Le suspense a duré un gros quart d'heure hier soir. Même pas le temps de partir le café ou d'éclater le maïs au micro-ondes. À 20h15 (et sept secondes, pour être précis), Pierre Bruneau claironnait sur les ondes de TVA que le Parti libéral de Jean Charest formerait le prochain gouvernement du Québec.

Plus lent ou plus prudent? À 20h34 (et huit secondes), 19 minutes après TVA, Bernard Derome a éclairci sa belle voix de stentor pour débiter une dernière fois son célèbre : «Radio-Canada prévoit, si la tendance du vote se maintient, l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire». C'est à ce moment précis que le chef d'antenne de la SRC a bafouillé en rebaptisant le premier ministre libéral Champ Jarret (ou Chean Jarest, choisissez). Oups. Petit lapsus. Monsieur Élections, qui pilotait sa 21e soirée électorale, a rapidement corrigé le tir. Reste que pour son ultime tour de piste, après plus de 35 ans de loyaux services, on souhaite un scrutin sans anicroche à Bernard Derome. Ce dernier quittera Le Téléjournal le 18 décembre.

De retour à TVA, Pierre Bruneau a annoncé quatre secondes après son rival radio-canadien que les troupes de Jean Charest décrocheraient la majorité des sièges à l'Assemblée nationale. Donc, une quasi-égalité.

La palme de la célérité revient cependant à CTV, qui a élu les libéraux à 20 h 13 et confirmé leur majorité à 20h32. Pendant ce temps, sur les ondes de Global, c'était Prison Break. Ordinaire.

Autour de 21h, les péquistes et les adéquistes, avec respectivement 51 et neuf députés en avance, attaquaient dangereusement les libéraux et la question se posait : les grands réseaux, avec TVA en tête, ont-ils dégainé trop rapidement? Un jour ou l'autre, ces prédictions ultra-rapides leur éclateront au visage. Rigueur, rigueur, rigueur, comme dirait l'autre.

Palpitante et excitante cette élection à la télévision? Oui, finalement. À 21h39, les libéraux clignotaient à 63 sièges, contre 62 pour l'opposition formée du PQ de l'ADQ et de Québec solidaire. Imaginez maintenant si un seul député virait du rouge au bleu.

Plus la soirée avançait, plus la victoire des libéraux raccourcissait et plus les chefs d'antenne, autant à TVA qu'à la SRC, appuyaient sur les freins. Dans les locaux du PQ, ça hurlait, sifflait et applaudissait. Chez les libéraux, calme plat.

Côté graphiques, TVA a encore opté pour de gros chiffres sur fond bleu, alignés en bas d'écran. Visuellement, Radio-Canada a donné plus d'informations en disposant ses résultats à la verticale, à droite, tout en gardant sa bande défilante grise.

Autre surprise de la soirée : à 20h24, TVA et Radio-Canada ont dû rajouter une quatrième case à leurs infographies pour accueillir le solidaire Amir Khadir, élu dans Mercier.

À Radio-Canada, l'analyste Michel C. Auger, toujours pertinent, a manipulé des cartes électroniques très high-tech. Rien de comparable, toutefois, avec les hologrammes et les plans en trois dimensions utilisés par CNN le soir du 4 novembre.

Comme tous les midis sur RDI, Le Club des ex a été intelligent, percutant et divertissant. Bravo. Ces trois anciens politiciens ont injecté beaucoup de chaleur et de couleur à la soirée de Radio-Canada. Et Liza Frulla est une communicatrice hors pair. Chapeau.

Aux côtés de Pierre Bruneau et Claude Charron, TVA a rapatrié son tandem Jean-Marc Léger et Sophie Thibault pour décortiquer les grandes tendances du vote. Bonne idée. Commentaire superficiel, ici: la coupe de cheveux de Jean-Marc Léger était vraiment ratée. Tant qu'à y être, en voici un autre: les vêtements de Marie Grégoire juraient à la télé.

Radio-Canada a lancé sa soirée électorale à 19h30 et TVA a démarré la sienne à 19h58, après avoir repassé ses sempiternels «bloopers». En espérant maintenant que la proclamation du gouvernement libéral majoritaire n'aboutisse pas dans une de ces futures émissions de bourdes télévisuelles qu'anime Dominic Arpin.