Expédions rapidement le cas des chiffres BBM. Comme prévu, la Star Académie de TVA a aplati comme une galette de sarrasin la froide et clinique soirée des Jutra de Radio-Canada. Score final: 2 623 000 téléspectateurs chez Julie Snyder contre 552 000 chez Karine Vanasse, la démone gagnant haut la main la bataille des blondes du petit écran.

Malgré un départ timide (616 000 fans), même les ex-nouveaux lofteurs de TQS ont éclipsé la fête du cinéma québécois, qui a subi sa pire dégelée aux audimètres en 11 ans d'existence. Conséquence? La Star Ac, sans l'aide magique de Céline Dion, a décroché sa meilleure cote d'écoute de tout l'hiver.

Vraiment, les organisateurs des Jutra n'ont pas aidé leur cause en concoctant une soirée hermétique et désincarnée, sans étincelle ni ambiance festive. Une réforme en profondeur s'impose pour ce gala qui s'enfonce et s'étiole depuis quelques années déjà.

De retour à Star Académie, la soirée a démarré avec un pot-pourri articulé autour de Roger Hodgson, ex-leader de la formation britannique Supertramp. Oui, tous ses succès y ont passé, enrobés dans une jolie mise en scène: Dreamer, The Logical Song, Give A Little Bit, Take The Long Way Home et Breakfast in America (non, les jeunes, cette pièce n'a pas été popularisée par Gym Class Heroes). Dans les notes aiguës du répertoire de Supertramp, et Dieu sait que les pièces de Hodgson en contiennent plus d'une, le concert de fausses notes a été agressant.

Si le choix des lauréats des Jutra a été ouvertement contesté, celui du public de la Star Ac a été unanime avec le couronnement du chanteur le plus talentueux de Sainte-Adèle, Maxime Landry. Le jeune Beauceron de 21 ans chante juste, harmonise avec n'importe qui et possède le timbre de voix le plus intéressant de toute la troupe.

Le clou de la soirée a cependant été l'arrivée de l'excentrique et flamboyante Lady GaGa, qui a offert une performance complètement éclatée sur la scène des studios Mel's. Un moment de télé savoureux et surréaliste.

Greffée au numéro de façon accessoire, la pauvre Carolanne a paru complètement à côté de ses escarpins griffés. Et Lady GaGa, retranchée dans son personnage théâtral, a totalement ignoré l'académicienne et caché sa face de poker sous une énorme casquette identique à celle portée, jadis, par le chanteur de Judas Priest. Ceux qui connaissent bien Mme GaGa ne s'en offusqueront pas: quand ce n'est pas un couvre-chef trop grand, c'est derrière d'immenses verres fumés qu'elle dissimule son minois.

Le seul aspect positif de la débandade des Jutra? Marc Labrèche dispose maintenant de matériel juteux pour plus que 3600 secondes d'extase. Notamment, avec la longue plainte «Kaaamouraaaskaaa» poussée par Geneviève Bujold. Autre moment gênant: Karine Vanasse qui scratche sur un montage des meilleurs films de l'année. Mauvaise idée. Et sans doute que le réalisateur a voulu «faire jeune» en brassant aussi maladroitement sa caméra comme à MusiquePlus en 1998. Ce problème de surréalisation a aussi affecté la performance de Lady GaGa à TVA. Pas nécessaire d'ajouter autant de fioritures quand une artiste aussi colorée et visuelle se dandine sur la scène.

Pendant ce temps, au loft

Faut-il en rire? En pleurer? Ou s'en offusquer? Chose certaine, les animateurs Pierre-Yves Lord et Kim Rusk n'ont pas menti: cette sixième mouture tout étoiles de Loft Story, qui a décollé dimanche soir à TQS, baignera dans une épaisse sauce brune bien grasse et plus trash que jamais.

Aux commandes de sa première émission de télévision, Pierre-Yves «PY» Lord s'est plutôt bien tiré d'affaire. Faut dire qu'à ses côtés, les lofteurs ont tellement débité de stupidités que n'importe qui sur le plateau du Mouton noir passerait pour Robert Guy Scully.

En même temps, les téléspectateurs ne se branchent-ils pas sur cette téléréalité pour justement entendre des âneries, en rire et ridiculiser les comportements des lofteurs? Il n'y a rien de plus rassurant que de voir des gens se tromper ou gaffer à la télévision pour se conforter dans ses propres choix de vie. Voilà pour la psycho-pop à cinq sous.

Loft Story, c'est un peu le McDo de la télé québécoise, calories vides incluses. En y mettant les pieds, les clients savent exactement ce qu'ils y consommeront, quitte à empirer leur état de santé physique et mentale.

Alors voici quelques-unes des citations les plus boiteuses de nos lofteurs, qui ont tous choisi de s'humilier une deuxième fois «pour donner un bon show». À propos de sa «stratégie», la grande Cynthia a déclaré, le plus sérieusement du monde: «Moi, je m'ai jamais caché»! Chez les gars, Mathieu «Cass» Surprenant s'est vanté: «Le monde me l'ont dit que j'étais un bon gars.» Il a rajouté, en massacrant quelques règles de grammaire au passage: «Je veux que ça seye un bon show.» Seye, une conjugaison du verbe seyer, bien sûr.

Fébrile à quelques secondes de poser ses grosses valises dans le loft, la princesse Cinny a prédit, roulement de tambour, que «ça va être une grosse retrouvaille».

Raffiné, David a donné un avertissement littéraire à son ami Big: «Watche-toé le gros.» Un peu triste que Veronika ne participe pas à Loft Story 6, Christelle s'est consolée: «Je vais me pogner une autre fille, c'est clair.»

Évidemment, le subtil Mathieu «Big» Baron n'a mis que quelques secondes à se foutre à poil dans le spa. Avec beaucoup de classe, Hugues a rebaptisé «le coin de la branlette» sa fameuse tente à cul. Et comment passer sous silence cette observation de Kevins-Kyle, qui a hurlé: «Le fif va rocker la place.»

Eh oui, Loft Story, c'est bien reparti les amis.