Il y a un peu plus d'un an, les rumeurs les plus folles ramenaient Patrick Roy dans le giron du Canadien. Un matin à titre de directeur général. Le lendemain à titre d'entraîneur-chef. Le surlendemain, «Casseau» héritait des deux rôles, en plus d'avoir sa place à la droite du propriétaire afin de lui dicter ses moindres désirs.

Malgré toutes les rumeurs, Patrick Roy était demeuré sagement au Colisée Pepsi, bien loin du Centre Bell, qu'il avait visité pour la dernière fois le 23 novembre 2008 lors de la cérémonie orchestrée pour immortaliser son célèbre chandail numéro 33. Une cérémonie qui lui avait permis de scander haut et fort: «Ce soir, je rentre chez nous», après un exil de 13 ans au cours duquel il s'était offert deux autres conquêtes de la Coupe Stanley.

Roy pourrait bientôt ressortir la phrase-choc de son discours du 23 novembre 2008.

Non! Il n'est pas sur le point de venir remplacer Marc Bergevin, Michel Therrien ou Geoff Molson chez le Canadien. Il ne s'en vient pas non plus en relève à Pierre Groulx pour ramener Carey Price sur le droit chemin.

Roy pourrait bientôt lancer: «Je reviens chez nous» dans son anglais bien à lui lors d'une cérémonie qui confirmerait son retour à Denver à titre d'entraîneur-chef de l'Avalanche du Colorado. Des Avalanches, comme saint Patrick a toujours appelé son ancien club.

Crédibilité recherchée

Patrick Roy, entraîneur de l'Avalanche. Ce n'est pas encore fait. Mais c'est très possible que ça se fasse. C'est même probable.

L'Avalanche n'est plus l'ombre de l'équipe dont Roy défendait le filet et les couleurs il n'y a pas si longtemps. Ça va mal sur la glace, dans les bureaux et surtout dans le coeur des amateurs, qui boudent le Pepsi Center.

L'embauche récente de Joe Sakic à titre de vice-président des opérations hockey s'inscrit comme un premier coup de barre visant à redorer l'image et la crédibilité de l'organisation sur le plan hockey. Greg Sherman est toujours le directeur général. Mais comme Sakic n'a jamais apprécié les projecteurs et les demandes d'entrevue qui viennent avec le job de manitou d'une équipe de hockey, Sherman pourrait remplir un rôle de secrétaire qui permettrait à Sakic de travailler à son aise sans avoir mon collègue Adrian Dater et les autres journalistes de Denver sur le dos. En ce sens, Sakic imiterait Pierre Lacroix, qui a toujours travaillé de cette façon.

L'embauche de Roy en relève à Joe Sacco serait le deuxième coup de barre.

Directement du junior

Vrai que Roy n'a pas d'expérience dans les rangs professionnels. Mais son expérience comme joueur, sa crédibilité, sa prestance dès qu'il mettra les pieds dans un vestiaire occupé par de jeunes joueurs de talent qui ont besoin d'être dirigés comme des juniors, ou à peu près, lui permettrait d'asseoir son autorité dès son arrivée.

Pour les stratégies, les X et les O, les unités spéciales et le reste, Roy a déjà un bagage intéressant comme joueur et entraîneur, et il pourra s'associer à des adjoints de qualité pour l'appuyer.

Le volet hockey n'est donc pas une préoccupation majeure, à mes yeux. En fait, il ne devrait pas représenter une préoccupation, point.

L'Avalanche y gagnerait sur le plan hockey autant que sur le plan de la mise en marché. En effet, si Sakic n'est pas du genre à se plier aux entrevues quotidiennes, Roy peut jouer du «kodak», du micro et du calepin de notes autant qu'il joue au golf.

En passant, c'est exactement ce que fait Patrick en ce moment. Quelque part en Floride, il frappe la petite balle blanche en s'assurant d'être mis au parfum de tout ce qui se dit et s'écrit sur lui.

Ce serait plus simple de répondre à son cellulaire ou à un simple courriel. Mais non. Par le biais de la gentille et ô combien efficace Nicole Bouchard - sans qui les Remparts de Québec et leur entraîneur-chef seraient bien diminués -, Roy fait dire qu'il joue du très bon golf.

Tant mieux pour lui.

Pourquoi donner de l'importance aux spéculations qui envoient Patrick derrière le banc de l'Avalanche, alors que j'ai balayé d'un revers de main les rumeurs folles qui l'amenaient à Montréal?

Parce que lorsque ces rumeurs concernaient le Canadien, Patrick et ses proches conseillers s'assuraient de les endiguer, à défaut de pouvoir les museler.

Depuis deux jours: rien. Pas même un «pas de commentaires». Silence radio. Et je veux bien que le golf soit un sport qui prend parfois un temps fou à jouer et que les cellulaires soient rarement permis sur les terrains - depuis quand Patrick Roy se «bâdre» de respecter les codes du golf? -, mais quand il fait noir, il faut jouer à autre chose...

Et Québec, dans tout ça? Pourquoi Roy irait «coacher» à Denver alors qu'il pourrait le faire lorsque Québec célébrera le retour de ses Nordiques?

Parce que Roy, aussi bagarreur et confiant soit-il, aimerait bien mieux diriger un club de la LNH dans un marché où il travaillerait en paix au lieu de voir ses moindres décisions stratégiques ou la couleur de ses habits quotidiennement remises en question.

Je vous dirais même que si Roy est lié un jour aux futurs Nordiques, les chances sont meilleures que ce soit à titre de propriétaire associé qu'à titre d'entraîneur-chef.

On verra!

La santé avant tout

Les séries éliminatoires, les succès des Sénateurs d'Ottawa, l'élimination du Canadien ont donné lieu à beaucoup de tiraillements amicaux au cours des dernières semaines. Des tiraillements qui nous font parfois perdre les paramètres plus essentiels de la vie.

L'ex-capitaine Hubert Grenier, qui profitait d'une douce retraite après 32 ans de services, et les membres de sa famille l'ont appris bien malgré eux. Ce printemps, au lieu de laisser la passion du hockey le transporter, M. Grenier redouble d'ardeur pour retrouver un sain équilibre après qu'un accident vasculaire cérébral eut fait basculer sa vie au cours des dernières semaines.

Les Grenier ne sont pas les seuls à traverser pareille épreuve. Et c'est en me remémorant le célèbre «Il n'y a pas que le hockey dans la vie» de Stéphane Richer que je leur souhaite de traverser du mieux qu'ils le peuvent ces épreuves dont ils se seraient tous bien passés. Courage et prompt rétablissement.