Mercredi soir. Centre-ville de Montréal. Des hordes d'adolescentes déguisées en cupcakes rose néon s'engouffrent au cinéma BS (Banque Scotia, si vous préférez) pour la projection publique du clinquant film Confessions of a Shopaholic.

Coincé dans une rangée entre Mahée Paiement, Bianca Gervais et une classe d'adolescentes pianotant furieusement sur des téléphones incrustés de pierres semi-précieuses, j'ai chaud. Vraiment.

 

Dans cette salle archibondée, ça piaille, ça glousse et ça se piétine quasiment pour un chèque-cadeau de 25$ des magasins Le Château. Ouf. Pourquoi je ne sacre pas mon camp? Parce que a) j'ai bien aimé la série de livres signés Sophie Kinsella qui ont inspiré cette comédie sucrée et b) je ne peux plus physiquement quitter mon siège, à moins d'escalader une montagne de grosses sacoches en simili cuir ou sauter par dessus une gigantesque pile de manteaux tirés du catalogue Mackage.

Bon, le film commence. Houlala! C'est vraiment moche. L'héroïne Rebecca Bloomwood (attachante Isla Fisher) ressemble à un lapin de Pâques enfoui dans un gâteau de noces tartiné de crème fouettée fluo. Mal de coeur. Comment une accro au shopping qui parle Prada, comment une acheteuse compulsive pour qui PDG signifie Pucci-Dolce&Gabbana peut-elle avoir aussi mauvais goût? La responsable: Patricia Field, la costumière de Sex and the City, qui déguise notre magasineuse préférée en clown de luxe serti de bling-bling.

Le plus assommant dans cette bluette, c'est la lobotomie quasi complète qu'a subie Rebecca «Becky» Bloomwood en sautant de l'imprimé au grand écran. Dans les bouquins, bien sûr, Becky gaffe aux deux secondes et claque son fric dans toutes les boutiques chic de Londres. Mais sa vivacité, son sens aiguisé de la répartie, son intelligence émotive et son humour grinçant la rendent hyper sympathique et aimable. Bref, on souhaite de tout coeur qu'elle s'extirpe enfin de son bourbier financier, même si on prend un malin plaisir à la voir garnir sa penderie de fringues hors de prix.

Dans le long métrage, dont l'action a été transposée à New York, Becky Bloomwood n'est plus qu'une version H&M de Carrie Bradshaw: bas de gamme, jetable et interchangeable. Bref, la journaliste londonienne adorable et débrouillarde qui colore joliement les livres de la série Shopaholic a été mutée en cocotte écervelée. Zéro finesse. Zéro subtilité.

Étant moi-même un brin superficiel (à temps partiel, quand même), je ne vous bassinerai pas avec des théories fumeuses sur cet étalage disgracieux de consumérisme excessif en période de récession économique. Mais il y a des limites à perpétuer les stéréotypes voulant que les femmes endettées ne pensent qu'à enfouir leurs relevés de Visa sous le matelas ou, encore mieux, à prier fort, fort, fort pour que les compteurs retombent miraculeusement à zéro.

C'est clair qu'avec un titre aussi bonbon, Confessions of a Shopaholic ne se prend pas pour La graine et le mulet. Vrai. Est-ce un divertissement de qualité léger et sans prétention? Non.

Imaginez des soldes chez Simons, où toute la marchandise s'écoule à 75% du prix régulier. Génial, non? Pas tant que ça, car il ne reste que des tailles XS ou XXL. Bah, vous les achetez quand même en espérant un jour avoir les formes - ou l'absence de rondeurs - pour les remplir.

Confessions of a Shopaholic, c'est exactement ça. Un article soldé de la mauvaise taille qui finit toujours par pourrir au fond du placard. Décevant.

Je lévite

Avec la compilation Sweethearts. Une douce collection de chansons d'amour reprises par une ribambelle d'artistes indie-pop. Jem y rebrasse la magnifique Yellow de Coldplay, Death Cab For Cutie s'attaque à Love Song de The Cure et Katy Perry couche sa voix sur Black&Gold de Sam Sparro. En vente dans les cafés Starbucks (désolé pour la plogue).

Je l'évite

He's Just Not That Into You. Un autre film aucunement nuancé, où les filles agissent en nunuches et les gars, en épais. Est-ce la Saint-Valentin qui rend les scénaristes et cinéastes aussi gagas?

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