Le secret a jalousement été conservé. Après Et c'est pas fini (Emmanuelle), Un nouveau jour va se lever (Jacques Michel) et L'étoile d'Amérique (Claude Léveillée), la Star Académie 2009 vibrera au rythme de 1000 coeurs debout, du chanteur français Cali, Bruno Caliciuri de son vrai nom.

Un choix de chanson à la fois étrange, audacieux et surprenant. D'abord, 1000 coeurs debout, une pièce sortie l'an dernier, n'a pratiquement jamais tourné ici. Peu de téléspectateurs (moi le premier) pouvaient donc en fredonner les paroles hier soir, quand les nouveaux académiciens l'ont entonnée sur l'imposante scène des studios Mel's.

Ensuite, son auteur et interprète, Cali, 40 ans, est français, alors que Julie Snyder a souvent répété en entrevue que Star Académie sert notamment à promouvoir le patrimoine musical québécois. Notre répertoire ne contient pas un seul titre qui pouvait insuffler de l'espoir et du pep à ces 14 aspirantes stars de la chanson québécoise ? Faudra-t-il rebaptiser cette téléréalité de TVA Star Academy, comme en France?

Chose certaine, avec 1000 coeurs debout de Cali, qui sonne comme du Arcade Fire, personne ne pourra accuser l'équipe pilotée par Stéphane Laporte de recycler des vieux classiques qui ont bercé le Québec des années 70.

En fin de gala, en prévision sans doute d'un barrage de critiques, Julie Snyder a précisé que, après trois chansons thèmes québécoises, Star Académie s'ouvrait à la francophonie avec Cali, porte-étendard de la nouvelle chanson française. Avis aux fans, c'est Scott Colburn (réalisateur du Neon Bible d'Arcade Fire) qui a coproduit le dernier disque de Cali (L'espoir). Voilà pourquoi les «wou-hou» de 1000 coeurs debout rappellent ceux de Régine Chassagne, de Win Butler et de leurs acolytes.

Tant qu'à piger dans le catalogue français, C'est ta chance, de Jean-Jacques Goldman, un hymne à la persévérance et à l'acharnement, aurait beaucoup mieux reflété les embûches que devront surmonter les recrues de Sainte-Adèle. Le hic? Cette magnifique chanson a déjà été enregistrée par la deuxième cuvée et a été glissée dans l'album compilation de Star Académie 2004. Dommage.

La (longue) soirée d'hier a débuté avec le traditionnel porte-à-porte, qui était bien plus rigolo quand c'était Julie Snyder - et non les professeurs - qui se pointait chez les heureux élus. Les premiers candidats «surpris» avaient l'air gazés et très peu étonnés d'être sélectionnés. Allez, secouez-vous un peu! Il a fallu attendre la septième académicienne pour sentir un frisson d'émotion. C'est long. Trop long.

Le numéro d'ouverture, avec les nombreux drapeaux du Québec qui tournoyaient devant la caméra, a été rondement mené et a donné une jolie touche souverainiste à l'émission vedette de TVA. Puis, surprise! Julie Snyder a rangé ses célèbres jupes-ballons au placard, auxquelles elle a préféré une robe vert kaki sobre et seyante. Bon choix vestimentaire.

Pendant plus de trois heures, la démone blonde a dominé ses émotions (Dieu merci) et son grand plateau. Plus gros, plus brillants, les nouveaux décors des galas dominicaux, dont le plancher blanc de la scène, ont injecté du lustre et du glamour à cette quatrième mouture de Star Académie. Vraiment, c'est impressionnant.

Et les nouveaux académiciens? Très jeunes, ils ont démontré beaucoup de potentiel. Chez les filles, j'ai l'impression que la fougueuse Marie-Mai a ouvert la voie à plusieurs de ces nouvelles rockeuses tatouées, dont Karine Labelle, 18 ans, la fille de party aux cheveux rasés (et dont la mère est décédée récemment), ainsi que la sosie de Pink, Brigitte Boisjoli, 26 ans, une barmaid de Drummondville. Je sens que ça va barder dans la maison de feu Pierre Péladeau avec autant de caractères explosifs.

Un mannequin de chez Folio, Sophie Vaillancourt, 22 ans, de Laval, a aussi décroché une place à Sainte-Adèle. Originaire de Sainte-Tite, Joanie Goyette, 18 ans, a reçu l'appel de René Angélil, directeur et parrain de l'académie, qui lui a communiqué la grande nouvelle. La plus jeune académicienne s'appelle Carolanne D'Astous-Paquet (18 ans), habite Sayabec et joue au hockey. Le prof d'éducation physique, Stéphane Quintal, pourra quasiment recruter une équipe complète si l'on se fie aux portraits des candidats présentés hier.

Chez les gars, plusieurs sosies et clones aussi. Comme Julie Snyder l'a remarqué, Pascal Chaumont, 18 ans, de La Conception, arbore la même coupe de cheveux que le jeune René-Charles Angélil. Sinon, Olivier Beaulieu, 23 ans, de Drummondville, et Jean-Philippe Audet, 24 ans, de Québec, ressemblent comme deux gouttes d'eau à Jean-Pier Gravel, l'animateur des quotidiennes de Star Académie. Il faut ajouter à ces copies de JP le fermier de la Beauce, Maxime Landry, 21 ans, qui porte le même nom que le journaliste vissé dans l'hélicoptère de TVA, et Rich Ly, 24 ans, un Montréalais d'origine chinoise à la chevelure électrique. Présents hier, les parents de Rich ne parlent ni français ni anglais, mais cantonais.

En fin d'émission, le public a sauvé l'énergique et charismatique Vanessa Duchel, 19 ans, de Prévost, malgré son extinction de voix. Et le jury a ensuite repêché Émilie Lévesque, 25 ans, de Saint-Malo, en Estrie.

Puis, les téléspectateurs ont voté pour William Deslauriers, 18 ans, de Plessisville, celui qui ne connaît aucune chanson en français, tandis que les trois juges ont choisi de faire entrer Maxime Proulx, 18 ans, de Plaisance, à l'école de Sainte-Adèle.

Quant au numéro bâti autour de Beau Dommage, il a été sage et convenu. Le groupe a enchaîné plusieurs succès, dont Tous les palmiers, Harmonie du soir à Châteauguay, Le picbois, Ginette et La complainte du phoque en Alaska, sans fausse note il est vrai, mais sans ce soupçon de magie qui vient nous chercher dans nos sofas.