Candidat au trophée Vézina pour les uns, gardien le plus surévalué de l'histoire du Canadien pour les autres, Carey Price joue sa saison cette semaine. Il jouera peut-être même son avenir à Montréal en séries éliminatoires dès la semaine prochaine.

L'avenir nous le dira.

Ce qui est clair, toutefois, c'est que Price n'a plus le choix. Rappelé au banc à deux reprises lors de ses quatre derniers départs - un affront qu'il aurait facilement pu subir une nouvelle fois samedi dernier contre les Capitals de Washington, n'eût été les conséquences qu'une telle décision aurait entraînées -, Price doit retrouver sa confiance au fil des trois derniers matchs du calendrier régulier.

Il doit aussi mousser la confiance de ses coéquipiers à son endroit. Des coéquipiers qui jurent, bien sûr, dur comme fer qu'ils croient en Carey, mais qui ont clairement levé le pied après des débuts de rencontres bousillées par la trop grande générosité de leur gardien pendant son passage à vide.

Et à défaut de faire taire à jamais ses détracteurs, Price doit aussi s'assurer de leur clouer le bec d'ici la fin de la saison et pour la durée des séries.

Price n'est pas l'unique responsable des récents insuccès du Canadien. Prétendre le contraire serait non seulement injuste, mais trahirait aussi une incompréhension totale du hockey.

Et en dépit de mauvaises et très mauvaises performances, le gardien ne s'est jamais défilé; il a affronté les questions difficiles des journalistes après les matchs. Il a aussi assumé sa part - importante, il est vrai - de responsabilités.

Mais en accordant 19 buts en 112 tirs au cours de ses 5 derniers matchs - efficacité de 83% -, Price s'est offert en cible aux critiques avec beaucoup plus d'efficacité qu'il s'est offert en cible aux rondelles tirées par ses adversaires.

Pas surprenant, alors, qu'après avoir ridiculisé Price en applaudissant des arrêts de routine, samedi, certains partisans juchés dans les balcons ont ressorti le nom de Jaroslav Halak des boules à mites.

D'autres ont même réclamé sur les médias sociaux la présence de Dustin Tokarski - dont ils ont tous saccagé l'orthographe du nom, ce qui témoigne de leur grande connaissance du gardien des Bulldogs de Hamilton - pour épauler Peter Budaj.

Car oui, aux yeux de certains, il est maintenant temps de remplacer Price par Budaj pour sauver la fin de saison et amorcer les séries sur une note positive.

Un chausson avec ça, peut-être...

Odeur de caoutchouc

N'en déplaise à ses détracteurs, Price doit disputer les trois prochains matchs. Peu importe l'allure de ces trois matchs. Idéalement, il faudrait qu'il soit solide au New Jersey, à Winnipeg et à Toronto. S'il gagnait ces trois parties et volait une victoire au passage, ce serait encore mieux. Mais Price a besoin d'abord et avant tout de trois solides performances.

Il doit commencer par une...

Pour l'aider à rebondir, Therrien a dirigé hier un entraînement au cours duquel Price a été lapidé de tirs au même rythme qu'il est lapidé de critiques depuis deux semaines.

Il sentait donc le caoutchouc brûlé à son retour au vestiaire. Peut-être même encore un peu à bord de l'avion lors de l'envolée vers le New Jersey.

Et c'est tant mieux.

Après l'entraînement didactique de dimanche, au cours duquel Price a fait le pied de grue devant son filet pendant que ses coéquipiers répétaient en boucle les exercices dictés par Therrien, il était temps que Price voie des rondelles. Beaucoup de rondelles- 300, 350, 400 - tirées de partout.

En effet, c'est en multipliant les arrêts et en espaçant les buts, qu'ils soient bons ou mauvais, lors d'un entraînement, qu'un gardien rebâtit sa confiance. Qu'il chasse les souvenirs des mauvais buts accordés qui le hantent. Qu'il prend les moyens pour éviter qu'ils reviennent le hanter.

Équipe prévisible

Sans être le président de son «fan-club», je classe sans hésiter Price dans l'élite des gardiens de la LNH.

À tous ceux, et ils sont nombreux, qui profitent des récents insuccès de Price et du Canadien pour dénoncer «l'admiration» réservée au gardien, j'aimerais poser la question suivante: si Price n'avait rien à voir dans les succès du Canadien quand le Canadien gagnait, pourquoi lui attribuer toute la responsabilité des défaites maintenant qu'il perd?

Price a sa part de responsabilités. C'est évident. Mais le fait que le Canadien et ses stratégies ne surprennent plus personne pèse aussi très lourd dans la balance.

Le Canadien n'est plus l'équipe cendrillon du début de saison. L'équipe qu'on affrontait sans trop se méfier et qui a su, tout en jouant très bien collectivement, profiter de toutes les largesses qu'on lui offrait.

Le Canadien est devenu une équipe intrigante. Une équipe qu'on a épiée pour comprendre ses stratégies, pour déterminer ses points forts afin de les neutraliser, pour déceler ses faiblesses afin d'en profiter.

Cette attention des adversaires et l'essoufflement de trop de joueurs expliquent pourquoi P.K. Subban peine à utiliser son redoutable tir frappé de la pointe depuis quelques rencontres; que les sorties de zone semblent si difficiles à orchestrer; que les défenseurs sont si souvent pris hors position autour de Price; que les adversaires peuvent balayer la neige qui couvre la patinoire avant de tirer tellement ils sont laissés longtemps sans surveillance dans la zone payante.

Des lacunes qui sont loin, très loin, d'aider la cause d'un gardien qui en arrache en ce moment.

Mais bien qu'il n'ait pas à porter à lui seul le poids des récents revers, Price doit faire honneur à son titre de numéro un, au contrat - 39 millions pour 6 ans - que Marc Bergevin lui a consenti et à sa réputation - la bonne et non la mauvaise -, en se raplombant devant son filet et en se dressant devant les tirs de ses adversaires, et non seulement devant les critiques de ses détracteurs.