Sur le plan hockey, la perte d'Ilya Kovalchuk fait très mal aux Devils du New Jersey. On ne remplace pas un joueur capable de marquer facilement 30 buts en une saison, 40 sans trop se forcer, 50 s'il s'en donne vraiment la peine, comme on remplace Colby Armstrong. Mettons!

Mais il y a pire: parce qu'ils n'ont jamais vu venir le coup, Lou Lamoriello et ses hommes de confiance n'ont pu l'esquiver, ne serait-ce que partiellement, en courtisant un ou plusieurs joueurs autonomes de premier plan la semaine dernière. Des joueurs autonomes qui ne le sont plus aujourd'hui.

Pis encore, ce trou gigantesque dans l'attaque des Devils ne fera que souligner les conséquences de la perte de Zack Parise, lui que les Devils ont regardé mettre le cap sur le Minnesota, il y a tout juste un an, sans même tenter de le convaincre de rester au New Jersey en lui faisant miroiter des millions. Des millions que les Devils n'avaient pas l'été dernier. Des millions qu'ils auraient pu emprunter si seulement ils avaient su. Mais ils ne savaient pas, si j'en crois ce qu'un proche de l'organisation m'a glissé hier. Ils craignaient cette éventualité comme la fin du monde. Mais ils étaient loin de se douter qu'elle était si proche.

Comme un malheur ne vient jamais seul, les Devils seront privés de leur premier choix l'été prochain en guise de dernière mesure disciplinaire imposée par Gary Bettman pour l'embauche illégale du grand Russe, il y a quelques années. Une mesure disciplinaire qui a déjà coûté des choix de deuxième et troisième rondes aux Devils.

Parce qu'on ne frappe pas sur un ennemi déjà au tapis, peut-être Gary Bettman offrira-t-il une amnistie aux Devils, maintenant que Kovalchuk est parti.

On verra!

Si, sur le plan hockey, la perte de Kovalchuk risque de faire plonger les Devils profondément au classement, elle leur donne des ailes sur le plan financier.

Derrière leurs airs de parvenus, les Devils sont sans le sou. Ils sont techniquement en faillite.

Comment font-ils pour éviter d'être associés quotidiennement à un futur déménagement à Québec? C'est l'un des nombreux secrets que Lou Lamoriello partage avec le Diable en personne. Peut-être aussi avec Gary Bettman.

Déjà pas très attrayants sur le plan hockey, les Devils l'étaient encore moins sur le plan des affaires. Ils le sont plus ce matin. Beaucoup plus.

Car la «retraite» de Kovalchuk vaut de l'or.

Kovalchuk vient d'écouler la troisième année d'un contrat de 15 ans d'une valeur de 100 millions.

Si les Devils avaient voulu racheter ce contrat pour se défaire des conséquences néfastes d'une ponction annuelle de 6 666 670 $ sur leur masse salariale, ils auraient dû lui signer un chèque de 50 820 000 $, soit 66 % des 77 millions à verser d'ici 2025.

Rien que ça!

Parce que Kovalchuk décide de partir - et qu'il n'avait pas atteint 35 ans au moment de sa mise sous contrat -, ils n'ont qu'à lui dire merci. Le contrat disparaît. La ponction sur la masse salariale aussi.

Pas surprenant, dans ces circonstances, de voir que les Devils sont loin de s'être opposés à cette retraite. Une retraite qui n'a rien d'une retraite puisqu'elle constitue en fait un retour à la maison où le SKA de Saint-Pétersbourg et la KHL au grand complet attendent Kovalchuk à bras ouverts et avec des millions qui compenseront largement ceux qu'il abandonne au New Jersey.

Et si les Devils s'étaient opposés?

Kovalchuk aurait malgré tout pu prendre sa retraite et rentrer dans sa Russie natale pour y élever ses cinq enfants. C'est vrai! Mais il n'aurait pas eu le droit de jouer dans la KHL, ce qui l'aurait contraint à vraiment prendre sa retraite et donc à se passer de plus de 50 millions. Et les Devils auraient continué à tirer le diable par la queue sur le plan financier.

Kovalchuk parti, les millions écoulés permettront peut-être maintenant aux Devils de profiter d'une bouée à laquelle ils pourront se raccrocher sur le plan financier. Mais il leur en faudra une aussi sur le plan du hockey...