Assez, c'est assez. Plus capable de cette controverse post-Bye Bye, qui a dégénéré et explosé en règlement de comptes de Quebecor envers Radio-Canada.

Pensez-vous que le brouhaha médiatique s'estompera avec les excuses publiques de Louis Morissette et Véronique Cloutier? Malheureusement, non. M'est avis que l'empire tirera d'autres roquettes sur la grande tour du boulevard René-Lévesque. Plus subtil que ça, tu accordes, huit jours après l'émission fatidique, ta page frontispice à la «honte» ressentie par René Angélil après le visionnement de ce Bye Bye 2008.

 

Dans sa charge virulente, l'impresario de Céline Dion a réclamé la tête de la patronne des programmes de Radio-Canada, Louise Lantagne, et a même traité «d'imbéciles» les créateurs de la revue de fin d'année. Du calme, s'il vous plaît.

Des rappels importants s'imposent ici. Qui dirigera la Star Académie de TVA, ce vaisseau amiral de la convergence de l'empire Quebecor? René Angélil. Qui produit et anime Star Académie? Julie Snyder, la conjointe de Pierre Karl Péladeau. Quel réseau présente «en primeur» toutes les émissions spéciales et tous les spectacles de la diva de Charlemagne? TVA.

Mettons que le jupon de René Angélil dépasse. De deux mètres. Ce n'est pas la première fois ni la dernière que des humoristes, comme Marc Labrèche à 3600 secondes d'extase ou les comiques de Saturday Night Live, passent Céline Dion à la moulinette. C'est peut-être le gag sur les longs cheveux de René-Charles qui a piqué au vif le mari de la star et déclenché sa fureur. Solution: ne pas exposer sa progéniture aux revues à potins. Plusieurs vedettes, dont Louis Morissette et Véronique Cloutier (quelle coïncidence!), refusent que leurs enfants tapissent les pages du 7 Jours ou de La Semaine. Cela leur évite bien des tourments.

Autre conseil pour René Angélil: respirer par le nez, seigneur! Inspirer, expirer. Voilà. Ça calme les nerfs, non?

Cela dit, les critiques ont été unanimes: ce Bye Bye 2008 a été grossier, peu rigolo et raté. C'est vrai. Véro et Louis ont clairement manqué de jugement en poussant des blagues sur Nathalie Simard. Encore vrai. Et le couple a royalement gaffé en passant outre aux avertissements de Radio-Canada, qui a grincé des dents en lisant les gags sur l'ex-vedette du Village de Nathalie.

«Il y a un coupable à trouver, je vais prendre la claque. Ce n'est pas la faute de Louise Lantagne ou de Véro. J'ai donné le go aux blagues qui ont choqué. Je les ai défendues et j'y croyais», a admis Louis Morissette hier, lors d'un point de presse qui a duré 20 minutes chrono.

Affichant d'habitude une confiance qui frise l'arrogance, Louis Morissette, vêtu d'une chemise noire, n'en menait pas large devant tout ce que Montréal compte de médias. Sa voix tremblotait et il peinait à prononcer une phrase complète sans trébucher. À ses côtés, Véronique Cloutier, qui portait du gris, parlait d'un ton ferme, voire cassant. La colère s'entendait dans sa voix.

Et derrière le couple, près de la porte de sortie, les auteurs du Bye Bye (François Avard, Jean-François Léger et Pierre Hébert) opinaient du bonnet. Seul Jean-François Mercier, retenu sur le plateau de Virginie, ne participait pas à ce grand mea culpa public.

Personne de ce groupe, pourtant réputé pour ses opinions tranchées, n'a répondu aux questions des journalistes hier. Autre erreur. Pourquoi ne pas avoir crevé l'abcès une fois pour toutes? Dans la petite salle bondée de l'hôtel Hyatt, l'escadron de relationnistes de Radio-Canada brillait par son absence. Ou se cachait-il?

Au micro, le couple Cloutier-Morissette, qui affirmait parler avec «son coeur et en toute honnêteté», a multiplié les excuses: à Nathalie Simard, à Denis Lévesque, à Radio-Canada et aux téléspectateurs outrés par la piètre qualité du Bye Bye. Et Louis Morissette, au bord des larmes, a pris tout le blâme pour les sketchs qui ont fait patate. «J'ai eu tort. Je ne l'ai pas fait de mauvaise foi ou pour régler des comptes. (...) Je m'en excuse. Je suis franchement désolé pour la direction de Radio-Canada», a plaidé le créateur de C.A.

Au sujet de Nathalie Simard, victime des agressions répétées de son père, Véronique Cloutier n'a heureusement pas tenté de se défiler. «Je n'aurais jamais osé faire un Bye Bye il y a quelques années, au pire de la crise, alors que Nathalie Simard réussissait enfin à sortir de son drame, à se libérer de son secret et à dénoncer son agresseur. (...) Dans le Bye Bye 2008, il n'était aucunement question de ça. Il était question de la surexposition de Nathalie Simard dans les médias artistiques. On pense que ce gag-là avait sa place, mais que nous, nous n'aurions pas dû le dire. Moi, je n'avais pas le droit de faire ça», a-t-elle reconnu.

Dans un moment surréaliste, dixit Véronique Cloutier, Louis Morissette a même dû déclarer: «Nous ne sommes pas racistes. Du tout, du tout, du tout.» Pas racistes, non. Mais drôles? Pas sûr.

Les nombreuses ruptures de ton dans ce Bye Bye ont été catastrophiques. Après un numéro quasi virginal où des acrobates du Cirque Éloize se contorsionnaient sur les «ouh-ouh» poussés par l'angélique Annie Villeneuve, paf! une blague bête et méchante. Mettons que la pilule passe plus difficilement. Ou pas du tout.