Pourquoi les fans de Tout sur moi craquent-ils autant pour l'irrésistible personnage campé par Valérie Blais? C'est simple: parce que Valérie nous permet, tous les lundis soir, de nous défouler par procuration. Elle incarne l'exutoire parfait.

Pensez-y deux minutes... OK, pensez-y 10 secondes d'abord. (Pfft! Les jeunes d'aujourd'hui souffrent d'un tel déficit d'attention qu'ils n'arrivent même plus à réfléchir et à structurer une pensée cohérente qui...) Bon, où en étais-je? Ah oui. Toute l'agressivité que nous refoulons dans une semaine de travail, toutes les insultes que nous ravalons par politesse ou par souci de préserver l'harmonie au bureau, Valérie, elle, les évacue d'un coup. Une réplique assassine, un regard glacial, une main au collet et bang! Valérie explose de façon spectaculaire.

 

Car Valérie ne refoule rien. Ne ménage les sentiments de personne. Se choque constamment. Sacre abondamment. Brasse physiquement ses nombreux adversaires, que ce soit une prisonnière tatouée ou Guy A. Lepage. Et se défend en se jetant par terre, en pointant une jambe dans les airs tout en criant: «Recule! Maintenant! Je ne te connais pas! Tu recules!»

Dans le savoureux (et dernier) épisode de la saison de Tout sur moi, qui n'a été vu que par une maigrelette audience de 312 000 téléspectateurs lundi soir, quelle tristesse, l'intense Valérie nous a resservi quelques trucs de son délirant cours d'autodéfense. Merci Stéphane Bourguignon pour ces jolies bulles de bonheur.

En fait, Valérie, qui a du front tout le tour de la tête, nous fournit ce qui manque dans nos vies réglées au millimètre près: de l'impulsivité, de la spontanéité et la liberté de dire des choses sans filtre, sans se soucier de la rectitude politique et sans penser aux conséquences.

Si on lui pardonne tout, enfin presque tout, c'est aussi parce que Valérie est comique, attachante, divertissante et loyale. Bref, qui ne la voudrait pas dans son cercle d'amis?

C'est en revoyant des «vieux» épisodes de Tout sur moi (le coffret DVD de la première saison est enfin sorti) que j'ai réalisé à quel point Valérie - pas Danielle Ouimet, l'autre - a marqué le petit écran québécois. En connaissez-vous bien des personnages aussi libérateurs que Valérie?

Moi, je l'ai tout de suite aimée dans son poussiéreux costume d'écureuil, perdue au fin fond des bois à Saint-Michel-des-Saints (épisode 1: Le don de soi). Je l'ai adorée quand elle a violemment déchiré la robe à 1600$ de la boutique Azzura, où Macha a été humiliée par la vendeuse (épisode 3: Le remake). Et je l'ai quasiment sanctifiée (épisode 7: La mangeuse de soupe) quand elle a magistralement atterri, éplorée, sur le canapé de son nouveau coloc Éric. Cet épisode renferme une délicieuse scène 100% Valérie Blais, alors qu'elle moud du poivre au-dessus de la tête de Fabien tout en l'asticotant avec deux cuisses de poulet.

Pour la meilleure dose de «Recule! T'es trop proche», régalez-vous avec le huitième épisode (L'enfant prodige), où Valérie en découd avec un policier d'Outremont un peu trop zélé. Magique.

Si vous êtes un fan fini de la série (coucou!), revoyez en ligne Le making of de Tout sur moi, qui furète dans les coulisses du tournage du webépisode Tout sur toi, inspiré des anecdotes envoyées par les téléspectateurs. Saviez-vous que dans les vignettes où les personnages s'adressent directement à la caméra, Valérie doit grimper sur une pile de livres pour être à la même hauteur que Macha Limonchik?

Pouah! Valérie est minuscule et a besoin d'un petit banc de bébé! Quoi, Valérie, tu ne rigoles pas? Non, arrête. C'est assez. Valérie, non. Recule! Maintenant! T'es trop proche!

Je lévite

Avec Je reviendrai de Pierre Lapointe. Une chanson à la fois simple et complexe, qui dégage une mélancolie tranquille. Charmant.

Je l'évite

Les «morceaux choisis» de Facebook. Qui sélectionne ces éléments, la plupart du temps inintéressants, qui apparaissent sur nos pages d'accueil? Déprimant.

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