La poussière est retombée. La colère, beaucoup moins. La passion, pas du tout. Le but, le damné but, le but controversé de Mika Zibanejad qui a amorcé la chute en enfer du Canadien, mardi à Ottawa, a fait jaser toute la journée. Et il fera jaser encore longtemps.

Bon? Pas bon?

Ceux qui se rangent derrière la version officielle de la LNH ont raison de le faire. Car, selon les règles, ce but était bon. Et il le sera toujours.

Ça ne veut pas dire que ceux qui contestent la version officielle sont dans le noir complet. Ils sont dans une zone grise qui leur permet de hurler leur colère. Même si cette colère rend parfois aveugle.

S'il sera à jamais impossible de rallier tous les amateurs de hockey, analystes, commentateurs, anciens joueurs et arbitres sur une version unanime par rapport à ce but, il faudrait tous s'entendre sur une chose: réviser ce damné règlement 49,2, qui ouvre la porte à l'interprétation.

Pourquoi des personnes intelligentes, compétentes, ouvertes d'esprit et sans parti-pris n'arrivent pas, après avoir revu 100 fois plutôt qu'une le but controversé, à s'entendre sur le fait qu'il y ait eu ou non un mouvement volontaire pour pousser la rondelle dans le filet, comme l'interdit le règlement?

Parce qu'il est parfois difficile, voire presque impossible, de faire la différence entre un geste volontaire et un mouvement normal.

C'est exactement ce qui est arrivé mardi.

Le but a été accordé et je comprends très bien pourquoi cette décision a été prise. Il aurait été refusé que j'aurais tout autant compris.

Et c'est ça qui n'est pas normal. Si un règlement ouvre la porte à ce genre de décisions diamétralement opposées, c'est parce qu'il est mauvais. Et qu'il doit être modifié.

La LNH devrait faire son lit une fois pour toutes. Un but marqué à l'aide d'un patin, que ce soit avec la lame ou le bottillon, devrait être bon, peu importe la façon dont il est marqué. Ou devrait être refusé sans autre raison qu'il a été marqué avec le patin. Pas de zone grise, pas de tergiversations, pas de guerres de mots et de cascades d'injures envoyées à ceux qui pensent d'une façon par ceux qui pensent d'une autre façon.

Mais bon! Parce que cette solution semble si simple et si évidente, il serait surprenant qu'elle soit adoptée rapidement par une ligue qui trouve trop souvent le moyen de faire compliqué quand il serait si facile de faire simple...

Une rivalité qui perdurera

Au risque de tourner encore inutilement le fer dans la plaie des partisans du Canadien, ces derniers peuvent maintenant partager la «douleur» qui a meurtri les fans des Nordiques lorsque Kerry Fraser a annulé le but d'Alain Côté.

Mais plus encore, ce but de Zibanejad confirme la rivalité qui animera dorénavant les matchs opposant le Canadien aux Sénateurs. En saison régulière, et surtout en séries éliminatoires si les deux équipes se croisent de nouveau un jour. Après le coup sournois et dangereux d'Eric Gryba aux dépens de Lars Eller, les déclarations incendiaires et sans doute bien calculées de Paul MacLean, qui ont provoqué des réactions émotives de Michel Therrien, les mises en échec solides entre joueurs des deux équipes, un tir de Josh Gorges directement sur Kyle Turris, les unes tapageuses des tabloïds des deux villes et quelques échanges virils entre journalistes des deux camps, il est clair que les duels Montréal-Ottawa ne seront plus jamais de petits matchs sans importance entre voisins qui s'ignorent.

Et ça, c'est tant mieux.

Pas fort, mais pas encore fini

Le Canadien est dans les câbles. C'est un fait. Il a un genou au sol et manque un brin ou deux de force dans l'autre jambe pour se relever et retrouver son équilibre. Son capitaine est hors combat, plusieurs joueurs sont physiquement amochés, voire très amochés. Moralement, c'est pire encore. Car quand on y pense, le Tricolore se retrouve à une défaite des vacances, alors qu'il pourrait facilement être à un gain de la deuxième ronde des séries.

Et bien que les statistiques militent en faveur des Sénateurs - ils ont remporté les sept séries au cours desquelles ils ont profité d'une avance de 3-1 -, cette série n'est pas finie.

Pas question de changer ma prédiction initiale donnant les Sénateurs gagnants en six matchs, par sympathie pour le Canadien et ses partisans. Mais je demeure convaincu que devant Peter Budaj, si le gardien auxiliaire du Canadien doit venir en relève à Carey Price ce soir, les joueurs du Tricolore seront en mesure de prolonger la série. L'appui inconditionnel des fans les aidera. Et à un moment donné, le sort devrait favoriser l'équipe qui le mérite le plus. Et cette équipe, après quatre matchs, est le Canadien.

Michel Therrien mériterait lui aussi un gain de son équipe devant ses partisans. Même si c'était le dernier de l'année. En effet, en dépit de critiques liées au «retrait préventif» d'Alex Galchenyuk en troisième période, mardi à Ottawa, et à la présence douteuse sur la patinoire de quelques joueurs en fin de match, l'entraîneur-chef du Canadien a accompli du travail colossal en un peu plus d'une demi-saison. Du travail qui ne devrait pas être minimisé en raison d'une sortie trop hâtive en première ronde des séries. Michel Therrien fera tout ce qu'il peut pour éviter à son équipe l'affront d'une élimination à la maison. De fait, je suis convaincu qu'il croit encore sérieusement aux chances de son équipe de remonter la pente. Je suis toutefois loin d'être convaincu que ses joueurs affichent la même conviction. Pas parce qu'ils ont lancé la serviette. Mais plutôt parce que je crois qu'ils sont trop minés par les blessures pour y croire vraiment.

On verra!