pouvoir conclure une convention collective».

Même si Quebecor défraie présentement la manchette pour des relations tendues avec ses salariés, notamment en raison du lock-out au Journal de Montréal, ce groupe ne détient pas le monopole du conflit de travail. Rappelez-vous du nombre effrayant d'employés qui ont été jetés à la rue sous le règne de l'ex-grand patron de CBC/Radio-Canada, Robert Rabinovitch, que les artisans de la tour surnommaient M. Lock-out. Pas plus reluisant.

- Avec Maxime Bergeron

Photo: Radio-Canada

Claude Legault