Attention mesdames et messieurs, dans un instant, Britney ne va pas chanter. Que non. C'est fini, ce temps-là. Oubliez ça. Tellement 2001.

Pourquoi s'époumoner en direct et risquer quelques fausses notes, quand vous pouvez préenregistrer toutes les pièces d'un spectacle, les trafiquer, les emballer dans du bling-bling étincelant et les livrer à 21 234 fans hystériques, qui gobent chacun des morceaux sans ronchonner?

 

Britney Spears ne chante plus sur scène. Et ne se force même pas pour cacher son lip-sync flagrant. Vous remarquerez d'ailleurs qu'aucun écran géant ne retransmet les pirouettes vocales de Brit-Brit aux spectateurs stationnés là où l'air se fait aussi rare qu'une Molson Dry à moins de 10$. Pas fort, pas fort.

Lors de son dernier passage au Centre Bell, le 20 mars dernier, c'était pathétique de constater, dans ce carnaval de décibels et de paillettes, à quel point l'ex-princesse de la pop baigne dans la vacuité, le faux, la mascarade.

Sur l'immense scène circulaire de sa tournée Circus, qu'elle ramène en ville mardi soir, la robotique Britney, 27 ans, se trémousse comme une ado blasée, bouge de façon mécanique, exécute ses chorégraphies sans fougue ni passion et décoche quelques sourires aussi vrais que la blancheur de ses dents.

Pour masquer la paresse de la maîtresse de piste, les danseurs et acrobates bondissent avec l'énergie de Gregory Charles multipliée par 10. Tellement qu'à leurs côtés, Brit passe pour une candidate rejetée aux auditions de Que feriez-vous pour 100$? à TVA.

En fait, ce qui impressionne, c'est que la pop star passe au travers des 90 minutes top chrono de sa «prestation». Oui, nous en sommes rendus là. Pour Britney, c'est quasiment un exploit, après les années difficiles qu'elle a traversées: séjour à l'hôpital psychiatrique, perte de la garde de ses deux fils, attaque de paparazzis, cure de désintox, fiasco aux MTV Video Awards et mise sous tutelle complète (son papa gère maintenant tous les aspects de sa vie).

Personne ne croyait vraiment au retour de celle qui a longtemps été blâmée pour l'hypersexualisation des jeunes filles. Un retour plus physique qu'émotif ou cérébral. Oui, son corps moulé dans des costumes d'effeuilleuse de luxe s'acquitte de la tâche. Mais sa tête se balade quelque part où les pétards et la boucane ne masquent plus la lassitude qu'elle trimballe comme un boulet.

Évidemment, Britney abuse de la thématique de la soirée pour rappeler à ses fans le grand cirque médiatique qu'est devenue sa vie personnelle. Dans un numéro flamboyant, elle s'évade d'une cage dorée (rien de moins), puis apparaît suspendue dans un cadre gigantesque style Cirque du Soleil, question que personne dans l'amphithéâtre n'oublie qu'elle vit en permanence dans l'oeil du public.

Côté chansons, elle pige joyeusement dans ses deux derniers albums, Blackout et Circus, délaissant ses pièces plus rose bonbon - ou fleur bleue - comme I'm Not A Girl, Not Yet A Woman. Le segment le plus intéressant du spectacle s'articule autour d'une version Bollywood de Me Against The Music. Et avis aux fans de la blonde pseudo-chanteuse: non, elle ne revisite pas Stronger, (You Drive Me) Crazy et Oops I Did It Again.

En se cachant derrière des contorsionnistes épatants ou des clowns nains, Britney arrive à noyer le poisson: ses admirateurs n'y voient que du feu. Reste qu'en sortant du Centre Bell, on a le goût de lui crier Gimme More. Comme dans Gimme More d'authenticité et Gimme More de présence pour les 150$ que coûte un bon billet.

Je lévite

Avec Six pieds sous terre à Radio-Canada. Depuis hier à 23h, la SRC diffuse en rafale des épisodes des trois premières saisons de cette géniale et superbe série américaine. Pour découvrir ou renouer avec les attachants membres de la famille Fisher, propriétaires d'un salon funéraire. Inspirant.

Je l'évite

Flo Rida. Impossible d'ouvrir la radio sans entendre une chanson recyclée (Sugar, Right Round) de ce rappeur américain. Assommant.

COURRIEL Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca