C'est une sapristi (oui, oui) de bonne idée que ce portail Tou.tv que Radio-Canada a mis en ligne hier et qui permet de regarder en ligne - tout à fait gratuitement - des émissions contemporaines comme Mirador, Aveux, Frères et soeurs et Trauma, mais aussi des classiques comme Scoop, Le temps d'une paix ou Chez Denise. Génial. Vraiment.

Certaines mauvaises langues siffleront: «Enfin, y'était temps», car les Américains ont sauté dans ce train avec leur Hulu.com en mars 2008. Mais relativisons. Des réseaux québébois comme TVA n'offrent encore aucune possibilité à leurs téléspectateurs de rattraper Lance et compte ou Yamaska sur le web. Une situation absurde en 2010. Alors ce Tou.tv, qui débarque avec ses images en qualité proche de la haute définition, est une bénédiction pour les téléphiles compulsifs ne pouvant pas nécessairement suivre leurs séries préférées en temps réel.

Le plus gros bloc d'émissions de Tou.tv - près de 2000 heures - sort évidemment des voûtes de la SRC: Aveux, Découverte, Et dieu créa Laflaque, L'épicerie, Les Parent, Les belles histoires des pays d'en-haut, Six dans la cité et Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Plus tard dans l'année, les titres suivants se rajouteront à la banque: Ici Louis-José Houde, La galère, Jamais deux sans toi, Les invincibles, Tout sur moi, Virginie, Minuit le soir et Scoop. Les grands absents? Tout le monde en parle et les téléromans de la tour, dont L'auberge du chien noir et Providence.

Et comme Tou.tv se définit comme un site de divertissement, les bulletins d'information produits par la société d'État n'y ont pas été inclus. Les émissions d'affaires publiques, oui. Vous trouverez également sur ce portail francophone des produits de TV5, TFO, ARTV et RDI. Télé-Québec y a aussi déposé quatre de ses émissions, soit Les appendices, Le code Chastenay, La vie en vert et Légitime dépense. «Si tout se passe bien, nous allons en ajouter d'autres au fur et à mesure», indique le directeur général des programmes de Télé-Québec, Martin Roy.

Aux États-Unis, question de freiner la montée de YouTube, les chaînes FOX, NBC et ABC, avec chacune 27 % de l'actionnariat, propulsent Hulu.com en l'alimentant avec leurs plus gros canons télévisuels. Seule la station CBS y brille encore par son absence. On peut aussi dénicher sur Hulu, dont le slogan est «Où vous voulez, quand vous voulez», des trucs provenant de Comedy Central, PBS, USA, Bravo et FX.

Un tel regroupement des forces télévisuelles pourrait-il exister dans un marché aussi petit que le nôtre? Pas vraiment, non. Hier, le groupe Astral, propriétaire notamment de Canal Vie, Canal D, Vrak.tv, MusiquePlus et Séries ", a rapidement fermé la porte à toute collaboration avec cette nouvelle création. «Nous n'avons pas l'intention de fournir du contenu à Tou.tv. Notre priorité, c'est de bonifier l'offre sur les sites de nos chaînes de télévision», tranche le porte-parole d'Astral, Hugues Mousseau.

Réaction similaire chez TVA: «Nous, c'est certain que notre stratégie d'affaires, c'est Illico. Pour le moment, c'est encore ça», détaille la porte-parole du réseau, Nicole Tardif.

Malheureusement pour nous, Hulu.com est bloqué au Canada. C'est la même chose pour Tou.tv: 90 % de son contenu ne pourra être regardé qu'à partir du Canada. Donc impossible d'y visionner Les boys pendant votre séjour de six mois en Floride, par exemple.

Le site Tou.tv vivra de la publicité, bien sûr, mais selon un modèle d'affaires pas encore coulé dans le béton. Selon Bloomberg, une pub pour Les Simpson sur Hulu.com coûte le double d'une tranche de 30 secondes achetée dans une fenêtre traditionnelle. Pourquoi? Parce que la clientèle de Hulu.com, plus jeune que celle de la télé dite «conventionnelle», est captive, intéressée et avide de nouveautés. Et comme les réclames sont beaucoup moins nombreuses en webdiffusion, les internautes les retiendraient deux fois plus.

Le hic, c'est que Hulu.com ne peut vendre que 37 secondes de pub pour un épisode des Simpson, alors que Fox écoule jusqu'à neuf minutes de spots sur ses ondes pour la même émission. Malheureusement, la vente de pub sur l'internet ne compense pas les pertes engendrées par les grandes chaînes dans leurs grilles de programmation régulière. C'est un peu le même problème qui plombe les journaux, finalement. Pourtant, environ 40 millions d'utilisateurs américains se branchent tous les mois sur Hulu.com. Énorme.

Quelques chiffres

Match ultra-serré entre la quotidienne de La série Montréal-Québec et Les Parent lundi soir. Score final: 1 246 000 pour les hockeyeurs de TVA et 1 233 000 pour la famille de Radio-Canada. C'est chaud. À 20 h, deux autres émissions à quasi-égalité: L'auberge du chien noir (1 039 000) et Yamaska (1 023 000).

À 21 h, Les boys ont retenu l'attention de 1 106 000 fans et C.A. a été regardée par 696 000 fidèles. Ah oui, TVA possède maintenant un nouveau blooper à ajouter à sa banque d'émissions consacrées à ces ratés de la télé: celui dans lequel le capitaine David Lessard se plante à la première de La série Montréal-Québec.

Le reverra-t-on aussi souvent que les fous rires des filles de LCN? On jase, là, on rigole.