Réglons ce premier cas agaçant tout de suite: quelqu'un a-t-il saboté la mise en ondes du gala Artis dimanche soir pour que le niveau du son, qui montait et descendait sans aucune raison, rende l'écoute de cette fête de la télévision aussi pénible?

TVA cherche encore la source de ce pépin technique. Les grands patrons se réunissent d'ailleurs ce matin pour examiner en détail le déroulement de la soirée, indique la porte-parole du réseau, Nicole Tardif.

Cette agressante valse sonore n'a cependant pas affecté les cotes d'écoute, qui ont chatouillé les deux millions dimanche soir: 1 927 000 téléphiles ont visionné cette cérémonie de près de trois heures. C'est une légère augmentation par rapport aux 1 845 000 fans de l'an passé et aux 1 520 000 accros de 2008, année où François Morency pilotait la fête. À Radio-Canada, les chiffres de Tout le monde en parle ont beaucoup souffert et fondu de moitié pour se stabiliser à 870 000 fidèles.

Une demi-heure plus tôt, le tapis rouge chauffé par Herby Moreau et Pénélope McQuade, qui a rivé 1 693 000 fans à leur téléviseur, a été pas mal plus divertissant et intéressant que le gala lui même. Très glamour, très rythmé, très Hollywood. On aime. En plus de la nouvelle fiancée de Gregory Charles, nous y avons découvert que Julie Snyder portait maintenant des broches orthodontiques.

Vous avez d'ailleurs été nombreux à le remarquer. Selon son attaché de presse, Louis Noël, la démone blonde souhaite «tout simplement régler un problème d'occlusion». Affaire classée.

Malgré les malaises et les numéros qui sont presque tous tombés à plat, ce gala a heureusement accouché de résultats plus justes et équilibrés. Enfin, un pas dans la bonne direction. Fallait vraiment être aveugle ou malhonnête pour ne pas admettre que l'ancien système de votation, qui fonctionnait avec des coupons disponibles chez Tim Hortons et dans Le Journal de Montréal, défavorisait clairement les artisans gravitant à l'extérieur de la galaxie Quebecor.

Des preuves? Cette réforme a permis aux artisans de la SRC de quintupler leur récolte d'Artis par rapport à l'an dernier. D'une seule statuette en 2009, ils ont quitté le Monument-National avec cinq trophées dimanche. Venez nous dire après, sans rire et sans mentir, que ces changements n'étaient pas nécessaires.

Et comme au lendemain de tout gala télévisé qui se respecte, une mini controverse a éclaté (et on ne parle pas ici du choix de la robe dorée de Sophie Thibault). Véronique Cloutier, colauréate du prestigieux prix de personnalité de l'année avec Patrick Huard, a posé une question pertinente sur son profil Facebook personnel hier matin: «C'est quand la dernière fois que Le Journal de Montréal n'a pas mis les personnalités de l'année en première page?»

Le point soulevé par la blonde animatrice de la SRC est très intéressant. Au lieu des traditionnels clichés des personnalités les plus aimées du public qui ornent sa page frontispice post-Artis depuis des lunes, Le Journal de Montréal a publié hier une grosse photo de Marc Messier et Marina Orsini, qui forment le couple Marc Gagnon et Suzie Lambert dans Lance et compte et qui ont été récompensés dans la catégorie des téléséries.

Tiens, tiens. Qu'est-ce qui a motivé ce changement de ligne éditoriale? Le triomphe d'une star radio-canadienne, qui refuse souvent d'accorder des entrevues au quotidien de la rue Frontenac peut-être?

Coup de fil chez Quebecor pour tenter d'obtenir une réponse claire hier. Pas évident. Dans un échange de courriels, le rédacteur en chef du Journal de Montréal, Dany Doucet, a évité le coeur du problème et a plutôt questionné les choix éditoriaux de La Presse, qui a «laissé une aussi petite place en page une, avec une minuscule photo sous le pli, pour un événement d'intérêt pas mal plus important pour le public et le monde artistique que le choix qui a été fait».

«Si tu me dis que Marina Orsini et Marc Messier ne méritaient pas cette une après 25 ans d'une télésérie des plus populaires, eh bien je n'en reviens pas», enchaîne Dany Doucet du Journal de Montréal.

Là n'est pas malheureusement le sujet du jour. Anne Dorval et Denis Bouchard, gagnants dans les téléromans, débordent tout autant de talent. Pourquoi ne pas les avoir placardés en une, alors? L'histoire, la vraie, réside plutôt dans la relation tumultueuse qui existe entre Véronique Cloutier et Quebecor depuis plusieurs années. Mais, bon. Personne ne désire en discuter publiquement. La guerre des réseaux, ça ne serait pas un peu ça aussi?

 

Photo: François Roy, La Presse

Véronique Cloutier a posé une question pertinente sur son profil Facebook hier matin: «C'est quand la dernière fois que Le Journal de Montréal n'a pas mis les personnalités de l'année en première page?»