C'était le 2 octobre 2006. Charles Roberts, un livreur de lait de 32 ans, a brutalement interrompu les classes dans une école de rang amish de Nickel Mines, en Pennsylvanie. Il a ordonné aux garçons de sortir. Il a ligoté les dix filles et ouvert le feu, visant leur tête. Cinq écolières, âgées de 7 à 13 ans, ont péri sous les balles du tireur fou: Mary-Liz, Lena, Anna Mae, Marian et Naomi. Charles Roberts s'est ensuite suicidé.

Depuis cette tragédie, qui s'apparente horriblement à celle de Polytechnique, la mère de l'assassin, Terri Roberts, a balayé toutes les demandes d'entrevue - plus de 300 - provenant de médias d'Amérique du Nord. Elle a les toutes refusées sauf une, celle de l'équipe de l'émission Enquête de la SRC, qui diffusera demain, à 20 h, un troublant entretien exclusif avec cette douce dame à la chevelure grisonnante, qui ne comprend toujours pas le geste désespéré de son «Charlie».

«Nous sommes assez fiers du résultat», note la journaliste Josée Dupuis, qui a planché sur l'émission avec la réalisatrice Geneviève Turcotte.

C'est effectivement une autre excellente édition d'Enquête, qui a) jette une nouvelle lumière sur ce drame terrible et b) nous plonge au coeur du quotidien des Amish, une communauté religieuse méconnue qui rejette toute forme de technologie comme le téléphone, la radio, la télé et le moteur à essence. Même l'électricité n'entre pas dans tous les foyers amish, qui comptent, en moyenne, huit enfants.

Ses membres, vivant principalement en Pennsylvanie, en Ohio, en Indiana et aussi en Ontario, enfilent des vêtements austères et se déplacent en carrioles noires sur des routes de campagne.

Pour interviewer les grands-parents de deux des fillettes mortes dans le massacre, Josée Dupuis et sa petite équipe ont dû tourner en pleine nuit, avec une chandelle comme seul éclairage. «Ils voulaient que personne dans leur famille ne le sache, car ils auraient pu être excommuniés. C'est contre les valeurs amish de modestie de se mettre à l'avant-plan ou de voir son image à l'écran», détaille la journaliste Josée Dupuis.

Et la mère de l'assassin? Josée Dupuis l'a rencontrée une première fois en avril et Terri Roberts a accepté de se confier quelques semaines plus tard en imposant une condition: que son entretien ne passe sur aucune chaîne américaine ou anglophone. Voilà pourquoi Enquête ne mettra pas le document sur son site web après sa diffusion. Il faudra donc le regarder en direct.

Femme pieuse, Terri Roberts raconte que les Amish ont été les premiers à pardonner à son fils. Et ils ont même assisté aux funérailles de celui qui a arraché la vie à cinq des leurs. De son côté, tous les jeudis soirs depuis trois ans, Terri Roberts lave à l'éponge, berce et raconte des histoires à Rosanna, neuf ans, qui a survécu à la fusillade de Nickel Mines. Gravement atteinte, la fillette ne marche plus, ne parle plus et doit s'alimenter avec un tube.

Josée Dupuis a aussi rencontré Aaron, un des écoliers de Nickel Mines encore traumatisé par les événements du 2 octobre 2006. Il souffre depuis d'anxiété et d'anorexie. Rappelons qu'aucun des Amish ne témoigne à visage découvert, pour des raisons religieuses.

Quant au meurtrier Charles Roberts, père de trois enfants et non amish, il était dépressif et en voulait à Dieu pour la mort prématurée de sa première fille, dix ans auparavant. C'est ce qui expliquerait - en partie - sa folie meurtrière.

Di Stasio à San Francisco

Amis gloutons, ouvrez une bonne bouteille de rouge. Car Télé-Québec amorce ce vendredi (à 21 h) la diffusion du périple gourmand qu'a effectué notre papesse de la table, Josée di Stasio, en sol américain.

Et c'est à San Francisco, berceau de la cuisine dite californienne, que l'épicurienne de Télé-Québec passe le premier épisode. Premier arrêt: le marché du Ferry Building Market et une saucette au resto-boutique-café Il Cane Rosso du chef Daniel Patterson, qui nous concocte une salade Bloody Mary avec des tomates «early girl», compactes et pleines de saveurs.

Josée di Stasio visite ensuite le quartier Mission, royaume des taquerias et des camions-tacos, véritables cuisines roulantes. Et attendez de voir les savoureuses pâtisseries de la boulangerie et café Tartine, qui cuit les meilleurs croissants de San Francisco, semble-t-il. Vraiment, le grilled-cheese avec pain au citron et amandes a l'air tout simplement délicieux. «Mission, c'est un must», assure Josée di Stasio.

L'émission se termine dans les cuisines du Zuni Café, où la chef Judy Rodgers, qui parle un français impeccable, partage sa célèbre recette de poulet rôti au feu de bois et salade de pain. Et le saviez-vous? Une loi interdit aux restaurateurs de San Francisco de livrer leur nourriture dans des contenants en styromousse. Les ustensiles en plastique ont également été bannis. Tiens, tiens. À quand une réglementation similaire chez nous?

Les chiffres du lundi

La bataille est toujours aussi féroce à 20 h entre les téléromans-vedettes de TVA et Radio-Canada. Cette semaine, Yamaska (1 070 000) a repris le dessus sur L'auberge du chien noir (1 008 000). À 21 h, Lance et compte: le grand duel (1 496 000) a doublé La galère (738 000). La popularité des Parent (1 154 000) et de La classe de 5e (1 223 000) se maintiennent. Chez TV5, la diffusion des deux premiers épisodes de la fascinante série Apocalypse, sur la Deuxième Guerre mondiale, a procuré à la chaîne ses meilleurs résultats BBM de l'automne: 159 000 fans ont visionné la première heure et 172 000 ont regardé la deuxième.