À écouter tout ce qui se dit de mal sur les Penguins de Pittsburgh, Sidney Crosby ne serait plus le meilleur joueur de hockey du monde, Marc-André Fleury serait maintenant un gardien auxiliaire et Dan Bylsma aurait perdu son vestiaire. Un peu plus et on avancerait que la conquête de la Coupe Stanley remportée en 2009 n'est rien de plus qu'un accident de parcours.

Les Penguins s'amènent à Montréal écorchés par leur défaite de 4-1 encaissée jeudi en Caroline. Les Penguins tenteront de mettre fin à une séquence de deux revers de suite, leur troisième du genre cette saison.

Tout ça est vrai.

Malgré la blessure qui les prive d'Evgeni Malkin depuis une semaine et tous les critiques qu'ils traînent comme un boulet, les Penguins occupent le premier rang de la division Atlantique, le deuxième de l'Association de l'Est. Sidney Crosby est le meilleur passeur de la LNH (22 mentions d'aide) et il partage le premier rang des marqueurs (31 points) avec Steven Stamkos.

Marc-André Fleury? Je veux bien croire qu'il traîne encore les contrecoups de performances décevantes, voire désolantes, contre les Flyers de Philadelphie en séries le printemps dernier et contre le Canadien il y a quatre ans. Mais comment prétendre qu'il soit devenu un gardien ordinaire alors qu'il totalise une victoire de moins (10) que les meneurs Tuukka Rask et Carey Price (11), qui compte deux départs de plus que Fleury jusqu'ici cette saison?

Si on veut chercher des puces, on peut s'accrocher à la moyenne de 2,40 de Fleury. Une moyenne qui témoigne de lacunes défensives collectives chez les Penguins bien plus qu'une baisse de régime du gardien sorelois, dont la moyenne d'efficacité (91,2 %) demeure très solide.

Le fait que les Penguins aient perdu aux mains des Leafs, des Jets, des Islanders, des Hurricanes et des Panthers, qui ne sont pas nécessairement des puissances dans la LNH, contribue peut-être à minimiser leur deuxième place au classement dans l'Est. Le fait que Tomas Vokoun ait déjà disputé plus de matchs que les autres gardiens auxiliaires des Penguins au cours des dernières années explique peut-être les doléances, aussi injustifiées soient-elles, à l'endroit de Fleury.

Allez savoir!

Ces perceptions escamotent toutefois un problème plus important chez les Penguins: le départ de Jordan Staal.

Brandon Sutter, que les Penguins ont obtenu des Hurricanes de la Caroline - avec la huitième sélection du dernier repêchage, le défenseur Derrick Pouliot, et le prospect Brian Dumoulin - est un bon joueur de centre. Mais il n'est pas l'égal de Jordan Staal. Loin de là.

Avec Crosby et Malkin au sommet de leur forme pour pivoter leurs deux premiers trios, les Penguins peuvent se passer de Staal. Mais l'absence de Malkin crée un vide que Sutter ne peut combler aussi efficacement que Staal l'a fait au cours des dernières saisons lors des absences prolongées de Crosby et les plus rares de Malkin.

Ça semble évident. Et cela explique pourquoi les Penguins étaient dans la course pour obtenir Ryan O'Reilly. Pourquoi le directeur général Ray Shero est actif autour de la LNH afin de trouver du renfort.

Les Penguins qui sauteront sur la patinoire du Centre Bell, ce soir, sont peut-être plus vulnérables qu'ils ne l'ont été au cours des dernières années. Ils demeurent toutefois des candidats aussi logiques à la Coupe Stanley que les autres équipes de tête dans l'Association de l'Est.

Incluant le Canadien...

O'Reilly : pourquoi égaler?

Malgré le bras de fer qui l'opposait à son jeune attaquant, l'Avalanche du Colorado tenait à Ryan O'Reilly. Le jeune joueur de centre est bon et fougueux. On l'identifie comme un bon leader. D'où la décision d'égaler l'offre hostile de contrat soumise par les Flames de Calgary pour mettre la main sur le jeune centre. Cette décision se comprend. L'Avalanche étant encore loin de la Coupe Stanley, j'aurais toutefois misé sur les premier et troisième choix que les Flames auraient offerts en guise de compensation pour O'Reilly.

De un, le prochain repêchage sera l'un des très bons des 15 dernières années.

De deux, à cause de la structure du contrat de 10 millions sur deux ans, l'Avalanche devra offrir un minimum de 6,5 millions pour garder les droits sur O'Reilly à la fin 2013-2014 si les deux camps ne s'entendent pas sur un contrat à long terme d'ici là. O'Reilly est un bon joueur, mais il ne vaut pas 6,5 millions par saison.

L'offre hostile déposée par les Flames est loin d'avoir redoré l'image de cette organisation, qui en arrache depuis des années. Le collègue Chris Johnston a démontré que les Flames auraient perdu O'Reilly par l'entremise du ballottage auquel il aurait dû être soumis en raison des matchs disputés dans la KHL en janvier, après le règlement intervenu entre la LNH et ses joueurs en lock-out. Une telle perte aurait été catastrophique.

Une catastrophe qui aurait été suivie d'une autre l'été prochain alors que les Flames, qui termineront plus près de la cave du classement général que d'une place en séries, se seraient privés de ses choix de première et troisième rondes alors qu'ils ont déjà offert leur prochain choix de deuxième ronde au Canadien en retour de Michael Cammalleri.

Avec Jarome Iginla et Miikka Kiprusoff qui s'approchent de la retraite, il est très difficile de comprendre que les Flames étaient prêts à se passer de trois choix au prochain repêchage pour mettre la main sur un bon joueur de centre, mais un deuxième joueur de centre et non un premier autour de qui bâtir l'avenir du hockey à Calgary.

Kovi : c'est vraiment fini

C'était pas mal fini pour Alex Kovalev lorsqu'il a tourné le dos au Canadien il y a quatre ans. Ses deux années difficiles à Ottawa l'ont d'ailleurs prouvé.

C'était plus fini encore l'an dernier alors que Kovi s'est contenté d'un petit but et d'un rendement de -13 avec l'Atlant en banlieue de Moscou dans la KHL. De fait, c'était tellement fini pour Kovi qu'il s'est retrouvé dans une ligue de garage - figure de style - en Suisse l'automne dernier. Loin de la KHL. Très loin de la Ligue nationale.

Pourquoi diable les Panthers de la Floride ont-ils décidé de lui donner une chance en janvier dernier? Il faut croire que cette équipe qui patine dans le sable bien plus que dans l'argent avait quand même un million à gaspiller.

Car, avant même d'avoir atteint la mi-saison, les Panthers viennent de réaliser que Kovalev est un joueur fini. Que ses trois points récoltés lors de son premier match n'étaient qu'un mirage. Un mirage que sa récolte de deux points dans ses 13 autres rencontres a dissipé au point de le rayer de la formation, de lui indiquer la porte de sortie.

À moins que Kovi n'ait pas encore compris...