La station V a logé une fiction intrigante et prometteuse dans sa grille d'automne. Cette comédie dramatique porte le titre de Prozac, jadis un populaire antidépresseur, et a germé dans la tête de Karina Goma et Sophia Borovchyk, deux amies documentaristes qui ont parcouru la planète grâce à La course destination monde et La course Europe-Asie de Radio-Canada.

Avec le réalisateur François Bouvier (Casino, Les hauts et les bas de Sophie Paquin), les deux scénaristes mordent dans leur premier projet destiné au petit écran. L'histoire de Prozac? Celle de Philippe, fin trentaine, un brillant premier de classe qui a presque tout réussi dans sa vie. Nommé éditorialiste dans un grand quotidien depuis six mois, Philippe, qui a longtemps vécu pour plaire à son entourage, craque et commet une bourde spectaculaire dans son journal. «C'est une faute presque suicidaire qui fera basculer sa vie et celle des gens qui l'entourent», explique François Bouvier, qui s'est également installé derrière la caméra pour les films Maman Last Call et Histoires d'hiver.

Direction: la thérapie de groupe, où Philippe amorcera sa remise en question et où il étalera ses états d'âme aux côtés d'une galerie de personnages colorés comme «un crooner, une préposée aux bénéficiaires endeuillée, une femme borderline à la sexualité éclatante et un anxieux social qui se réfugie derrière son ordinateur», détaille Karina Goma, qui a bossé sur les excellents documentaires Les justes, Un coin du ciel et Ligne ouverte.

Malgré la lourdeur du sujet central, soit la remise en question sur fond de dépression, Prozac ne sera pas noir. «Les gens vulnérables, c'est un sujet grave que l'on va traiter avec légèreté sans prendre tout ça à la légère. Il y aura beaucoup d'amour dans tout ça», résume François Bouvier.

Sophia Borovchyk enchaîne: «Il n'est pas question de rire des gens qui sont déprimés. Nous allons aller chercher l'humour de ces personnes-là.» Le titre de la série ne réfère pas à au populaire livre Prozac Nation d'Elizabeth Wurtzel mais bien à «l'idée qu'il existe une solution magique au bonheur», complète Karina Goma.

Philippe, «qui passe ses journées à aller mieux», selon Sophia Borovchyk, vivra sa crise pré-quarantaine aux côtés de deux amis et collègues au journal, Mathieu et Sophie, ainsi qu'avec ses parents, dont sa mère contrôlante de 70 ans.

En entrevue hier, Sophia et Karina admettaient être de vraies téléphages, ayant récemment dévoré Aveux, Weeds, Mad Men, Californication, True Blood, Minuit le soir, Les Invincibles et Tout sur moi. Elles ont également incorporé à Prozac toutes leurs «névroses des 15 dernières années» et des personnages croisés lors des tournages de leurs documentaires.

«Nous sommes amies depuis 15 ans et nous préparons Prozac depuis tout ce temps avec nos conversations quotidiennes sur le comportement humain. Comment font les gens pour trouver le bonheur à différentes étapes de leur vie?» demande Karina Goma.

Onze tranches de 30 minutes de Prozac, à 300 000 $ la demi-heure, ont été commandées au producteur André Rouleau de Caramel Films. Le tournage durera tout le mois de juillet et la distribution des rôles n'a pas encore été complétée. Chacun des épisodes débutera de la même façon: un des personnages principaux de l'émission perdra le contrôle en public. «Ce sera un pétage de coche en public», rigole Karina Goma.

Ils étaient sept à Télé-Québec

Le remplaçant de La Joute a été déniché: il s'agit d'un magazine de société hebdomadaire de 60 minutes intitulé Huis clos, où un jury de sept citoyens dits «ordinaires» tranchera une question d'actualité. Du genre: doit-on ramener le péage sur les autoroutes? La ville de Québec gagnerait-elle à obtenir les Jeux olympiques d'hiver? Et l'euthanasie, permise ou pas pour les malades en phase terminale?

Toutes les semaines, la composition du panel de ce Huis clos changera. Ces sept jurés, recrutés dans le public, disposeront de quatre heures pour se mettre d'accord sur un verdict. La production les repêchera pour leurs qualités de débatteurs et leur degré d'intérêt (élevé, bien sûr) pour les grands enjeux qui façonnent le Québec. «Nous cherchons autant le camionneur de Sorel que le comptable de l'Abitibi», résume le producteur Marc St-Onge de chez Blue Storm, à qui l'on doit également La vie en vert et Légitime dépense.

Séquestré dans un bunker high tech qui ressemblera au CTU de la série 24 heures chrono, le jury cuisinera divers experts et visionnera des reportages pour approfondir ses connaissances du sujet traité. «Le citoyen peut rarement poser des questions à des experts», rappelle le directeur général des programmes de Télé-Québec, Martin Roy.

L'animateur - ou l'animatrice - de Huis clos n'a pas encore été sélectionné. Les qualités recherchées? Être bien informé, pouvoir facilement extraire la substance des experts, ne pas intimider le jury et savoir diriger un grand plateau. «Son travail ne sera pas simple», admet Martin Roy de Télé-Québec.

Le producteur Marc St-Onge de Blue Storm souhaite recréer dans Huis clos la lourdeur et la pesanteur qui pèsent sur les membres d'un jury. «Ce sera une approche très dramatique», prédit-il. Première émission: à la rentrée de septembre, probablement le vendredi soir.

 

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

François Bouvier (Tout sur moi) sera à la barre de Prozac, comédie dramatique sur fond de dépression. «Les gens vulnérables, c'est un sujet grave que l'on va traiter avec légèreté sans prendre tout ça à la légère», explique le réalisateur.