Grosse vie, c'est moche. Très moche, même. Ça y est, c'est écrit. Et - ouf! - ça fait du bien de cracher le morceau après deux semaines d'intense rumination.

Ça m'attriste de pondre ces paragraphes assassins, car Normand Brathwaite est probablement la vedette la plus sympathique et la plus divertissante de tout le showbiz québécois. Mais quand on allume le téléviseur les jeudis soir pour suivre sa Grosse vie, on rigole peu, on éprouve plusieurs malaises et on se questionne: comment une sitcom aussi ordinaire a-t-elle pu aboutir sur les ondes de Radio-Canada?

 

Je craque pour Les Parent, et la présence électrique de Cathy Gauthier insuffle un dynamisme contagieux à Roxy. Mais Grosse vie? Bof. Même les rires de l'auditoire sonnent comme des rires en boîte. Aïe.

C'est dommage, car la SRC nous a récemment habitués à des comédies de qualité comme Rumeurs, Tout sur moi, Les hauts et les bas de Sophie Paquin et C.A. Grosse vie ne se classe malheureusement pas dans cette catégorie. Qu'est-ce qui cloche avec la série? Plusieurs trucs. D'abord, sa star. Normand Brathwaite a l'air triste, abattu et éteint comme une ampoule brûlée du Club des 100 watts. Jouerait-il trop bien la vedette écoeurée du jet-set et tannée de vivre dans l'oeil du public? Possible. Si c'est le cas, attribuez-lui tout de suite un Gémeaux. Affaire classée.

Autour de lui, les personnages secondaires rament dans le vide. Sophie Prégent, la femme de Normand - si bonne dans Rumeurs - se démène du mieux qu'elle peut avec un rôle, comment dire, aussi linéaire et plat que l'autoroute 20: on sait toujours d'où elle part et on devine à tout coup sa destination finale. Sérieusement, qui n'a pas vu débouler le punch de la vente-débarras?

Bien franchement, le rôle de la psychologue a été mal écrit. Après la délicieusement tordue Justine de Rumeurs (excellente Alexandrine Agostini), on attend plus de substance pour ce type de personnage à la télé. Hélas, la psy de Normand, quoique bien campée par Edith Cochrane, oscille entre le cliché banal et cliché ridicule. Passons.

La mère de Normand - Rita Lafontaine - arrache quelques rires. C'est la chipie attachante de cette famille reconstituée. Bémol, par contre, pour les scènes de sacoche répétées. Ça va, on a compris le manège. Quant à l'agent du comédien (Gilles Renaud), il est bien beige en comparaison de la savoureuse Loulou dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin.

Je n'ai absolument rien contre la télé légère et divertissante. Du moment qu'elle dégage un peu d'humour et d'intelligence. Je regarde encore avec bonheur les reprises de Catherine à TQS et j'ai dévoré celles de Moi et l'autre à ARTV. À mon avis, aucune des nouvelles sitcoms de la saison 2008-2009 n'a encore égalé l'esprit et la vivacité de Rumeurs, où les textes d'Isabelle Langlois brillaient comme des joyaux. Vite, qu'on la rapatrie au petit écran, celle-là!

Mince consolation: il y a pire que Grosse vie (voir Grande fille, plus loin. Petite vie, petite misère.)

Je lévite

Avec la quatrième saison d'Entourage. Vince tourne finalement Medellin. Le réalisateur Billy Walsh torture encore ses producteurs. Turtle et Drama se cramponnent toujours à la célébrité des autres. Eric s'embarque dans une relation semi-professionnelle avec Anna Faris. Et le détestable Ari Gold - mon préféré - continue d'abreuver ses proches d'insultes colorées.

Je l'évite

Grande fille à TQS. Au secours! Quand le public en studio ne rigole pas, c'est signe que ça ne va pas du tout. Gags prévisibles, décors en carton-pâte et textes vides, vraiment, la sitcom de TQS nous fait reculer 15 ans en arrière, du temps où sévissaient les imbuvables L'arche de Zoé et Santa Maria. Pas fort. On s'ennuie quasiment de Sainte-Madeleine PQ.