Parce que Denver n'est pas Montréal, parce que l'attention accordée à l'Avalanche du Colorado et à son entraîneur n'a rien à voir avec celle consentie au Canadien et à son entraîneur-chef, je me disais qu'on échapperait aux folies qui se sont surmultipliées l'an dernier alors qu'on rêvait de voir Patrick Roy à la barre du Tricolore, au point de fabuler. D'halluciner.

Eh bien, non!

Les folies ont repris de plus belle.

Contrairement à l'an dernier, saint Patrick n'aura pas à chercher bien loin les responsables des surenchères de folies lancées sur les médias sociaux et colportées ensuite par des médias sérieux. Le responsable est dans son camp. Il est même dans son clan, puisque c'est son frère cadet qui a confirmé à mon collègue Adrian Dater, du Denver Post, qu'il était bel et bien le prochain entraîneur-chef de l'Avalanche. Que le dossier était réglé.

Comme source d'information, Stéphane Roy était certainement crédible. Et je comprends très bien le collègue Dater de s'être accroché à deux mains à cette source pour confirmer ce qui pourrait devenir une grande nouvelle d'ici quelques jours. Mais qui ne l'est pas encore.

Comme bien des sources étouffées par la pression une fois qu'elles réalisent l'envergure de la nouvelle dont elles sont responsables, Stéphane Roy s'est réfugié derrière un très lâche plaidoyer voulant qu'il ait été mal cité.

Il faut croire qu'il n'a pas le courage de son grand frère. Remarquez qu'il est certainement plus facile de tenter de faire passer un journaliste pour un menteur que d'avoir à affronter pour les 10 prochaines années - 10 minutes seraient déjà un châtiment difficile à encaisser - la face de boeuf, et le caractère qui va avec, de son grand frère lorsqu'il n'est pas content.

Discuter avant de négocier

Patrick Roy ne doit certainement pas être content de voir que les discussions amorcées au cours des derniers jours avec Joe Sakic et l'Avalanche quant à sa possible - voire probable - embauche à titre d'entraîneur-chef soient étalées à Denver, à Montréal et aux quatre coins de la Ligue nationale de hockey.

Mais ça ne change rien à la réalité. Une réalité toute simple, selon laquelle l'Avalanche s'intéresse à Patrick Roy et Patrick Roy est intéressé par l'aventure et le défi de se retrouver derrière le banc de son ancienne équipe.

Cette réalité est claire. Elle est même confirmée par des personnes dignes de foi, impliquées dans le dossier, et à qui j'ai parlé hier.

Ce qui est clair aussi, c'est que les discussions des derniers jours n'avaient pas encore été suivies de négociations proprement dites. Du moins pas en milieu d'après-midi, hier, à l'heure de la Floride - où Patrick Roy est censé jouer au golf en ce moment - et non à celle de Denver, où il pourrait aussi se trouver.

La nuance est importante.

Car avant de négocier, il est important de discuter. De poser des questions.

Et des questions, Patrick Roy en a des tas à poser. Des questions qui n'ont rien à voir avec le salaire qu'il touchera, avec le choix de ses adjoints, avec les responsabilités qu'il obtiendra ou avec le poids que la haute direction accordera à son opinion lorsque viendra le temps de prendre des décisions importantes quant à la direction que l'Avalanche suivra pour redevenir une des grandes organisations de la LNH. Ce que l'Avalanche n'est plus. Plus du tout.

Stratégie d'entreprise

Patrick Roy a acquis de l'expérience comme entraîneur avec les Remparts de Québec. Il en a acquis plus encore comme homme d'affaires avec ces mêmes Remparts, dont il est aussi le propriétaire, avec des partenaires qui sont de brillants visionnaires dans leur champ d'expertise.

Diriger une équipe de la LNH, c'est bien. Aboutir derrière le banc d'un club de la LNH avec un nom aussi prestigieux que celui de Patrick Roy, c'est encore mieux.

Mais si Patrick Roy se retrouve derrière le banc avec son nom et sa réputation comme seules munitions pour faire gagner l'équipe, il serait bien fou d'accepter l'invitation de son «chum» Joe Sakic. Peu importe le salaire qu'on lui offre à Denver. Peu importe qu'il obtienne le plein contrôle par rapport à toutes les décisions sur le plan hockey.

Ce qui importe d'abord et avant tout, c'est de connaître les intentions du propriétaire Stanley Kroenke et de son fils Josh, qui agit à titre de président et de gouverneur.

Quelle est leur stratégie d'entreprise? Veulent-ils dépenser des millions et rapprocher leur masse salariale du plafond, au lieu de la maintenir près du plancher? Veulent-ils jongler avec leur fortune personnelle pour mieux entourer les Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Paul Stastny et Pierre-Alexandre Parenteau et se retrouver à la tête d'une équipe gagnante? Ou simplement vivoter tout en perdant le moins d'argent possible?

Ces questions sont importantes. Elles sont essentielles. Et les réponses dicteront la suite des choses dans le dossier Patrick Roy-Avalanche du Colorado.

Selon mes informations, les prochains jours seront cruciaux. D'ici la fin de semaine, les discussions passeront en mode négociations ou elles s'estomperont, au grand désespoir des inventeurs de fausses nouvelles et des colporteurs de rumeurs sur les réseaux sociaux.

D'ici là, regardez les séries. Ça vaut la peine. Les équipes en présence, et je ne parle pas seulement des Sénateurs d'Ottawa, offrent du très beau hockey. Du hockey rapide, physique, serré, spectaculaire. Du hockey comme on l'aimerait plus souvent.