Sujet délicat aujourd'hui, soit les talents d'acteurs des humoristes québécois dans des séries de fiction à la télévision. Hé, ho, on se calme. Aucune ligne n'a encore été pondue que déjà cris, hurlements et protestations fusent de partout. Moment zen, s'il vous plaît. Merci.

Je dis sujet délicat, j'aurais pu écrire explosif, car je connais la réaction épidermique de quelques-uns de nos comiques d'ici pour avoir écrit sur eux, de façon plutôt polie d'ailleurs, et avoir reçu par la suite une volée d'insultes de toute leur confrérie.

 

Mais, bon. C'est la vie, chanterait Mario Pelchat. En bon soldat de l'information, j'enfile mon casque (bleu), mes gants (blancs) et monte au front. Vous l'avez sûrement remarqué, mais la saison de télé automnale a ramené plusieurs têtes d'affiche de l'humour dans des rôles dits de composition: il y a notamment Peter MacLeod dans Bienvenue aux dames à V, Lise Dion dans Le gentleman de TVA et Jean-Michel Anctil dans Lance et compte: Le grand duel, une autre propriété du «vrai» réseau.

Commençons avec Bienvenue aux dames, nouvelle comédie de V où un riche publicitaire de 40 ans (Peter MacLeod), en grand questionnement existentiel, part retaper la taverne de son oncle Roger dans le bled perdu de Lac-Touchet, où il a grandi. Au petit écran, cette série brille avec ses nombreuses scènes extérieures, ses décors lumineux et une réalisation allumée signée Frédérik D'Amours. Bref, ça ne fait pas pic-pic comme certains autres produits de feu TQS. Pas étonnant qu'une deuxième demi-saison de Bienvenue aux dames ait déjà été commandée.

Autre truc intéressant: les acteurs entourant MacLeod, comme Marie Turgeon (dont on s'ennuie beaucoup), Brigitte Lafleur, Anick Lemay et Rémi-Pierre Paquin, ajoutent beaucoup de couleur à l'émission et donnent de la texture aux intrigues, un brin pévisibles, soyons honnête.

Le problème dans Bienvenue aux dames, c'est un peu MacLeod, à qui les producteurs de chez Vendôme ont confié une mission suicide pour un débutant: porter une série sur ses épaules. Trop souvent, on sent le texte - difficilement mis en bouche - dans ses répliques. Et le décalage entre le niveau de jeu de l'humoriste et celui de ses collègues crée de gros malaises dans nos salons. C'est très agaçant. Et déconcentrant aussi.

C'est sensiblement le même problème qui affecte Lise Dion dans Le gentleman, où elle incarne Maryse, la meilleure amie délurée de Marie-Chantal Perron. Quand Lise Dion apparaît dans l'univers comique du Petit monde de Laura Cadieux, pas de problème, tout baigne. Mais quand elle débarque dans un univers dramatique et glauque comme celui du Gentleman, ça ne fonctionne pas, ça jure, ça grince.

Bien sûr, son personnage a spécialement été créé pour alléger la tension qui enveloppe le thriller de TVA. Sauf que la complicité censée exister entre elle et Marie-Chantal Perron, on n'y croit pas. Toutes les fois où Lise Dion balance - maladroitement - une réplique un peu salée à sa supposée meilleure copine, je me crispe et me raidis. Ben voyons donc: c'est impossible que ces deux femmes-là puissent être amies. Sérieusement. Qui se laisserait traiter de la sorte?

Dans Lance et compte: Le grand duel, Jean-Michel Anctil en beurre une couche de trop dans la peau d'un fan fini du Canadien de Montréal et détesteur compulsif de tout ce qui entoure le National de Québec. Trop caricatural comme jeu. Trop appuyé. Parfois, la folie, c'est justement d'en faire moins, mais avec une intensité inquiétante dans le regard.

Bon, j'entends déjà des lamentations: peut-on blâmer les humoristes de tenter leur chance à la télé? Non, évidemment. Mais un constat s'impose: n'est pas Patrick Huard qui veut (10-4 mon Rogatien).

Je lévite

Avec la chanson Abbi de Flamboyant Bella. Une ritournelle joyeuse, très brit-pop, parfaite pour réchauffer pour les journées grises et pluvieuses qui nous narguent. On aime.

Je l'évite

Les pubs de TD Canada Trust. Non, pas besoin de prendre rendez-vous ici, monsieur. Ah non? Pourtant, je tenais a-bso-lu-ment à prendre un rendez-vous, moi. Bye.