«Carey Price est dans sa bulle. Il est là où nous voulons qu'il soit», assurait Michel Therrien après l'entraînement matinal, hier. Mais voilà, les matchs ne se gagnent jamais en matinée. Ils se gagnent en soirée. Et en soirée, la bulle à l'intérieur de laquelle Carey Price était confortablement installé a crevé. Et de la façon dont elle a crevé, il est clair qu'elle était bien plus faite de savon que de verre...

Price affichait pourtant une forme réconfortante en première période. Des arrêts solides, des déplacements vifs. Mais en troisième, sur les trois buts sans riposte qu'il a accordés, trois buts qui ont coupé les jambes du Canadien et étouffé l'enthousiasme de leurs partisans, Price doit plaider coupable.

Le fait qu'il ne soit pas venu rencontrer les journalistes après cette piteuse troisième indique d'ailleurs sans la moindre équivoque son niveau de culpabilité. Absent sur la patinoire, Price l'a été aussi dans le vestiaire, ouvrant toute grande la porte à mille et une spéculations et surtout aux discussions sur le bien-fondé de faire appel à Peter Budaj dès ce soir.

Carey Price a gaspillé le match. Un match que ses coéquipiers méritaient de gagner. Car dans bien des aspects du jeu, dans la plupart en fait, le Canadien a dominé. Mais comme l'a admis candidement Michel Therrien après la rencontre, Price a été moins bon qu'Anderson, qui a volé le Canadien pendant que Carey faisait des cadeaux aux Sénateurs. Et si Price n'est pas en mesure de rivaliser avec Anderson, les séries se prolongeront à l'autre bout de l'autoroute 417, ou de la 50 si vous tenez à passer par le Québec...

Si la bulle de Carey Price a crevé, la rivalité qu'on souhaitait voir s'installer entre les deux clubs s'est gonflée. Dangereusement. Une mise en échec sournoise d'Eric Gryba qui a envoyé Lars Eller à l'hôpital pour priver le Canadien de son meilleur joueur de centre depuis un mois, des solides coups d'épaule de P.K. Subban et Chris Neil, un tir de Bourque au visage du gardien Anderson, un but refusé au Tricolore, Guillaume Latendresse qui fait fi des huées pour inscrire le but d'assurance en fin de match, un cinq contre trois bousillé par le Canadien, le premier match promet une série endiablée.

Quoi penser du coup de Gryba? Qu'il était illégal parce que directement porté à la tête. Un coup sournois qui commence par une passe suicide servie de Diaz à Eller, c'est vrai. Mais un coup qui mérite une sanction supplémentaire, n'en déplaise à la direction des Sénateurs, qui tiendrait d'ailleurs un discours inverse si un de ses joueurs avait encaissé le coup au lieu de l'asséner.