Alain Vigneault a finalement choisi les Rangers, dont il sera le prochain entraîneur-chef. La nouvelle sera confirmée jeudi lors d'un point de presse orchestré par les Blue Shirts.

Vigneault, 52 ans, congédié par les Canucks après sept saisons à Vancouver, a été préféré à Lindy Ruff et aux autres entraîneurs d'expérience disponibles autour de la Ligue nationale de hockey. Il a aussi été préféré à Mark Messier, qui aurait aimé troquer son poste de conseiller spécial au président Glen Sather - les deux hommes ont tissé des liens serrés d'amitié au fil de leur carrière amorcée à Edmonton lors de la glorieuse épopée des Oilers - pour celui d'entraîneur-chef.

Parce qu'il était le candidat le plus en vue pour le job, parce qu'il pouvait aussi se permettre un brin ou deux d'indépendance en raison des quelque 3 millions que les Canucks auraient dû lui verser lors des deux prochaines années s'il était demeuré au «chômage», Vigneault a présenté des demandes que les Rangers ont acceptées.

Si le salaire versé à Vigneault n'a pu être déterminé - du moins pas encore -, il est acquis qu'il a signé un contrat de longue durée. Un contrat qui, à défaut de lui assurer une sécurité d'emploi, lui procure une sécurité de salaire pour les trois, voire quatre prochaines années. Peut-être même davantage.

On le saura jeudi.

Grosse Pomme

Sollicité par les Stars de Dallas autant que par les Rangers de New York, Alain Vigneault a donc décidé de mordre à belles dents dans la Grosse Pomme.

Le contraire aurait été surprenant.

Non seulement New York gagne haut la main son duel avec Dallas sur la simple question de l'endroit où il fait le mieux vivre - surtout quand tu as les moyens de profiter des excentricités de la City -, mais sur le plan du hockey, les Stars ne font pas le poids non plus.

À Dallas, Vigneault aurait hérité d'une équipe en pleine reconstruction. Et encore! En effet, c'est bien beau de reconstruire, mais encore faut-il le faire sur des fondations solides. Ce qui est loin d'être acquis avec les Stars, qui auront besoin de bien plus qu'un coup de pinceau pour redevenir un club champion dans la LNH.

À New York? Vrai que les Rangers ont n'ont pas connu des performances à la hauteur des attentes cette année. Mais quelle était la part de responsabilité de l'entraîneur-chef John Tortorella, congédié après l'élimination de son équipe par les Bruins?

Quelle était celle des joueurs?

Des joueurs qui voudront profiter du changement de garde derrière le banc pour impressionner le nouvel entraîneur et repartir sur des bases nouvelles.

Noyé dans le tourbillon créé par la situation délicate des gardiens à Vancouver, Vigneault se sentira au paradis à New York, où Henrik Lundqvist est roi et maître, tout en profitant de l'appui indéfectible de Martin Biron à titre de parfait adjoint.

Devant Lundqvist, Vigneault dirigera une défense jeune et talentueuse qui ne demande qu'à passer à un niveau d'excellence supérieur.

À l'attaque, Rick Nash, Brad Richards, Derick Brassard et les autres jeunes patineurs des Rangers devraient être en mesure de marquer des buts maintenant qu'ils sont délivrés du joug de Tortorella.

Spectre de Tortorella

Si les joueurs des Rangers s'attendent à avoir la vie facile après John Tortorella, ils auront une vilaine surprise en septembre.

Moins théâtral que son prédécesseur, Alain Vigneault mène lui aussi ses équipes avec une main de fer qu'il ne camoufle pas dans un gant de velours.

«Je pourrai leur confirmer», a lancé en riant Martin Biron, que j'ai joint en après-midi hier à Buffalo, où il a retrouvé sa famille aussitôt les Rangers en vacances.

Après un séjour avec les Sabres de Buffalo, qui l'avaient repêché au cours de l'été 1995, Martin Biron a été retourné aux Harfangs de Beauport tout juste après que Vigneault a succédé à Joe Canale, congédié après un début de saison difficile.

«On avait un gros club. Un club de vétérans. Un club qui ne produisait pas. Vigneault a vite remis l'équipe sur la track en utilisant la main forte.»

Biron assure toutefois que Vigneault sera le bienvenu à New York, même s'il a un penchant pour la discipline.

«Je ne dirai jamais rien de négatif sur «Torts», qui a toujours été excellent pour moi. Plusieurs joueurs sont aussi dans ma situation. Mais ceux qui avaient la vie dure avec lui l'avaient pour vrai. Je n'imputerai jamais toute la responsabilité de nos insuccès à John. Car en bout de ligne, c'est nous qui étions sur la glace. Mais le changement permettra de repartir sur des bases nouvelles. Et ça, ce sera intéressant pour ceux qui n'étaient pas dans les bonnes grâces de John, comme pour les autres», a convenu Biron.

Le premier à bénéficier de ce changement derrière le banc sera Brad Richards. Plus haut salarié des Rangers et de la LNH l'an dernier - 12 millions, avec encore 36 millions à toucher lors des 7 prochaines années -, Richards a terminé les séries sur la galerie de presse, alors que Tortorella l'avait remplacé par un plombier plus agressif à l'ouvrage. Une décision qui a certainement contribué à son congédiement.

«John est comme ça: il n'a peur d'aucune décision s'il croit qu'elle peut aider la cause de l'équipe. Il a pris une décision que 98% des coachs dans la ligue n'auraient pas prise. Sans blâmer Torts, je peux t'assurer que Brad est encore un maudit bon joueur de hockey. Qu'il a encore beaucoup à donner. Qu'il peut non seulement être encore un leader au sein de notre équipe, mais une vedette dans la LNH.»

Alain Vigneault, mais aussi les Rangers et leurs partisans, sortiront gagnants si la prochaine saison donne raison à Biron.